L'ESSENCE DU CHRISTIANISME - et du judaïsme-
René Mettey
L'ESSENCE DU CHRISTIANISME
et du judaïsme
Sommaire.
L'ESSENCE DU CHRISTIANISME
Le péché originel : l'Homme est un tueur.
La Trinité
Unitarisme
Jésus fils de Dieu.
Marie, vierge et mère.
Paradis, enfer, purgatoire : des états de l'esprit.
Le paradis.
Les limbes.
Le purgatoire.
L'enfer.
La grâce, la prédestination.
Les actes, la foi : un faux problème.
La résurrection.
Les miracles.
Les miracles de Jésus.
Les miracles dans l'histoire chrétienne.
Les miracles individuels
Lourdes.
Fatima
Pie XII et le même miracle.
Les apparitions mariales.
Apparitions et interventions célestes "civiles".
Les Stigmates.
L'inédie.
Les conservations du corps.
Conclusion.
L'ESSENCE DU JUDAÏSME
La doxa officielle.
Les faits.
POSTFACE
COMMENT ET POURQUOI J'AI ÉCRIT CE LIVRE
COMMENT.
La physique contemporaine.
Les expériences de mort clinique.
L'effet placebo.
Le champ de conscience.
POURQUOI.
BIBLIOGRAPHIE.
Du même auteur :
Louis et Caroline, La Pensée universelle, Paris 1972. Roman.
Mon enfant est différent, Frison-Roche, Paris, 1996. Manuel pour professionnels et familles d'enfants handicapés.
Le cheval O'Kroa O'Kandana, Bloggingbookseditions, 2014. Contes fantastiques.
(édition papier ou e-book)
Les énigmes de la conscience, Éditions Frison-Roche, Paris, juillet 2018. Essai.
Moloch, le dieu mauvais. www.rene-mettey.fr Essai
En collaboration :
L'obstétrique actuelle, Jacques Peter Éditions P.S.R. 1991 (parties périnatalogie, néonatologie, génétique).
Métabolisme phosphocalcique et osseux de l'enfant, 1e édition, Michèle Garabédian et al. Médecine Sciences, 1993. (Le magnésium chez l'enfant).
L'ESSENCE DU CHRISTIANISME
Dieu n’est pas l’origine de l’univers, Il en est le but.
On est enfermé dans la prison du soi, prisonnier de soi, limité à son unique personne; on est seul, des langes au linceul, et pour l’éternité. Le for intérieur est un fort intérieur.
Le christianisme est la seule proposition qui résolve tous les problèmes : fusion avec Dieu et sauvegarde de sa personnalité.
Le bouddhisme, l’hindouisme, permettent de s'échapper de cette prison, d'échapper à cette malédiction, mais pour se fondre dans le Tout, appelé nirvâna ou brahman, qu'importe, c’est à dire perdre son soi, son histoire, ses ressentis et expériences, en somme disparaître et les rendre nuls et non-avenus, non vécus !
Dans le christianisme, le sauvé entre en paradis avec la "vision béatifique de Dieu", fusion de cet esprit insufflé en Adam qui retourne à son origine, et entre en même temps dans la "communion des saints". Certes fusion avec les autres élus, mais en gardant sa personnalité passée, car l’Église admet et recommande de s’adresser à chaque saint individuellement.
De même, à la question-piège des saducéens « lequel des sept maris la sept fois veuve sera l'épouse », Jésus répond « lorsque l'on ressuscite des morts, on n'épouse plus, on n'est plus épousée, on est comme des anges dans les cieux ». Donc plus de notion de sexe, mais le genre persiste, car la personnalité persiste.
Dans le christianisme, le sauvé est à la fois SOI, TOUS et TOUT !
Alors partons à la rencontre de nos dogmes et croyances, mais animés par la foi nouvelle fondée sur la connaissance d'aujourd'hui.
Mes amis protestants, dont j'ai rejoint les rangs du courant libéral depuis des années, moi qui ai envisagé dans ma jeunesse me présenter à la prêtrise, me pardonneront de revisiter surtout les conceptions catholiques romaines ou orthodoxes, mais "qui peut justifier le plus peut justifier le moins"…
Le péché originel : l'Homme est un tueur.
Commençons par l' origine : ce péché partie intégrante de notre nature.
Malgré les abominations permanentes que l’instinct sexuel a causées[1], le péché originel ne peut être le premier acte sexuel, car Dieu a enjoint au couple des origines "de croître et se multiplier "!
Le péché originel est cet instinct de tueur qui anime, a animé, animera toujours l’homme, parce qu'il est homme, parce qu'il est devenu homme en devenant tueur.
Sur les plans historique et évolutionniste[2], on peut relever que l’accélération évolutive d'Homo est apparue quand les homininés, de doux végétariens qu’ils étaient, ont commencé à tuer des animaux pour s’en nourrir, et de là à tuer leurs semblables. Arthur C. Clarke, dans son roman "2001 Odyssée de l'espace" et mieux encore Stanley Kübrick dans son film éponyme l'illustrent : dès qu'un homininé (australopithèque ? Homo antecessor, erectus ?) découvre que l'on peut tuer un animal avec un outil, il s'en sert pour tuer son semblable ! Les découvertes archéologiques les plus anciennes révèlent d’emblée tueries, conquêtes, assassinats. Le plus ancien village identifié, fortifié d'ailleurs, a révélé de nombreuses pointes de flèches sur son pourtour. Ötzi est mort criblé de flèches il y a 5 000 ans, et ses armes comportaient la trace de quatre sangs humains différents !
L'ancêtre proto-humain ne devient homme qu'en tuant. En se nourrissant de protéines animales et de sang, son cerveau devint plus efficace[3], son dynamisme s'accéléra, ses muscles se renforcèrent. Il naît entaché de cet instinct.
Même l’enfant l’exprime : William Golding l’illustre dans "Sa majesté des mouches" où des enfants isolés sur une île en arrivent à tuer par jeu et pour le contrôle du groupe. Les enfants-soldats tueurs d'Afrique de l'Ouest et de DAESH le confirment.
Plus on la découvre, et autant qu'on la remonte, toute l’histoire de l’humanité n’est que tueries, de masse, individuelles, par goût du lucre, de puissance, appel sexuel, appât du gain, susceptibilité, ou même simple plaisir à tuer !
C'est une interrogation permanente : la lignée humaine a eu de nombreuses espèces dans une évolution buissonnante. Dans mon ouvrage "Les énigmes de la conscience"[4] je montre qu'elles avaient toutes un haut niveau d'intelligence et de conscience. Si une de ces espèces, homme de Neandertal, de Florès, de Denisova, avait survécu, comment l'aurions-nous traitée dans les temps modernes ?
La réponse est dans la façon dont les occidentaux ont traité les Amérindiens du Sud, quand il a fallu toute une controverse à Valladolid pour décider s'ils avaient ou non une âme ! Et s'il fut conclu qu'ils en avaient bien une, comme les Noirs, qui eux-mêmes avaient été soumis à la question, cela n'empêcha pas ces Européens de les soumettre en esclavage tout autant que ces derniers, et de les considérer tous comme des animaux !
L'esclavage, où l'on dénie toute valeur à la vie d'un autre, en lui ôtant toute joie de vivre et perspective d'avenir, est tout autant ancré dans l'âme négro-africaine (les grands empires africains vivaient des razzias chez leurs voisins qu'ils vendaient aux européens; tout pygmée avait son maître bantou) et dans celle peuples arabes. Seules les civilisations asiatiques semblent avoir été étrangères à cette conception, même si le bas peuple n'était pas traité moins durement...
Alors tout laisse à croire que les hommes de notre espèce auraient réduit ces autres espèces à l'esclavage, ou les auraient exterminées. Des gouvernements sud-américains laissent en sous-main des garimpeiros exterminer des amérindiens, et le gouvernement indonésien laisse des exploitants faire de même avec les Papous qui occupent de vastes forêts à défricher pour planter des palmiers à huile.
« On ne peut contempler sans terreur l'étendue du mal que l'homme peut faire et subir » Simone Weil.[5]
L’homme est un être tueur par nature.
Par nature ? Mais alors, d’où lui vient ce remord constant de ne pas faire le bien ? Cette béatitude quand il se laisse aller à un acte de compassion ? Cette Laetitia spinozienne ?
Le pire meurtrier a des éclairs de compassion, comme l’a sublimement illustré Victor Hugo[6].
Un jeune garçon en camp de concentration, affamé, condamné à être tué pour avoir volé de la nourriture, voit le jeune SS chargé de cette besogne le mener derrière un baraquement et le laisser fuir en disant « je ne tue pas les enfants ».
Elizabeth Kübler-Ross rapporte ce que lui a raconté une jeune femme rescapée du camp de la mort de Maïdanek[7]. Les occupantes d'un baraquement sont emmenées à la chambre à gaz. Mais elle ne peut y être introduite car la salle est pleine et qu'il faut que la porte soit étanche, sous peine d'intoxiquer les SS et kapos. L'un d'entre eux la reconduit au baraquement. Le lendemain, après qu'un nouveau contingent est arrivé, les occupantes sont à nouveau emmenées, mais les kapos, la reconnaissant, lui disent de rester là, car « elle est déjà enregistrée comme décédée ». Et cela se reproduira, le temps que l'Armée Rouge délivre le camp.
