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Publié par René Mettey

Petit traité d'Écologie humaine

Philippe Saint Marc

 

Le titre de l'ouvrage est trompeur, ce "petit traité est en fait une vaste synthèse unissant et reliant l'écologie telle que comprise actuellement, c’est-à-dire environnementale, et  l'écologie spirituelle de l'homme. L'auteur  démontre à l'envie que l'une et l'autre interagissent, mais aussi que l'on ne pourra éviter la catastrophe humaine annoncée qu'en agissant de concert sur l'une et sur l'autre.

Avant de commencer la lecture d'une œuvre quelconque, et surtout s'il s'agit d'un essai, j'ai pour habitude d'étudier le curriculum et les actes de l'auteur, car tout un chacun peut exposer ce qu'il entend sans avoir la moindre habilitation à le faire.

Or il s'agit dans ce cas d'un personnage habilité : directeur de cabinet, conseiller,  maintes fois, de ministres en charge de l'aménagement du territoire, dont Olivier Guichard ;  il a conduit  la réhabilitation du littoral du Sud-Ouest, la création des parcs nationaux, et a dirigé 40 ans l'écomusée de Marquèze. Tous ceux qui ont pu visiter cet écomusée n'ont pu qu'être émerveillés par cette reconstitution physique et humaine de la vie sereine et industrieuses des Landais d'autrefois.

C'est cette vie sereine et saine que nous invite l'auteur à constituer pour nos successeurs, en agissant donc sur les composantes physiques et psychiques de la société d'aujourd'hui.

Et les tableaux que nous dresse l'auteur montrent l'ampleur et l'urgence de la tache !

Sur le plan matériel, il nous rappelle ce dont tout un chacun est convaincu : la "bétonisation", les constructions-empilements des cités, la destruction des milieux naturels, la pollution physique et sonore, l'agriculture chimique, détruisent notre santé physique et psychique.

Sur le plan spirituel, cette dégradation de notre environnement, qui font augmenter la violence et la détresse mentale, est amplifiée par l'attaque systématique et programmée par des  groupes de pouvoir de nos instituions sociales, familiales et religieuses. Et ces actions agissent en double effet, ce qui en augmente la force : détruire la famille induit la non-transmission des valeurs religieuses et morales, et détruire la religion fait perdre toute valeur éducative à la famille ! Comment alors s'étonner qu'un jeune Breton chrétien pratiquant issu d'une famille aimante et catholique se retrouve égorgeur islamiste en Syrie ?

L'intérêt de cet ouvrage, en dehors de son aspect encyclopédique et de sa démarche associant l'environnement physique et spirituel, est qu'il n'est pas un exposé d'une opinion, même autorisée,  mais une étude objective nourrie de données chiffrées, fondées sur des écrits scientifiques ou ministériels, souvent judicieusement utilisés : ainsi, pour montrer le rapport entre  déchristianisation, régression économique et mal-être mental, il utilise les taux de suicides de jeunes gens dans le monde et dans notre pays. Dans celui-ci, la Bretagne, ce pays de grande tradition catholique et régionaliste, aujourd'hui en pleine déchristianisation et décomposition familiale,  est en tête !

Parmi les acteurs politiques et les hauts fonctionnaires d'État, l'auteur sait relever les positifs, mais aussi  pointer du doigt les délétères, tant de l'ère gaullienne, pompidolienne et giscardienne –négatifs surtout sur le plan physique-, que des ères mittérandiennes et hollandiennes, -surtout sur le plans moral-. Certes la "gauche" semble bien peu épargnée, mais Madame Taubira pourra-t-elle s'exonérer d'avoir déclaré au journal La Croix en 2015 : "vouloir arracher les enfants au déterminisme de la religion et de la famille"? On en constate le résultat aujourd'hui.

L'auteur, à la suite de ce constat, propose un vaste plan conjuguant les actions à la fois sur les domaines sociaux, moraux, sur la redécouverte des valeurs, la conception de l'économie, de l'écologie environnementale,  car chaque secteur influe sur l'autre et en renforce le bénéfice par "effet domino".

Cet ouvrage est dense, imposant à première lecture, mais la rigueur du plan, la profondeur de l'étude, les données objectives nombreuses – qui lui donnent cet aspect dense mais lui fournissent sa valeur- le rendent indispensable à consulter par tous ceux qui sont préoccupés par l'état de notre société et ont le pouvoir d'agir : sociologues, hommes politiques, hauts fonctionnaires, journalistes et… "honnêtes hommes".

