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photo mettey verte 

 

CURRICULUM VITAE

 

Un curriculum vitae -et je parle d'expérience, en ayant fourni d'abondance pour mes emplois!- me fait toujours penser à une rubrique nécrologique, énoncé glacé et dépouillé d'une vie. Ou alors parfois  à un argumentaire de bateleur, souhaitant se vendre comme s'il vendait du hareng. 

 Pour une première fois, n'ayant plus à argumenter pour un poste professionnel ou une élection, je vais tenter de suivre la trace, ô humblement, d'un Rousseau ou d'un Saint Augustin.

 

CURRICULUM VITAE - CONFESSIONS

 

Je suis né  en Août 1942  (ne me demandez pas mon signe : l'astrologie n'est qu'obscurantisme et superstition. On m'a répété pendant des années que j'étais Lion, alors je suis orgueilleux et généreux tout à la fois. On m'aurais dit que j'étais balance, je serais indécis; scorpion, méchant; poisson, sachant naviguer dans et contre le courant!)  à Oran, Algérie, d’un père militaire de l’Armée d’Afrique ( il a terminé la guerre adjudant-chef, chef de musique, croix de guerre, médaille militaire, médaille de Rhin et Danube) . Non, je ne suis pas pied-noir. Mais je détrompe rarement ceux qui le croient. Cependant il n'y a nulle tromperie: né "là-bas dit", j'ai écouté avec attention, émotion, empathie, tout ce que ce peuple, surtout ce petit peuple, issu de travailleurs venus de France, mais aussi d'Espagne, d'Italie, d'Alsace occupée à l'époque, a souffert : dépouillé, abandonné aux massacres, humiliés en rentrant en mère-patrie. Il y a des Français de souche et des Français de coeur, moi, je suis pied-noir de coeur.

    Puis j'ai suivi mon père en Allemagne occupée. de cette époque, un souvenir enfantin : la visite de Dresde avec ma mère. Ville martyre. Tout gosse, j'ai compris ce jour la loi du Karma.

    Vers mes huit ans, mon père est venu prendre sa retraite dans sa bourgade natale. Wassy, en Haute-Marne, dans cette région où l'on ne sait pas si l'on est champenois ou lorrain, car elle fut tour à tour vassale des comtes de Champagne et des ducs de Lorraine, dont ce monstre de Guise qui fut le responsable du massacre des protestants en cette ville en 1562, inaugurant les guerres de religion.

 

  Je partis faire mes études secondaires à l’Ecole militaire d’Autun (S&L). "Aux enfants de troupes"! Période très heureuse de ma vie. Quand je lis les ouvrages genre "Allons enfants" ou "l'année de l'éveil" où ces écoles sont assimilées à des bagnes d'enfants ou aux bataillons d'Afrique, je me demande si leurs auteurs ont vécu ou rêvé cette période de leur vie! Aussi vous ne pourrez lire de ma plume roman ou  nouvelle s'y rattachant.

    Reçu à l'Ecole du Service de Santé de la Marine de Bordeaux en 1961, j'y fis mes études à la Faculté de Médecine de Bordeaux. Si la confrontation avec ce que nous sommes vraiment m'apparut avec les premières études anatomiques sur cadavres -tellement desséchés et formolés qu'on croit travailler sur des mannequins de carton- et surtout les premières autopsies, c'est surtout la confrontation avec la souffrance, la misère morale et physiologique, la mort d'êtres innocents ou jeunes, qui me façonna. On en trouvera l'écho dans "Louis et Caroline" (roman) et la trace de mon désarroi et mes recherches dans "Molloch, le livre qui rend fou" (essai).