Hélie de Saint Marc, déporté à Buchenwald, se rend vite compte qu'à travailler intensivement, sous les coups des gardes, en étant sous-nourri, il allait mourir vite. Il réussit à trouver une cache dans le tunnel qu'il doit creuser avec ses compagnons et s'y tient pour ne pas s'épuiser à travailler. Découvert par un kapo pour un bout de son manteau qui dépassait, ce dernier, redouté pour sa brutalité, surpris par sa découverte, au lieu de le battre ou le tuer, éclate de rire et le laissera se cacher sans travailler les jours suivants ! Dans "Notre histoire",[8] il rapporte le geste de cet officier SS qui, « en dehors de son service, une fois enlevées ses bottes et sa casquette à tête de mort, en charentaises », distribua du pain aux déportés faméliques… « comme si, son travail fini, il redevenait un homme ordinaire ».
Roman Polanski[9], avec bien d'autres, ont rapporté, des actes de compassion tout aussi inattendus.
L'homme est bien, par sa nature (divine ?[10]) porté à l'altruisme, comme l'a montré Spinoza, et comme les sciences modernes de l'éthologie l'ont confirmé[11], mais, par son origine, il est un tueur.
La grande notion chrétienne du péché originel est celle de la nature criminelle de l’homme, car le proto-humain devient Homo à partir du meurtre.
[1] cf. "Moloch, le Dieu mauvais, le livre qui rend fou", sur le site www.rene-mettey.fr
[2] Le pape Jean-Paul II, conforté à l'époque par le cardinal Ratzinger, futur Benoît XVI, admit sans ambiguïté l'hypothèse évolutionniste devant l'académie des sciences pontificales le 24 octobre 1996 (Documentation catholique, 17 novembre 1996).
[3] Son cerveau s'accroît et devient plus efficace : la conscience s'accroît de même et l'homme accède à la conscience morale : il connaît alors le bien et le mal.
[4] Éditions Frison-Roche, Paris, juillet 2018.
[5] "La pesanteur et la grâce". Plon 1988.
[6] Dans son poème "Sultan Mourad" [La légende des siècles], le sultan tyrannique fils de Bazajet, criminel hors pair, dévastateur de toute l'antiquité, étrangleur de ses huit frères, noyeur des vingt femmes de son père, pousse du pied un porc égorgé agonisant au soleil pour lui permette de mourir à l’ombre. Mourant le soir même d'une fièvre, Jéhovah lui-même l'accueille au paradis : « tu viens d’avoir, monstre, un éclair de pitié […] Un seul instant d’amour rouvre l’Éden fermé / Un pourceau secouru pèse un monde opprimé » !
[7] Mémoires de vie, mémoires d'éternité. .Jean-Claude Lattès, 1998
[8] Les Arènes, 2002
[9] Cf. le film "Le pianiste" où un officier allemand le protège et le nourrit, après l'avoir découvert caché dans des combles.
[10] Natura, sive Deus ?
[11] Un animal ne peut, sans répugnance, causer du mal à un autre de la même espèce. C'est une des conditions de la survie des espèces.
La Trinité.
La Trinité est la notion la plus complexe à comprendre, et à admettre, de la théologie chrétienne. Et moi-même je la rejette si comprise au premier degré.
Car si comprise comme trois entités différentes, comme d’ailleurs le conçoivent les Mormons, on en revient au polythéisme. Cela n’a rien de honteux, à condition de l’affirmer comme tel !
Car si comprise comme trois aspects d’une même entité, le Père dans son aspect de créateur[1], le Fils comme incarnation du Père, le Saint Esprit comme l’entité spirituelle qui inspire l'humanité, alors pourquoi s’arrêter à trois aspects ? Pourquoi ne pas inclure d’autres personnes pour les attributs de Justice, de Pardon, de mort et de résurrection etc. "Dieu a tant aimé le Monde qu'il lui a donné son fils unique". Alors à ce Père-Créateur ne faudrait-il pas adjoindre le Père-Amour ?
Spinoza définit Dieu comme un être infini en tous ses attributs[2]. Tous ! Pourquoi se limiter à trois ?
Les hindouistes ont leur propre trinité, Brahma qui crée, Vishnou qui maintient, Shiva qui détruit, mais y ont adjoint Krishna l’incarné, dont la naissance et la vie reproduisent à merveille la vie du Christ[3], Ram le compatissant, Kali la mère, Ganesh le sage, et tant d’autres...
Et, si on admet sola scriptura, mais toute l’écriture, et au premier degré, il faut admettre une quadrinité ! En effet, lors du baptême du Christ, Dieu le père parle et envoie son esprit " comme une colombe". Quand le Christ commence son ascension il promet d’envoyer "son esprit" à ses disciples. Son esprit qui descendra sous forme de langues de feu surplombant la tête de ses disciples. Cette même langue de feu figurée sur la tête des Bouddhas birmans...
Et il y a bien deux Esprits Saints, car le Christ n’a pas dit : « je vous enverrai l’Esprit de mon père », ni « notre Esprit »...
D’ailleurs les Mormons ont franchi le pas en déclarant que les trois personnes de la Trinité sont distinctes. Mais ils s’affirment quand même monothéistes... sans s’avancer à justifier cette incohérence autrement que par "trois personnes unies dans leur objectif" [lequel ? NDR].
Les témoins de Jéhovah ne sont pas trinitaires, sans que l’on puisse les juger unitariens. Ils font du Saint Esprit l’inspiration du Père. Leurs fondateurs firent du Christ un être créé par le Père, envoyé par lui, qu’il a ressuscité, et récemment ils en font l’incarnation de l’archange Michaël ! Vraiment la nature du Christ est loin encore d'être résolue.
On le constate, cette trinité unitaire ne cesse de poser des problèmes, car cette définition "d'un seul Dieu en trois personnes" semble bien être ce qu'elle paraît : une belle construction intellectuelle de la pensée grecque…[4]
Alors, comment comprendre cette Trinité ?
Une belle conception l’illustre : le Père embrasse le Fils, et l’Esprit est ce baiser.
Ainsi tous sont Un, et distincts.
Le chef d’œuvre d’Andrei Roublev figure la Trinité sous la forme de trois anges : le Saint Esprit présente le Fils au Père. (Fig. 1)
Et déjà dans la Bible hébraïque Dieu se présente à Abraham sous la forme de trois hommes[5] – en fait des anges, id est des "envoyés" de Dieu , la Thora ne distinguant pas le Seigneur de ses envoyés –, comme le prouve cette éternelle controverse de traduction et d’interprétation : contre qui s’est battu Jacob ? un homme, Dieu, ou l’ange de Dieu[6] ?
Unitarisme
Cette difficulté à admettre la notion de Trinité, si on n’en saisit pas l’essence, a nourri l’unitarisme. Dès que l’on accepte que Jésus de Nazareth, ou le Nazir, ou le nazaréen[7] est homme, naturellement homme, il redevient Yeshoua bar Iosef bar Myriam – Jésus fils de Joseph et de Marie (araméen) – et le problème de la Trinité disparaît.
L’avantage de cette conception est que l’unitarisme devient le lien avec le judaïsme dans sa frange "Juifs pour Jésus" qui admet que Jésus fut le messie mais en n'acceptant pas qu’il fut Dieu.
Cette apothéose était d’autant plus facile à décréter pour les chrétiens des premiers siècles que déifier un homme illustre était chose commune alors ! Les empereurs romains étaient divinisés, et c’est pourquoi les premiers chrétiens refusaient de les honorer. Il subsiste à Vienne (Isère) un très beau temple "d’Auguste et de Livie", élevé du vivant d'Auguste, et dédié en complément à Livie, son épouse, lorsqu'elle fut elle aussi divinisée en 42… Marc-Aurèle, empereur et philosophe stoïcien, subit l'apothéose dès sa mort en 180.
Les premiers penseurs chrétiens étaient de philosophie grecque, et les Grecs antiques divinisaient à tour de bras ... Asclépios, simple médecin mortel qui donna naissance à la dynastie des Asclépiades, médecins exerçant à Cos, dont Hippocrate, devint vite le dieu Esculape. Le serment d'Hippocrate débute par « je jure par Apollon-médecin, Esculape, […] et tous les dieux…»
L’Église catholique semble en reprendre l’habitude avec ses canonisations récentes en rafale : Paul VI, Jean XXIII, Jean-Paul II, Mère Teresa n’ont pas attendu des siècles avant cette consécration.
Il existe des Églises qui prennent cette dénomination d’unitariennes, mais ceci uniquement aux États-Unis car ailleurs le courant unitarien est resté intégré au sein des Églises, réformées surtout, et non seulement au sein du protestantisme libéral. Quand les confessions réformées et luthériennes se sont unies il y a peu en France, elles établirent un projet de profession de foi commune qui fut refusé dans un premier temps par les réformés car il était trop explicitement trinitaire, « pour ne pas froisser les fidèles de tendance unitarienne en leurs rangs »... On compta dans ces rangs de brillantes personnalités : Albert Schweitzer, la lignée des pasteurs Monod, le pasteur Wagner[8].