Éditions Frison-Roche. Paris. Septembre 2017. 654 p.

 

 

LE MIRACLE SPINOZA

FRÉDÉRIC LENOIR

 

                Il me faut me l'avouer, j'ai toujours eu une petite aversion contre les écrits de Frédéric Lenoir, dont ma famille, connaissant mon attrait pour toute spiritualité, ne cesse de m'abreuver en cadeaux ! L'aspect "bisounours", voire niais, de son style et de sa pensée m'irrite quelque peu. Comment se préoccuper de son bonheur personnel dans ce monde de brutes et de fureur dans lequel nous vivons !

           Un de mes fils vient de m'offrir, pour Noël, l'inévitable dernier ouvrage annuel de Frédéric Lenoir, cadeau inévitable maintenant qu'Olivier d'Ormesson ne nous gratifiera plus de sa petite guimauve philosophique  annuelle* !

             Eh bien cette prévention rend plus étonnante ma recommandation : ouvrage à offrir, ou se faire offrir, de toute urgence !

        On pourrait intituler cette biographie et analyse de l'oeuvre : "Spinoza pour les nuls", si cet ouvrage n'apportait rien aux agrégés de philosophie ! La correspondance entre l'auteur et Robert Misrahi, grand expert de Baruch devant l'Éternel (ou la Nature !), montre qu'il leur sera de quelque utilité. Contre Misrahi -peut-être trompé par son parti-pris personnel d'athéisme- Lenoir démontre à l'envie que Spinoza n'était en rien athée ! Je vous laisse le plaisir d'en lire la démonstration par vous-même !

              Frédéric Lenoir expose ainsi avec clarté, et patiemment, la génèse et la substance du corpus de ce philosophe majeur. À chacun ensuite de juger de la doctrine elle-même.

              Au passage (p.102 et suiv.), et il est le premier à le faire, Lenoir "règle son compte" à Rousseau et ses sottises ! "L'homme par nature est bon et seule la société le corrompt". Non, rectifie Baruch mis en valeur par Frédéric, l'homme n'est ni bon ni mauvais par nature, il est plutôt égoïste et personnel, recherchant sa survie et son bien, et c'est la vie en société qui lui fait prendre conscience que l'altruisme et l'entraide solidaire lui permettent de vivre mieux.

              Je le, et me, répète : ouvrage à acheter de toute nécessité, et par tous : étudiant en philosophie, voire agrégé, novice ou expert en philosophie, séminariste ou prêtre, ou... honnête homme, tout simplement.

               FAYARD 2017

         

                     LA VIE SECRÈTE DES ARBRES.                     

PETER WOHLLEBEN

   Ce nouvel engouement sur la vie végétale et son éventuelle accession au domaine de la conscience dépasse en ce jour le domaine des chercheurs académiques : en 2015, l'éditeur allemand Ludvig Verlag (München) publie "Das geheime Leben des Baüme. Was sie füllen, wie sir kommunizieren".  De l'aveu même de l'auteur, Peter Wohlleben, les ventes attendues ne dépassaient pas 1 000 exemplaires. En quelques mois, 800 000 furent écoulés pendant que 32 traductions étaient lancées…

   L'édition française "La vie secrète des arbres – ce qu'ils ressentent, comment ils communiquent"[1] - eut un succès identique, justifiant une édition supplémentaires illustrée…

  Cet ouvrage, certes s'appuie sur des publications académiques ("esprit géométrique"), telles que celles citées dans cet opus, mais traduit la vision intuitive et sensible ("esprit de finesse") d'un amoureux des arbres et des forêts, professionnel quand même –il est forestier depuis vingt ans. À relever que, ajoutant aux scientifiques, l'auteur reconnaît aux arbres un goût (op. cit. p.21), une audition (p.25). S'il lui-même reste au niveau de la description "empathique" de phénomènes physico-chimiques, même complexes, tout en évoquant parfois une éventuelle conscience ou intelligence[2], les comptes-rendus dans la presse très souvent franchirent avec enthousiasme ce pas[3], confirmant cette attente de la preuve d'une conscience étendue au monde végétal.

Un ouvrage agréable, à lire par les amoureux de la nature, et qui rejoint le chapitre

 sur la conscience du monde végétal de mon ouvrage "le champ de conscience" (à lire sur ce blog).

 

 

SAPIENS.

Yval Noah Harari.

Voici certes un lourd pavé (502 pages !), publié par Albin Michel, un peu pénible à ingurgiter, retraçant l'histoire de l'humanité,mais qui, en dehors de son ambition d'interprêter le sens de l'Histoire, reste indispensable à lire.