   Nanti de mon doctorat en médecine en 1967, je partis en médecin-lieutenant des troupes de Marine, assistant  des hôpitaux des armées à Dakar (coopération) en 1968-1969.   Une année de travail acharné mais année merveilleuse. Ma fille y naquit. Médecin-résident de l'Hôpital Principal, j'étais de garde toutes les nuits. Déboussolé par l'afflux de malades, mais surtout d'enfants en état grave (un 42° de température était une honnête moyenne!), je résolus d'aller dans la journée solliciter un poste d'interne en pédiatrie au CHU. C'est là que naquit ma passion pour la pédiatrie et ma hargne d'harceler sans lui donner de répis la grande faucheuse, surtout quand elle est gourmande de jeunes vies. Certes la camarde gagnera toujours in fine, mais avec nos efforts, médecins et tous personnels de santé,  nous-autres humains pourrions pour la plupart mourir dans notre lit, tenant la main de notre conjoint, à quatre-vingt quinze ans  (et les Belges à nonante-cinq).

      Une telle folie -vingt heures de présence par jour- mena à une conséquence logique : rapatriement sanitaire sur l'hôpital du Val de Grâce au bout d'un an! 

      On m'envoya me reposer comme médecin-capitaine des TDM à Fréjus en 1970-72. J'eus le temps de coucher sur le papier un roman "Louis et Caroline".

    Je revins à l’hôpital militaire du Val-de-grâce (Paris) en 1973, mais cette fois-ci comme assistant!

    Néanmoins, les autorités militaires ne semblant pas estimer mes compétences en pédiatrie (j'avais acquis la spécialité), je tirais ma révérence et quittais l’armée pour commencer une carrière hospitalière au CHU de Poitiers en 1974.

  Chef de clinique des universités, puis praticien hospitalier jusqu’en 1992, je résolus de reprendre mon éternel combat en réanimation infantile et néonatale -et de nouveau la souffrance injuste et la mort trop précoce-, et génétique médicale -l'injustice du destin qui frappe certaine familles et êtres par les erreurs de la génération me paraissait un bon combat de plus à ajouter à mon action-.

    Mais la vie en CHU (Centre hospitalier universitaire), si elle vous fait côtoyer tant de médecins admirables de dévouement, d'humanité et d'intelligence, vous confronte aussi à tant d'arrivistes, de grands patrons à petite morale, outres gonflées de vent méprisant le malade, qui n'est que chair à souffrir pour eux, tant de cabales, de complots, de jalousie! "La vie dans un CHU est une jungle où seuls les tigres survivent, et même eux, ils en bavent!" (le suicide récent d'un professeur de faculté de Paris-chef de service hospitalier à l'hôpital Pompidou n'étonna que ceux qui ne connaissent pas ce milieu). Je résolus alors de tirer ma révérence de nouveau et de concourir pour un poste de chef de service en hôpital non universitaire. César ne dit-il pas "mieux vaut être le premier en son village que le deuxième à Rome"?

 

 Enfin, Chef du service de pédiatrie et de néonatologie au CHI de Fréjus St Raphaël de 1992 à 2008, je pris ma retraite après quarante années de médecine hospitalière. Concomittament médecin d’un institut pour enfants handicapés, le problème de la nature réelle de la conscience, à travers mon expérience des comas, du handicap mental, et de quelques expériences vécues assez étonnantes concernant la conscience des nouveau-nés et la mort, m'ont conduit à élaborer

"Le champ de conscience. La conscience appartient à toute forme de vie", édité en 2018 par les éditions Frison-Roche sous le titre "Les énigmes de la conscience".

 

                                      RM 2005

 

 

C'est en larmes que j'ai quitté ce bureau mon dernier jour d'activité, mes adjoints, à qui je n'ai pu dire au-revoir, peuvent en témoigner.

 

 

 

Et sur ma famille? Quelles confessions?

Chut ! privé, intime.

Je vis toujours depuis cinquante-sept ans avec celle qui m'a ébloui un jour de mai 1967, et qui m'éblouit toujours.

Quant aux "trois enfants de mon sang" (sans compter les vingt-mille autres que j'ai aidé à vivre ou à mourir), s'ils veulent s'épancher, qu'ils ouvrent leur propre site!

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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