L’ennui avec cette conception unitarienne est qu’elle peut entraîner vers une sortie graduelle du christianisme...[9] Une des plus importantes Églises unitariennes des USA a ajouté à sa dénomination "universaliste" pour supprimer "unitarienne" par la suite. Elle admet dorénavant en son sein des bouddhistes, des musulmans, des agnostiques et des athées !
[1] Comme Ptah, dieu égyptien des artisans et architectes, conçu peu à peu comme créateur, repris par la franc-maçonnerie spiritualiste sous le nom de "Grand Architecte de l’univers".
[2] « J'entends par Dieu un être absolument infini, c'est-à-dire une substance constituée par une infinité d'attributs ». L'éthique. Spinoza précise "une infinité d'attributs", et pas "ses attributs", ce qui permettrait de les limiter, et en tout cas pas "ses trois attributs".
[3] Visitant un temple hindouiste à l’Ile Maurice avec la fillette du brahmane pour guide, celle-ci nous déclara devant la statue de Krishna : « c’est notre Christ, né aussi d’une femme spontanément, et avatar – incarnation – de Vishnou ».
[4] Sophisme contemporain : "la Trinité, ce n'est pas 1+1+1 = 1, c'est illogique, mais 1x1x1 = 1" ! On appréciera. Reste à définir ce que signifie + et x dans cette équation.
[5] Genèse 18,1-33; dans ce passage, les différentes traductions utilisent "trois hommes", "trois anges", et ceux-ci parlent tantôt au pluriel, quand ils s'adressent à Abraham, tantôt au singulier, lorsqu' "ils" pensent. L'image d'un seul Dieu en trois personnes est bien précise, dès la Bible hébraïque...
[6] Bible de l'école biblique de Jérusalem, Genèse 32, 23-31 : "La lutte avec Dieu". "Et quelqu'un lutta avec lui jusqu'au lever de l'aurore. Édouard Dhorme, Genèse 32,25-33 "un homme", mais en 29 "car tu as combattu avec Élohim" (curieux pour un écrit "yahviste" !). La Bible du rabbinat français, Zadoc Kahn, Genèse (Vayichla'h) 32,25-33; "un homme lutta avec lui"… mais en 31 : "parce que j'ai vu un être divin face à face". Moines de Maredsous : 24 "quelqu'un lutta…", 25 "cet homme le toucha à la hanche", 27 "ton nom sera Israël, car tu as lutté avec Dieu".
[7] Un nazir, ou nazôréen, était un enfant consacré à Dieu par ses parents dès sa naissance. Jésus est appelé "le nazaréen" tout au long du Coran.
[8] Il faut noter que les Églises et associations unitariennes annexent de manière abusive ces personnalités, qui sont pour la plupart restées au sein de leur confession, comme c'est le choix encore aujourd’hui des protestants (de même que des catholiques d’après certaines confidences) de conception unitarienne.
[9] Comme la "théologie de la mort de Dieu" des pasteurs Boenhaufer, Paul Tillich et de l’évêque anglican Robinson a conduit plus d’un théologien à... l’athéisme, comme William Hamilton et Thomas Altizer, deux de ses fondateurs !
Jésus fils de Dieu.
L’essence du christianisme est alors bien de transcender cette existence de Jésus en une transformation d’un homme en Dieu, non pas en un dieu, mais "en Dieu" compris comme "à l’intérieur de Dieu", et donc devenant identique à Dieu.
Jésus s’est désigné "fils de Dieu" (qu’il interpellait "Abba" c’est à dire "Papa") et plus souvent "fils d’homme", "ou "fils de l'homme" suivant les traducteurs, expression ésotérique de signification obscure, mais que rien n’empêche de prendre au premier degré.
De même que les Hébreux, puis à leur suite les Israélites et les Juifs, ont ressenti au mieux l’appel du Dieu unique (id est "ont été choisis par Dieu", "ont constitué le peuple élu"), Yeshoua bar Yehosef bar Myriam[1], issu de ce peuple, fils d’homme, a ressenti au plus haut cet appel de Dieu, et surtout l’a appliqué de façon absolue. Il a accepté de mourir après flagellation, humiliation – couvert de crachats et couronné d'un épineux par la soldatesque –, marche au supplice portant le patibulum et chutant sur la face, crucifixion. Il est l’homme qui a exprimé au mieux l’amour inconditionnel de Dieu : « Père, pardonne-leur, car ils ne savent pas ce qu’ils font », bien mieux que nous, fils d’homme appelés aussi à être fils de Dieu, mais Lui l’a accompli, vrai homme il est devenu vrai dieu. Il nous a montré la voie, à tous : "Christ pantocrator" des orthodoxes, il attire nos âmes : "Christ psychopompe ".
Alors ces discussions sur sa nature deviennent secondaires et anecdotiques si on perçoit l’essence du christianisme.
Marie, vierge et mère.
Il est difficile de ne pas voir la grande figure de Marie, "theotocos" (théotocos : "qui donne naissance à Dieu", ou plutôt, pour moi néonatologiste, "qui accouche de Dieu"[2]), déesse elle-même pour les catholiques qui la déclarèrent corédemptrice de l’humanité avec le Christ[3] – rétablissant de facto, volens nolens, le polythéisme – comme l’incarnation ultime et sublime des éternelles figures de la grande déesse-mère.
Marie est en fait la mère éternelle, la "materia prima", la matérialité initiale apparue en premier à la création, que les ésotéristes ont représenté sous la forme d’une vierge noire, cette vierge noire que l’on retrouve dans quantités d’églises, et qui posent tant de problèmes à tant de clercs...
Marie est à la fois vierge et mère car infécondée et source de tout. Infécondée par la Matière, mais fécondée par l’Esprit.
En priant Marie, le catholique – romain ou orthodoxe – prie le souvenir de cette jeune fille Myriam devenue mater dolorosa pour toute l’humanité pour tous les temps. Toutes les femmes[4] se retrouvent en elle, tous les hommes se reposent sur le sein de leur mère.
Quand je suis en peine, qui prié-je ?[5] Le Père ? Il va certes me considérer avec bienveillance – comme le fils prodigue –, mais va me susurrer « sois fort, supporte, tu es un homme, le sommet de ma création !». Le Fils ? « souffre comme j'ai souffert, à cause de toi, et en rachat de tes péchés et de tous les autres » ! Le Saint-Esprit ? « analyse ce qui te fait souffrir et vois comment le supporter »! Mais Marie est la seule qui me réconforte sur son sein comme ma mère le faisait.
Marie est la nature féminine de Dieu, cette nature féminine que les Hébreux et Israélites ont fait disparaître en oubliant Ashera, la parèdre de YHWH.[6] Pourtant, « Dieu créa l'homme à son image, à l'image de Dieu il le créa; homme et femme il les créa ».[7]
Il est triste pour les protestants, à la suite du triste Calvin, d’avoir occulté la figure de Marie, et j’ai entendu certains d'entre eux, en fait certaines d’entre elles, le reprocher à leurs clercs avec une certaine véhémence.
À la sortie d’un culte de Noël où aucune allusion n’avait été faite à Marie, une paroissienne avait interpellé le pasteur : « et alors, Jésus est né par génération spontanée ? Est-ce un rien que de porter un enfant et d’accoucher ? On voit que vous êtes un homme pour l’ignorer ! »
Au temple de l’Oratoire, pourtant haut lieu du protestantisme libéral, où actuellement les deux pasteurs titulaires sont des femmes, on a osé avec crainte et tout étonné de son courage faire retentir la musique –non accompagnée des paroles– de l’Ave Maria à un culte de Noël...
Et cette Marie, l'invocation à son esprit doit agir de manière fortement inspirante quand on constate, et entend avec ravissement, les multiples Ave Maria que lui ont écrit et dédié tous ces compositeurs dont beaucoup n'étaient pas catholiques, voire même étaient non-croyants ! L'un d'entre eux, Caccini, [8]se contente de ne faire répéter à la cantatrice que "Ave Maria", sans plus, pendant trois minutes, et sans pourtant jamais lasser l'auditeur. [9]
Jacques Duquesne[10] relève : « Voici le paradoxe, brûlant : ce nom presqu'absent des Évangiles, à peine mentionné dans le Credo […], a été donné à des dizaines de millions de petites baptisées, voire à de jeunes garçons. Il a aussi été conféré à de multiples églises, chapelles et autres lieux de culte, et même à des villes et des villages ». Il continue, lyrique, « bien plus, cette quasi-inconnue a été représentée de toutes les manières et sans elle l'histoire de l'art serait tout autre. Car cette femme, ignorée des auteurs de son temps [..] a été –est toujours– priée par des millions d'hommes et de femmes. Des milliers de miracles lui sont attribués. Aucune personne au monde n'a inspiré autant d'hymnes, de cantiques, de poèmes, de récits ».
Et en effet y eut-il dans l'Histoire une autre femme qui causa une telle dévotion affective ?