En effet l'auteur met en lumière trois faits habituellement passé sous silence, voire non vus ou compris par les historiens, anthropologues, philosophes !

La révolution cognitive, survenue au début de l'apparition de Sapiens, où celui-ci se met à analyser son esprit et par là-même le monde, d'où une suprématie sur toute autre espèce, humaine (Neandertal, Denisova, Flores), pré-humaine et leurs éventuels descendants, animale.
Cette révolution cognitive donne à Sapiens une capacité sociale et technique explosive. L'auteur n'en donne pas l'explication, mais en généticien une mutation me semble évidente.

La révolution agraire, avec la naissance de l'agriculture, qui va entraîner l'explosion démographique et ainsi la naissance de sociétés organisées. Et l'auteur met en évidence que cette révolution a été néfaste, mais hélas impossible à éviter. Néfaste car induisant la hiérarchie, l'oppression sociale,le travail forcé, la dégradation de la santé générale ! [et effectivement les restes de l'homme du paléolithique montrent qu'ils étaient plus grands, vivaient plus vieux et en bien meilleures santé que leurs successeurs]

Et enfin et surtout que l'Histoire n'a aucune conscience ni but, et que la plupart des évolutions et révolutions n'ont jamais apporté de conséquences heureuses pour l'Homme ! Et, pire, que la suprématie de Sapiens a été une augmentation de souffrance pour les autres espèces animales !

C'est sur cette constatation bien pessimiste que Yval Noah Harari nous enjoint de sauver Sapiens, dont l'avenir est bien compromis, même s'il va dans les étoiles, où des civilisations plus évoluées peut-être hostiles nous attendent.

 

 

LES ÉNIGMES DE LA CONSCIENCE

René METTEY

Cet ouvrage synthétise quarante années de réflexion de l'auteur, confronté durant tout ce temps au mystère de la conscience, dans ses activités neurochirurgicales, chirurgicales, pédiatriques (réanimation néonatale et infantile, neurologie infantile et du handicap), psychologiques.

Cherchant une définition valide et valable de celle-ci, il n'en trouve aucune, sauf cette constatattion : la définition de la conscience est axiomatique, elle ne se définit pas, elle s'éprouve.

Ne pouvant déterminer qui possède la conscience en dehors de soi, l'auteur en isole les effets : communication, intelligence, pensée réflexive, empathie, altruisme, senibilité artistique et métaphysique, et part à la recherche de ces effets dans le monde vivant.

Or, que ce soit dans l'homme dans ses différents âges jusqu'au foetus, dans ses différents états, rèves ou coma, dans ses différents ancêtres jusqu'à lm'australopithèque, dans son entourage animal jququ'aux plus primitif, et même dans le règne végétal et aux limites du vuvant, l'auteur retrouve ces caractéritiques de la conscience ! Oui, le chimpanzé a des rites "religieux" ! les arbres sont altruistes !

La conscience appartient à toute forme de vie !

L'auteur en est amené à postuler qu'à côté du champ électromagnétique, du champ gravitationnel, du champ de Higgs, existe un quatrième champ : le champ de conscience : tout système organisé qui se meut dans ce champ acquiert la conscience comme tout corps qui se meut dans les autres champs acquiert électromagnétisme, poids et  masse. Une nouvelle physique est à inventer.

Devenir conscient (!) que toute forme de vie héberge comme chacun de nous et tout autant que nous, certes à des degrés divers, la conscience, nous oblige à refonder notre comportement vis à vis des autres êtres vivants : nouveau-né, foetus, comateux, handicapé, mammifères, mollusque et poissons, voire plus bas encore dans l'évolution, et même monde végétal ! Une nouvelle éthique est à inventer !

 

Éditions Frison-Roche, Paris, juillet 2018.


[1] Édition Les Arènes, Paris, 2017

[2] Op. cit. p.96-97 : Les arbres ont un équivalent de nerfs, de cerveau, avec échanges de courants électriques. « En déduire que les racines sont le siège d'une intelligence, d'une aptitude à se souvenir et ressentir des émotions, est vivement critiqué par une majorité d'universitaires [donc pas de tous ! NDR]. Ils contestent le rapprochement avec des animaux. […] Et alors, serait-ce si terrible ? ».

[3] «Un forestier allemand prête aux arbres des caractéristiques humaines ». Anne-Marie Genthlalon, Le Parisien magazine, 24 février 2017.

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