Dolores Ibarruri, la "passionaria" des communistes espagnols, figure de la guerre d'Espagne, a-t-elle provoqué de telles créations par des artistes marxistes? A-t-elle été la source d'un culte des catholiques, car elle mourut revenue à la foi catholique de son enfance, morte en quasi-mystique et ayant reçu la communion et les derniers sacrements ? Élisabeth 1ère, la véritable fondatrice de l'anglicanisme, fait-elle l'objet d'un culte d'hyperdulie ? Quid de la mère de Muhammad, de celle de Siddhârta Gautama dit le Bouddha[11] ?
Seule Myriam bar Joachim[12] a été élevée à ce point dans toute l'histoire du monde.
Seule, elle a pu être représentée sous toutes les apparences et identifiée à toutes les femmes. (Fig.2)
Et le problème de la virginité physique ? Après des siècles de discussions stériles et de précisions parfois scabreuses, l'Église, dans sa sagesse, a sommé les évêques au concile de Vatican II de mettre fin à leurs débats. Si les réformés admettent pour la plupart la conception virginale du Christ, l'ensemble du monde protestant se désintéresse du sujet, et beaucoup traduisent bien, dans les Évangiles, "adelphos" par son véritable sens, direct, strict et restreint,"les frères" de Jésus, ces frères ayant pu être les enfants du premier mariage de Joseph.
[1] Jésus, en hébreu Yeshoua ou Yeshoshoua, est communément nommé bar Iosef ou Yéhosef par les auteurs. "Bar", forme araméenne, et non "Ben" hébreu. Pilate nomme le pendant de Jésus "bar Abbas" ("fils du père", ce qui a permis à des auteurs des développements peu orthodoxes). Les hommes n'étant pas dénommés par rapport à leur mère, c'est par jeu que j'ajoute bar Myriam.
[2]La tocographie enregistre le déroulement de la parturition, la tocolyse est une médication qui arrête le travail, l'eutocie et la dystocie se rapportent à l'accouchement, facile ou difficile.
[3] Le concile Vatican II lui a retiré cette appellation.
[4] Swami Ramdas, le mystique hindou, interpelait "ami" tout homme, et "mère" toute femme, stériles et fillettes y compris, car toute femme est source de vie, qu'elle donne cette vie et l'amour maternel matériellement ou pas. (Carnets de pèlerinage. Albin Michel).
[5] Sachant que pour moi prier est se mettre en relation avec la transcendance, en acte de fusion et en attente d'inspiration, ou de communion, ou rendre grâce; mais on peut envisager prier comme une demander (une consolation ou un conseil entre autres) ou un dialogue ('"priez pour nous à l'heure de notre mort"…)
[6] Des kabbalistes suggèrent que le tétragramme sacré, יהוה,yod hè waw hè, est constitué de ' yod et ! waw, symboles phalliques, et ה hè, symbole féminin, et que donc ce tétragramme signifie "homme-femme, père-mère". Ainsi la double nature paternelle ET maternelle de Dieu est suggérée, ou affirmée.
[7] Genèse 1, 28.
[8] Caccini ne serait peut-être pas l'auteur de cet Ave, mais le compositeur contemporain Vladimir Vavilov, qui aurait composé un pastiche ! Ainsi, même une plaisanterie devient sublime lorsqu'elle concerne Marie !
[9] "Madeleine", une jeune candidate de l'émission télévisuelle "Prodiges 3", en 2016, qui avait choisi cette interprétation, déclarait :« il faut le chanter avec cœur sinon à la troisième répétition le public se lasse ». Mais le public ne se lasse jamais !
[10] "Marie". Plon, 2004. p.11 sq.
[11] Et pourtant elle aussi conçut en songe par la visite d'un dieu sous la forme d'un éléphant blanc, d'après une tradition bouddhique…
[12] "Dieu m'a élevé"
Paradis, enfer, purgatoire : des états de l'esprit.
Ces notions sont aussi difficiles à appréhender que la trinité ! Et celles qui donnent le plus prétexte à moqueries ou à doutes dans la théologie chrétienne.
J’espère, sans trop me faire d’illusions, que plus aucun clerc ne les envisage comme des lieux ! Que des moqueurs feignent de les concevoir ainsi, passe encore. Que le Grand-Maître de l’Ordre rose-croix A.M.O.R.C.[1] français, homme sensé et respectable, que j’ai entendu dans une conférence, fasse mine de croire que les Églises chrétiennes en soient restées là, est confondant.
Au temps où tout un chacun – sauf les penseurs grecs – croyait la Terre plate, on localisait en toute simplicité et logique le paradis "aux cieux", et les enfers "aux enfers", dans ces lieux souterrains des puissances chthoniennes si inquiétantes. De ce sol sortent la lave des volcans, les eaux chaudes, de là partent les secousses qui renversent les constructions humaines.
Mais aujourd’hui ? Le centre de la Terre pour les enfers, passe encore, mais le paradis ? Où sont les esprits ? autour de notre planète ?
Et quand Pie XII, malencontreusement, proclama que la Vierge est montée aux Cieux dans son corps organique qui n’était qu’en dormition (pour éviter de dire qu’il fut lui aussi ressuscité, chose réservée à Jésus), il évita de lui assigner une résidence ! En orbite autour de la Terre ? autour du centre de notre galaxie ?
Et ce corps du Seigneur, certes subtil et "de gloire" traversant les murs ou s’élevant au ciel, mais aussi pouvant être touché et pouvant mâcher et déglutir ?
Il faut, en ces temps où les notions d’espace et de temps ainsi que la matière acceptent des sens totalement renouvelés, réviser ces notions et les redéfinir.
On est en droit de décréter et penser qu’à la fin du fonctionnement de notre organisme quand il n’est plus le siège de réactions biochimiques et électriques, celles-ci témoignant d’une activité cérébrale et donc de la conscience et de la mémoire, définissant une personnalité, la conscience disparaît inexorablement et définitivement. La personne n’est et ne sera plus. Mieux, n’ayant aucune conscience d’être ni d’avoir été, elle n’a jamais été ![2]
Les Églises catholiques (catholique pris dans son sens d’universel, recouvrant catholiques romains, orthodoxes, orientaux, pré-calédoniens) et les protestants, ont fait le choix de prétendre le contraire : la personne survit, dans sa conscience et sa personnalité[3].
Choix arbitraire? Non prouvé ni prouvable ? Choix pour répondre à l’angoisse universelle de mort ?
Arbitraire ? Même si tous les grands courants civilisationnels spirituels, hindouisme, bouddhisme, chamanisme, et même shintoïsme (les kamis) ont fait le même choix ? Les Amérindiens après leur mort ne continuent-ils pas à galoper dans les plaines des chasses éternelles du Grand Manitou ?
À peine apparu, Homo sapiens conçoit l’au-delà comme une continuation de sa vie : sur les peintures de Lascaux un petit personnage est étendu. On le croit mourant, blessé à la chasse. Mais il est représenté en érection: il rêve[4] ! Il fait l'expérience d'un monde spirituel hors de la matière et du temps. Comme les Amérindiens, il anticipe "le pays des chasses éternelles". Dès l’aube de l’humanité l’homme a conçu la continuation de la vie dans l’au-delà !
Et bien avant Sapiens, Neandertal et Erectus enterraient leurs proches avec fleurs et dévotion, leurs enfants avec leurs jouets, et, à tout hasard, les recouvraient de grosses pierres pour qu’ils ne reviennent pas !
Cette option de survie est une intuition fondamentale de l’esprit humain. Encore une fois et tant qu’il le faudra, souvenons-nous du « car nous sentons et expérimentons que nous sommes éternels » spinozien.
Et de plus en nos jours[5], faut-il balayer d’un revers de main méprisant les innombrables témoignages de mort clinique ? Et accuser de mythomanie les innombrables patients, dont des professionnels de médecine ou neurochirurgie, qui ont assisté, de l’extérieur, à la propre intervention qu'ils subissent ?[6]
Et ne faut-il pas tenir compte des chercheurs en neurosciences et des neurologues qui ne se sentent plus en mesure de soutenir que la pensée et la conscience soient produites par le système nerveux ni s'y localisent ?[7]
Faisons l’hypothèse que la conscience survit à l’arrêt du fonctionnement cérébral, comme chez ces opérés à l’EEG plat, à tout arrêt du métabolisme, comme ces mêmes patients mis en hibernation profonde, et qui pourtant assistent à leur intervention et entendent les chirurgiens commenter leurs actes, ou même qui sortent de la salle d’opération et vont au-devant de leurs proches en attente anxieuse au-dehors.
Oui, faisons l’hypothèse que la personnalité, id est conscience et mémoire, survit.
Le système nerveux n'étant plus en activité, il ne concentre plus la conscience de l'individu "ici et maintenant" mais restitue cette personnalité au champ de conscience général.
Cet esprit[8], quelle forme a-t-il ? se déplace-t-il ? pour aller où ?
Non ! il entre dans un état, ou il revient plutôt, dans son état éternel (retrouvons encore Spinoza: « car nous sentons et expérimentons que nous sommes éternels ») c. à d. en dehors du temps d’ici et maintenant, ce temps dont la Science actuelle, relativité et mécanique quantique pour une fois d’accord, a fait litière de la réalité absolue.
Cette conscience se rend compte alors de son appartenance au grand champ de conscience que j’ai décrit dans mon ouvrage, ce champ qui donne conscience à tout ce qui existe, et qui est la conscience universelle[9].
Accédant à la connaissance, elle se juge. Elle se juge et n’est pas jugée, comme le montrent les innombrables expériences de mort clinique : tous les témoignages l'affirment : l'entité, ou la lumière, dans laquelle certains identifient le Christ, ou "Dieu", ou "un être supérieur", ne les met jamais en accusation.
Dieu ne juge pas, s’interdit de juger car il est responsable de la création et qu’il est animé d’un amour inconditionnel de celle-ci, comme le déclarent si bien, si haut et si fort, les protestants, et même, semble-t-il aujourd'hui, les catholiques.[10]
Mis en face de sa vie, l’être peut se ressentir en différents états.
[1] Antiquus mysticus ordo rosae crucis. Ancien et mystique ordre rose-croix.
[2] Cf. l'ouvrage "Les énigmes de la conscience", op. cit. p.242"l'existence de l'Univers et la conscience"
[3] De rares courants protestants ou issus de la réforme, les Témoins de Jéhovah, les Adventistes et quelques courants évangéliques, choisissent l'option inverse : le décédé attend dans l'inconscience la résurrection.
[4] "Les énigmes de la conscience" Op cit p.76
[5]Depuis toujours en fait, ceci est développé dans mon ouvrage « Les énigmes de la conscience », op cit p.147 sq. "le coma, l'anesthésie" et 206 sq. "les expériences de mort clinique".
[6] Op cit p.147" Jil Taylor, la professionnelle auto-expérimentatrice" et 149 "le cas Pamella Reynolds".
[7] L'ouvrage cité examine de manière exhaustive les rapports de la conscience avec les structures nerveuses et le métabolisme de ce système : il n’en trouve aucun !
[8] Conscience et esprit sont synonymes ou liés pour la plupart des auteurs. Cf. op cit p.29
[9] Op cit p. 179-188 "Le champ de conscience".
[10] Vide infra , "Les limbes".
Le paradis.
S’il constate la concordance parfaite de sa propre vie et du plan divin (plan devant être conçu non pas seulement comme directive mais comme niveau) il entre dans ce que l’Église illustre sous le nom de la "vision béatifique de Dieu". Il n'entre pas au Paradis, il est en Paradis, id est en état paradisiaque. Le lieu est ubiquitaire; mieux, dégagé de la matière qui seule définit une localisation, il n'y a plus de "lieux", comme avant le Big Bang il n'y avait ni espace ni temps.
Et cette union à Dieu est telle que la personnalité nouvelle, si elle entre en cet état paradisiaque, hérite d’une partie de la puissance divine, rendant compte de "miracles" que peuvent lui attribuer ceux qui lui rendent hommage.
Il s’agit de ceux que l’Église catholique ou orthodoxe appelle "saints". Et cette force de leur évocation constitue la "communion des Saints".
Y entrent aussi, et instantanément, les martyrs d’hier et d’aujourd’hui. Ainsi Sainte Blandine avant hier, les missionnaires martyrs du Japon hier, et le colonel Beltrame aujourd’hui, nonobstant son appartenance à une loge maçonnique – cependant spiritualiste – sont entrés dans cet état sans attendre.
Toujours dans cet état paradisiaque se trouvent ceux que les Églises appellent
"bienheureux", en attente de preuves plus fortes de leur sainteté.
Mais toutes les communautés le concèdent : le paradis est peuplé de bien d’autres que ceux qu'on appelle saints ou bienheureux, voire vénérables.
Dans ce paradis, il y a certes des degrés divers d’état paradisiaque, comme il y a beaucoup de degrés d’état de souffrances dans les Enfers, si on en croit Thomas d'Aquin," le docteur angélique". Mais il est certain qu’à la fin des temps tous seront réintégrés au Père.
Les limbes.
Faut-il encore aborder ce sujet, alors que la commission pontificale a décrété le 20 avril 2007 que les enfants morts sans baptême entraient d’emblée au paradis, annulant avec un courage digne d’être relevé, les désolantes positions des docteurs de la foi d’autrefois.
Ses conclusions méritent d'être citées in extenso : « Le concept de "limbes" comme état dans lequel seraient les enfants non baptisés est donc "une vision trop restrictive du salut ", contraire à la nature même de Dieu, miséricordieux et sauveur et à la nature universelle du Salut ».
Les premiers docteurs de la foi concédaient certes que ces petites âmes, étant innocentes de toute mauvaise action, ne pouvaient être condamnées à la souffrance, mais que n’ayant pas été rachetées du péché originel par le baptême, (absence de rachat dont elles n’étaient pas plus responsables !), elles ne pouvaient entrer en paradis ! ni même en purgatoire, n’ayant rien à purger !
Alors elles devaient errer, sans souffrances certes mais sans bonheur et sans joie, dans un sombre lieu ! Et certains clercs d’en rajouter, jugeant que l’enfer étant éternel, cette errance dans les limbes devait l’être aussi.
Mais quels étaient ces clercs pour être aussi peu éclairés, et ces pères de l’Église pour avoir une si piètre opinion du Père, pour penser ainsi ? Un Père céleste aussi peu paternel, cruel et injuste, bien loin du père accueillant le fils prodigue; un Fils qui aurait souffert pour quelques-uns, et réfutant ses propres directives sur l’accueil et l’amour des enfants; un Saint Esprit aussi peu sain d’esprit !
Et ce ne sont pas les quelques théologiens qui jugèrent que les habitants des limbes étaient admis au paradis au jugement dernier qui rachètent cette doctrine.
Merci encore à nos modernes théologiens d’avoir rétabli l’Église dans son évangélisme originel.
Il faut relever que les protestants, ne jugeant pas la réception des sacrements comme indispensable au salut, font l’économie de cette problématique...Comme l'écrit le pasteur Olivier Pigeaud dans mon ouvrage sur le handicap mental[1] : « On ne se polarisera pas à leur sujet [les handicapés mentaux, NDR] sur les sacrements (baptême et cène) parce qu'ils ne sont pas des passages obligés pour le salut et la vie éternelle ».
Mais ces enfants, certes certains morts assez âgés pour avoir connu ce monde, ou bébés voire même fœtus près du terme, peuvent-ils comprendre la réalité du monde et accéder pleinement à l’état paradisiaque ? Alors un stage plus ou moins long, destiné, bien encadrés par des âmes bienveillantes (des "anges", des saints ?), à les faire accéder à la plénitude de cet état paradisiaque, peut se concevoir.
Et tous ces hommes et ces femmes de toutes confessions, y compris non chrétiennes, agnostiques ou athées, qui ont dédié leur existence à l’abnégation et à la pratique du pur amour chrétien, à eux l’enfer, si les limbes n’existent plus ?
Simone Weil, philosophe majeure, d'origine juive et pourtant parfaite mystique chrétienne, qui refusa le baptême en solidarité avec la souffrance de ses frères persécutés, n'a certainement pas séjourné longtemps aux limbes, si elle les a jamais connues…
Et ces jeunes filles yézidies égorgées par les islamistes pour avoir refusé de renier leur foi ou devenir des esclaves sexuelles, sont-elles moins glorieuses que les vierges et martyres chrétiennes ?
La conception de cet état où les justes non baptisés reçoivent la révélation, c’est le sens de ces limbes.
C'est pourquoi cette hypothèse des limbes – car on n'ose plus dire "ce dogme" – qui semble ne plus être en odeur de sainteté, doit être conservée car il par essence logique.
Dieu se révèle en lieu et temps qu’Il a choisi, aux Hébreux sur cette Terre avant-hier, à l’ensemble de l’humanité hier avec Jésus-Christ, dans le lieu où l’état qu’Il veut en tous les temps.
[1] René Mettey et Françoise Serville. Mon enfant est différent. Éditions Frison-Roche, Paris, 1996.
Le purgatoire.
Mais rares sont les personnalités pouvant accéder à cette vision divine ou qui ont subi le martyre.
L’immense majorité ne se sent pas en mesure de mériter ce couronnement, mais pas plus d’être rejetée dans "les ténèbres extérieures " ou vouée aux gémonies.
Attirées par ce pôle divin, les personnalités, qui le ressentent en elles depuis toujours, comme exposé dans le chapitre sur le péché originel, instruites par ces mêmes guides à l’œuvre dans les limbes, commencent un cheminement qui sera court pour certains, bien long pour d’autres, plein d'une magnifique espérance pour les uns, bien pénible pour les autres.
Les protestants font l’économie du purgatoire, parce que rien dans la Bible, Ancien et Nouveau Testament confondus, ne l’évoque.
Dans l’Ancien Testament il est difficile de trouver même une simple justification d’une survie à la mort, à tel point que les premiers Juifs n’y croyaient pas (Job, pour seule récompense de sa patience et de sa soumission, est "descendu au Shéol chargé d’années"[1]) et que les saducéens la niaient encore au temps de Jésus. Les autres Juifs tordaient le sens de quelques passages pour y croire ! Dans le psaume 23 la "vallée sombre" dans laquelle le berger passe n’est en rien précisée comme l’ombre de la mort, il s'agit d'une interprétation.
Nier le purgatoire parce que Jésus ne l'a pas évoqué, c’est négliger que Jésus n’a pas donné de leçons de théologie, n’a pas institué de doctrine, n’a pas fondé d’Église ! Ce sont ses disciples et leurs successeurs qui l’ont fait, Jésus n’a fait qu’apporter le Message !
Certes le Christ n’a promis que le salut, sans de plus amples précisions, et même a-t-il assuré au bandit repenti sur la croix « tu seras ce jour-même avec moi dans le royaume de mon père[2] », alors que ce larron avait certainement bien des crimes à se reprocher !
Admettre que chacun soit immédiatement en état paradisiaque ou infernal – cela pose le problème de la place du curseur ! – est contre toute logique.[3]
Or la logique règle ce monde.
Dieu est Amour, Dieu est Lumière, mais Il est avant tout Logique.
L'enfer.
Ou plutôt les enfers, car le pluriel est de mise. Certes communément les enfers désignent le séjour souterrain, sans contexte de punition ou de souffrance – Jésus est descendu aux enfers ! Et les âmes antiques y erraient, quelles que soient leurs fautes ou mérites ! Les Hébreux le nommaient shéol – mais, même dans la conception chrétienne, il y a différents degrés de souffrances infernales, d'après Thomas d'Aquin lui-même.
Et si elles subissent le feu, ces flammes éternelles promises par le doux Jésus, image reprise dans le Coran, il s’agit d’un feu intérieur.
Comment brûler une entité spirituelle ?
Quelle conscience peut ressentir les signaux de nerfs disparus ?
Admise à la conscience universelle, mise en présence panoramique de sa vie, comme l’ont éprouvé les expérienceurs[4] de ces états juxta mortem, la personnalité éprouve un déchirement intense. Elle se condamne : « Dieu n'est pas l'auteur de la damnation, ce sont les réprouvés qui se perdent eux-même », écrit Leibnitz. Elle subit une combustion, elle devient feu, d’autant plus qu’elle se rend compte de cette félicité à laquelle elle aurait pu accéder si elle avait répondu ne serait-ce que partiellement à cet appel vers le bien que nous ressentons tous.
L’enfer, ce n'est pas les autres, c'est soi.
Cet Enfer, est-il éternel ?
Si l’on en croît les Évangiles et les conciles, oui !
Si l’on croit certains théologiens, et pas des moindres, Origène entre autres, non ! Certes parfois par un argument dialectique : l’enfer est éternel, mais rien ne dit qu’on y reste éternellement ! D’aucuns estiment que Satan lui-même arrivera à résipiscence à la fin des temps !
Et surtout l’idée d’une souffrance infligée éternellement par le Créateur est une insulte à Sa personne et à Sa nature !
« J’appelle Dieu un être infini en tous ses attributs » écrit Spinoza.
Et les attributs divins sont bien la logique, la justice, sans compter l’amour, cet amour qui est inconditionnel.
Car c’est le Créateur qui a créé ce monde avec ses faiblesses ! Serait-il logique et juste qu’il punisse éternellement des êtres faillibles et mis par lui-même en position de faillir ?
L’Église catholique elle-même en est venu à modifier le « ne nous soumets pas à la tentation » du Pater Noster en « ne nous laisse pas entrer en tentation ».
Quelle logique et quelle justice serait-ce là ! Et quelle belle illustration de l’amour divin, l’agape, alors que Dieu, constatant notre faiblesse, nous a donné l’éros, plus facile à atteindre !
Imaginons un Adolf Hitler piteux se présentant, après qu'il a tué sa nouvelle épousée et son propre suicide, devant un Dieu sévère le mettant en face de ses crimes incommensurables, le condamnant aux flammes éternelles, ceci en présence des millions de ses victimes. N’y aurait-il pas, et il y aurait j’en suis certain, quelques dizaines, centaines, milliers d'entre elles, voire toutes, pour s’avancer : « certes, YHWH, c’est un criminel, mais n’est-il pas avant tout un pauvre fou ? Et n’y es-Tu pas, sauf Ton infini respect, un peu pour quelque chose, Toi le Créateur de toutes choses ? Et finalement, ne nous a-t-il pas envoyé auprès de Toi en Ton sein bienveillant, en tant que martyrs ? ». Concevriez-vous un Dieu lui-même piteux devant une telle argumentation ? [5]
Certes non, la souffrance et la damnation ne sont pas éternelles ! Dans un chemin bien long et douloureux la personnalité damnée va entreprendre son long retour à Dieu.
Alors, pourquoi promettre cette damnation éternelle, si l’Enfer n’est qu’un purgatoire allongé et plus douloureux ?
Parce que l’Église, à la suite de Jésus, vrai dieu mais aussi vrai homme, connaît la nature humaine et que la promesse d’un châtiment trop doux n’impressionne personne !
Alors, états paradisiaques, états infernaux, limbes et purgatoires, tous sont des états de l’esprit libéré de la matière, et tous sont appelés à rejoindre l’essence primitive au terme de notre existence ici-bas et après un cheminement plus ou moins long dans l'autre monde, de l'illumination instantanée à la longue errance.[6]
[1] "rassasié de jours" traduit Segond.
[2] Et même traduit "dans le paradis" par Segond. Luc 23,43
[3] On jugera savoureux que ces deux états, limbe et purgatoire, les plus contestés ou niés par les théologiens, soient les plus logiques dans l'histoire naturelle d'un être, de son apparition jusqu'à sa destinée ultime !
[4] J'utilise à dessein ce terme, néologisme se répandant, pour exprimer le sujet qui éprouve une expérience, en regard de l'expérimentateur qui provoque une expérience sur lui-même.
[5] Woody Allen l’a bien traduit en humour juif : « si Dieu existe, j’espère qu’il a une bonne excuse ! »
[6] D'après la doctrine évangélique, telle que Saint-Paul l'expose plus didactiquement aux Ephésiens, tous les hommes sont élus (Leibnitz).
La grâce, la prédestination.
L’homme a chuté. De par sa nature il ne peut revenir par lui-même à Dieu. Il faut donc une aide venant de Dieu lui-même : la grâce, nonobstant le sacrifice du Christ.
Alors, cette grâce, pour tous ou quelques-uns ?
Ce problème a déchiré les théologiens depuis l’origine, dès Saint Augustin, dressé parfois violemment les chrétiens les uns contre les autres provoquant les guerres de religion dont la guerre de trente ans qui a dévasté l’Europe.
En fait le problème de la grâce découle d’une opposition entre les attributs de Dieu : la justice, l’omniscience, l’amour infini, la logique absolue.
Si Dieu est toute Justice. Il ne peut laisser sans punition l’injuste, aux dépens du juste[1]. S’il est tout amour Il ne peut condamner un de ses enfants, d’autant plus qu’étant omniscient et toute logique, Il sait que l’homme n’est pas entièrement responsable ! Qui a créé l’homme faillible et mis en condition de faillir ?
La prédestination résulte du même conflit intrinsèque. Si une créature agit dans le mal et se trouve damnée, ce Dieu omniscient, sachant tout de l’avenir, connaissait dès l’origine des temps la transgression et la damnation, d’où la prédestination !
Si les catholiques, nonobstant les positions augustiniennes, ont opté pour une grâce proposée par le Père à tout homme qui peut l’accepter ou la refuser, certains théologiens ont opté pour une grâce accordée de manière discrétionnaire aux hommes qu’il a choisis.
Il ne faut pas croire que seul Calvin et ses épigones professèrent cette voie.
Si certaines confessions protestantes ou issues du protestantisme, dont les Adventistes, résolvent ce problème en réservant la résurrection à ceux qui ont suivi Jésus et l’inconscience éternelle aux autres, Calvin eut la formulation sadique de la double prédestination : certains sont prédestinés au ciel, d’autres prédestinés à l’enfer ! « Mais un pur trouve toujours un plus pur qui l’épure[2]» ! Si Calvin juge que cette prédestination a été décrétée après la chute (infralapsaire), l’évêque catholique Jansénius la pense avant la chute (supralapsaire) ! Il n’a fait que pousser à l’extrême la logique : par son omniscience, Dieu connaissait la chute dès avant la création. Ce qui valut, à Jansénius et aux jansénistes, la condamnation du pape Innocent X, appliquée à juste titre avec ardeur par Louis XIV...
En somme, Calvin, Jansénius et consorts ont choisi la justice divine contre l’amour divin !
Cette prédestination calvinienne n’a pas été admise sans mal et sans heurts même chez les réformés : le grand Leibnitz la jugeait stupide et une insulte à Dieu, le synode de la toute jeune Église réformée hollandaise au XVIIe siècle à Dordrecht ne l’a entérinée que par une voix d’avance sur les partisans d’Arminius qui voulaient la rejeter ! Et encore, ce serait pour une raison politique que ce vote fut remporté.
Un pasteur réformé, interrogé par moi-même et prié de répondre sans détours, s’en est sorti par une belle réponse dialectique (pour ne pas dire jésuitique) : « tenez compte que Calvin était de formation juridique, il a pensé en juriste, Luther, lui, était un théologien ».
Et des confidences de théologiens m'ont permis de penser que la conception arminienne était majoritaire dans les courants réformés d'aujourd'hui.
Aujourd’hui, semble-t-il, toutes confessions confondues, les Chrétiens ont tranché entre les attributs de Dieu d'amour et de justice, par cette notion "d’amour inconditionnel".
« Nous irons tous au paradis » chantait Michel Polnareff. Cette affirmation, je l’ai entendue plus d’une fois dans les milieux catholiques et protestants, sans protestations d’aucuns, dont des clercs....
Les actes, la foi : un faux problème.
Le catholicisme prend la position que la conduite de l’homme, par ses actes, donc ses mérites, détermine son sort futur.
À noter d’emblée que ce terme d’actes a un sens différent du sens commun habituellement admis.
Ces actes sont l’accomplissement des commandements de l’Église, l’assistance à la messe, la pratique de l’eucharistie, la réception du pardon etc.
Pascal l’a illustré de manière plaisante : « mettez-vous à genoux et vous croirez ».
La majorité des confessions protestantes réfutent la nécessité des actes pour le salut, sur la base du sola fide.
Ce salut obtenu par la foi seule est une source d’incompréhension et même de moquerie. Les ligueurs lors des guerres de religion se moquaient de ces protestants qui pensaient qu’ils pouvaient commettre les pires crimes, pourvu qu’ils aient la foi ! On a prêté à Luther l’assertion : « vous pouvez pécher beaucoup si vous avez beaucoup la foi »!
Alors foi seule ou actes ?
Ce faux problème, qui a pu diviser les chrétiens, a été résolu dans un consensus œcuménique : la foi est une affirmation interne mais s’exprime extérieurement dans les œuvres ! S’affirmer croyant et se conduire en mécréant est le plus parfait des oxymores ! J’ai entendu le pasteur Woody au temple de l’Oratoire à Paris, certes épicentre du protestantisme libéral, l’exprimer dans un sermon brillant.
L’essence du christianisme est que l’acte de foi transcende l’individu qui exprime alors sa foi dans sa conduite.
Il en est comme de Jésus dont la foi l'a conduit à se fondre en Dieu, la foi nous amène à être transcendés, ce n’est pas nous qui agissons alors – donc disparaît la notion de "mérites" – mais Dieu que nous laissons agir par nous. « Dieu s'aime à travers nous » écrivait Simone Weil à Gustave Thibon[3]. Non, Il agit à travers nous.
La résurrection.
C’est le point le plus difficile à admettre du christianisme, et par manque de chance, le point central, selon Saint Paul ! « Et si Christ n'est pas ressuscité, notre prédication est donc vaine, et votre foi aussi est vaine ». Paul, 1ère épitre aux Corinthiens.
Tout séduit dans le christianisme : cette éthique si humaine et absolue que professa le mystique inspiré Yeshoua bar Iosef, où le plus novateur aphorisme fut : « on vous dit : aime tes amis; moi je vous dis : aime tes ennemis, car si vous n’aimez que ceux qui vous aiment, où est le mérite ? »;[1] cette théologie qui fait de nous les enfants de Dieu considéré comme un "papa" et non comme un pater familias exigeant, alors qu’il n’exige rien de l’enfant prodigue lors du retour au bercail, mieux, et sans avoir même exigé ce retour.
Mais si l’on bute sur la résurrection, on ne peut se compter chrétien ?
Une première et définitive manière de résoudre cette énigme est de ne pas se prononcer et de ne considérer que le Message. La "messe" n’a-t-elle pas étymologiquement le sens de "message "? "Ite missa est" ne signifie pas « partez ! la messe est finie » mais « allez ! portez le message » !
« Ils ont tué le messager, ils n’ont pas tué le message » est le cri de ralliement de Reporters sans frontière devant les multiples assassinats de journalistes.
J’ai entendu le pasteur Woody, dans un autre brillant sermon au temple de l’oratoire à Paris, un jour-même de Pâques, illustrer cette thèse. « Les grands prêtres, dit-il, en payant les gardiens qui venaient leur rapporter que le tombeau était vide, leur recommandant de dire que les disciples avaient volé le corps, n’avaient rien compris ! Ils ont fait un absolu contresens ! Le corps n’avait pas d’importance, seul le Message comptait ! Et ce message a bien ressuscité ». Et il s’est répandu et amplifié dès les premiers jours et jusqu’à aujourd’hui 2 000 ans après, où deux milliards et demi d’êtres humains le reconnaissent pour maître.[2]
Les sadducéens et Pilate ont pu tuer le messager, ils n’ont pas tué le Message. Mieux : ils lui ont donné la légitimité et la force du sacrifice ! Car Jésus a voulu être mis à mort dans cette ville sacrée du judaïsme dont il était issu. Il y est venu chercher la consécration suprême. Être sacrifié par les Juifs à quelques mètres du Saint des Saints où se tenait son Père, c’était justifier qu’il était oint par ce Père, et, en étant mis à mort à la demande des Juifs, il justifiait qu'il s'agissait d'une affaire interne au peuple élu.
Imaginons, dans une uchronie utopique, comme toutes les uchronies, que le sanhédrin se soit divisé et n’ait pas requis la mort; que Pilate n’ait pas vu en ce Yeshoua un danger politique; ou que la foule ait demandé la libération de bar Iosef plutôt que bar Abbas : Jésus est libéré, peut-être après une flagellation d’avertissement, il est reconduit en Galilée avec obligation de ne plus revenir en Judée.
Qu’en serait-il aujourd’hui ? Jésus aurait pris place parmi les sages de l’Histoire, aux côtés de Socrate, le Bouddha, Sénèque, Épictète, Marc-Aurèle. Le christianisme serait une philosophie que l’on enseignerait en faculté à côté du stoïcisme. Peut-être cette philosophie aurait imprégné quelques religions autochtones comme la philosophie bouddhique a imprégné le Bön tibétain, ou le taoïsme et le confucianisme la religion populaire en Chine.
Le philosophe contemporain André Comte-Sponville, d'inspiration stoïcienne, déclare être athée mais suivre les enseignements de Jésus. Le christianisme, en somme, ne serait qu'une version émotionnelle du stoïcisme, né à la même époque.[3]
Oui, il est légitime d’en rester là, de ne pas se prononcer sur la réalité de la résurrection, tout en se reconnaissant chrétien et être reconnu comme tel.
Mais ne doit-on pas aller au-delà, tout en restant au niveau du rationnel ? de l’acceptable ?
Écartons les explications trop rationnelles comme le vol du corps pour un ensevelissement caché[4], voire la réanimation d’un blessé grave mais pas mort –survivre à un coup de lance perçant le cœur par la droite, technique favorite du soldat romain !–, ou, comme le propose Jean-Pierre Giovenco [5]des apparitions dans les rêves de ses disciples et amis. Peter Walker, dans son ouvrage "The week-end that changed the world "[6], étudie de manière rationnelle toutes les hypothèses possibles et plausibles, y compris que les femmes et disciples se soient trompé de tombe, n’ayant pas assisté à l’inhumation.
Peut-on négliger la transformation de ses disciples, une bande de hippies un peu "allumés", ayant quitté travail voire femmes et enfants pour errer en vivant de la charité des autres; une équipe de craintifs ayant abandonné leur maître au moment le plus délicat, l’ayant renié pour l’un, se terrant effrayés à Jérusalem pour d'autres, certains fuyant déjà par Emmaüs; disciples, de moutons qu’ils étaient, qui deviennent des lions affirmant leur foi, affrontant la mort sans crainte par lapidation, crucifixion ? Disciples qui trasmirent leur foi tellement forte que les disciples secondaires n’ayant pas connu le Christ partagèrent pendant deux siècles cette même fermeté. L’un se fait cuire sur un grill, l’autre se fait transpercer de flèches, une accepte de se faire encorner par un taureau, et ceux qui allèrent ensemble aux lions, sans jamais faiblir ni renier leur foi.
Ces gens ont dû voir quelque chose et vivre une expérience extraordinaire pour être ainsi transformés. Transformation si extraordinaire qu'ils la transmirent à d'autres.
On ne se fait pas crucifier, empaler, découper, encorner, déchirer par un fauve, pour une philosophie, un mythe, les maximes d'un sage !
Jeune fille aristocrate romaine, on ne refuse pas un bel époux riche et puissant pour quelques belles paroles d’un gourou moyen-oriental !
Quelle est la nature de ce corps qu’ont vu les disciples, image non matérielle qui a traversé les murs,[7] que n’a pu toucher Marie de Magdala, qu’elle n’a d’ailleurs pas identifié immédiatement, mais bien matérielle pour être touchée par Thomas, partager le repas des disciples à Jérusalem et des pèlerins d’Emmaüs.
À moins de trancher pour illusions, hallucinations, rêveries prises par auto-persuasion d’espérance puis affabulation "de bonne foi" par la suite dans la rédaction des Évangiles, on ne peut rien proposer d’autre que de l'inexplicable.
Car qu’ont vécu ces femmes et ces hommes ? Une expérience ineffable : la venue du Messie promis à Israël, la descente du fils de Dieu lui-même parmi eux, l’apport d’un message d’amour absolu, celui du Père pour ses enfants, du Fils pour ses frères, l’assurance de la rémission des péchés, quels qu’ils soient et même les plus honteux – adultère, collaboration avec l’occupant par le recueil des impôts –, par une simple repentance, sans contrepartie.
Et ce messager est mort torturé !
Il n’est pas mort dans son lit entouré de ses disciples à qui il transmit quelques belles paroles, ou assassiné par quelque fanatique comme un Gandhi. Non, arrêté de nuit, jugé ignominieusement, torturé, exposé nu sur la croix des vauriens ![8]
Alors la force de la foi peut créer le déni de la fin de l'aventure, et concrétiser la poursuite de cette belle aventure : ils ont vu et touché le Ressuscité, l’ont entendu, comme les enfants de Lourdes et Fatima ont vu et entendu la mère de Dieu, comme le Padre Pio a vu et écouté le Christ, et bien d’autres[9].
À notre époque où la physique des particules nous révèle que la matière, "c’est du vide", constituée de manière infinitésimale par des quarks – concentrés de vide –, voire des "cordes" tout aussi immatérielles, des "ondes" (de quoi? puisque l’hypothèse de l’éther a été infirmée)… à l’heure où la mécanique quantique suggère que c’est notre esprit, notre volonté qui donne la forme que nous voulons à des particules indéterminées à l’origine, qui peut trancher avec certitude que ces événements ont réellement eu lieu, ou pas, ni dire sous quelle forme ?
Ils ont bien vu, entendu, et touché, non Jésus, mais le Christ.
[1] Cette phrase est magnifiquement illustrée dans le plus merveilleux film tourné sur le Christ "L'évangile selon Di Mateo" de Pier Paolo Pasolini, athée, marxiste, "débauché" !
[2] Un rabbin israélien, interrogé sur ce que représentait Jésus pour lui, répondit « il s’agit d’une Énième tentative de messianisme avortée ». Avortée ! Diantre ! Avec deux milliards et demi de fidèles aujourd'hui !
[3] « Le propre de l'homme, c'est d'aimer même ceux qui l'offensent ». Cette réflexion de Marc-Aurèle rappelle les dernières paroles de Jésus sur la croix : « Père, pardonne-leur, car ils ne savent pas ce qu'ils font » -Luc 23,34- . Mais Marc-Aurèle est mort dans son lit entouré de ses disciples, là git la différence !.
[4] Comme il en fut de celui de Spinoza.
[5] La conjuration de Judas. Édilivre.2018
[6] Westminster John Knox press. Louisville. Kentucky. 2000. Non traduit en français mais écrit dans un anglais abordable,
[7] Je me suis demandé, s’il était sorti du tombeau en traversant la roche, pourquoi la pierre de fermeture avait été roulée ? Mais il fallait que Marie de Magdala et les disciples accourus en voient l’intérieur !
[8] Le supplice de la croix avait deux fonctions : réservé à ceux qui s'opposaient à l'État – comme Spartacus et ses esclaves révoltés – il était aussi une peine infamante pour les vauriens, suspendus agonisant nus aux yeux de tous. Jésus fut crucifié en tant que "Roi des Juifs" mais entre deux bandits.
[9] Vide infra "le miracle de Fatima".
Les miracles.
Les miracles doivent être abordés sous deux groupes séparés : les actions miraculeuses de Jésus, et les miracles postérieurs, que ce soient les guérisons obtenues par l'intermédiaire d'un saint, de la Vierge Marie, ou les occurrences inattendues, telles que les conservations prolongées de corps de personnages religieux.
Les miracles de Jésus.
Il est une interprétation qui doit immédiatement être écartée : celle d'une explication "rationnelle" de ces événements.
Ainsi certains d'expliquer que les aveugles guéris étaient en fait atteints de conjonctivite ou blépharite chronique, le pus solidifié empêchant les paupières de se décoller. Eh bien une simple application de boue (« Jésus mélangea de la terre avec sa salive ») sur ces croûtes suffisait à les humidifier et les décoller. Voire simplement les laver avec de l'eau. Beau miracle apte à impressionner les foules ! A-t-il fallu attendre Jésus pour inventer une thérapeutique si simple ? Toute mère, découvrant son nouveau-né au matin les paupières collées par des larmes séchées, trouve spontanément comment les libérer avec un coton imbibé d'eau ! Sont-elles des thaumaturges ?
À Cana, nous explique-t-on, Jésus "transforma l'eau en vin" facilement : le vin antique était épais. D'ailleurs le maître de maison, au début d'un banquet, goûtait le vin et indiquait quelle quantité d'eau, souvent chaude, ajouter. Et les jarres vidées de sécher avec le résidu. Donc, il a suffi à Jésus d'indiquer de remplir les jarres, vidées depuis deux jours, d'eau tiède, car il savait qu'elles contenaient des restes secs, de faire touiller un peu, et voilà, les convives, déjà un peu avinés d'après l'évangile[1], de se réjouir que le maître ait gardé son meilleur vin pour la fin ! Certes, au troisième jour de la noce, on pouvait tout leur servir !
Pauvre explication ! Ainsi le monde d'alors, de l'Ibérie à la Grèce, de la Rome antique à la Cyrénaïque, a attendu le Messie pour lui indiquer cette petite astuce !
Mieux, ou pire, il décrit un Jésus ayant recours à des assistants ou des complices (sic) pour mettre en scène des pantomimes. De tout temps en effet de faux paralysés guérissent, de faux aveugles revoient, de faux morts sortent de leur tombeau en boitillant, enserrés qu'ils sont dans leurs bandelettes !
De telles explications sont si misérables que je me suis contenté de lire quelques comptes-rendus de ce livre sans m'être donné la peine d'aller plus loin.
Une seule question à Gérard Majax : peut-il citer un seul imposteur allant jusqu'à accepter l'exécution pour valider ses illusions ? Et il ne s'agit pas d'une arrestation suivie rapidement d'une fusillade ou une pendaison, mais d'une suite d'humiliations, de menaces, de tortures mentales ou physiques, où à tout moment le mis en cause peut tout arrêter en avouant son imposture ?
La seconde approche est celle d'une utilisation purement hagiographique des miracles. Un théologien protestant a déclaré, lors d'une initiation à la théologie, qu'aucun miracle n'est rapporté dans la source Q[3], cette première relation des actes et dits de Jésus. Cette source Q, certainement écrite car des phrases se retrouvent intégralement, au mot près, dans les évangiles de Mathieu et Luc, a disparu, et donc on ne peut que supposer cette absence de mention des miracles. Elle semblait n'être qu'un recueil de "loggia" (paroles) de Jésus, analogue à "l'évangile de Thomas", déclaré apocryphe par les Églises au IIe siècle et redécouvert en 1945 à Nag Hammadi. Pour lui, les évangélistes ont agrémenté ces dires, remis en situation par les souvenirs de ceux qui avaient vécu cette prédication, de récits miraculeux, pour renforcer la croyance en la vérité du message du Christ.
Toujours dans cette veine, les miracles auraient été ajoutés dans un but symbolique pour illustrer et renforcer la portée théologique de la vie de Jésus.
Et en effet, tous les "miracles" sans exception peuvent faire l'objet d'une analyse hautement symbolique. Inutile de s'y étendre, ces analyses faisant l'objet de tout cours de théologie et de multiples commentaires des écrits sacrés.
Ne nous attardons que sur le premier des miracles, les noces de Cana : l'eau versée dans les jarres est l'eau du baptême de Jésus qui va ainsi devenir le Christ, et le vin est le sang qui clôturera le parcours divin. D'ailleurs issue de la blessure de la lance cette eau précèdera le sang du sacrifié. Ainsi le premier "miracle" symbolise toute la théologie chrétienne.
Cependant cet écoulement sur la croix est parfaitement plausible. Un homme ayant subi une telle torture et un tel stress peut avoir développé un épanchement sérique pleural, et la lente asphyxie du supplice de la croix peut très bien l'augmenter ou le produire. Ainsi la lance pénétrant à droite a transpercé la plèvre, d'où cet écoulement aqueux, puis continuant son parcours derrière le sternum – suivant la technique classique des légionnaires romains – a atteint le cœur, d'où cet écoulement sanglant.
Ainsi les écrits miraculeux seraient une présentation symbolique par les évangélistes d'événements survenus réellement.
Mais quels étaient ces événements ?
Un certain nombre ont été réinterprétés et enjolivés par ceux à qui on les a rapportés. Un médecin d'une ONG britannique agissant en Inde a raconté comment ses simples soins classiques lui avaient vite valu à distance une réputation de faiseur de miracles ! Dans une population d'esprit simple et souffrante, l'amélioration d'un état bénin est ressentie comme une guérison exceptionnelle. Ainsi des blépharites chroniques non trachomateuses deviennent dans l'imaginaire populaire des cécités congénitales, de simples simulations hystériques des paraplégies ou des possessions …
Mais connaissant la force de la conviction et de la foi, de l'espérance en la capacité de guérison de celui donné pour le Messie, sachant l'effet appelé placebo, action de l'esprit sur la matière, de véritables miracles ont pu avoir lieu, ont certainement eu lieu.
Mais in fine que nous importent ces explications et interprétations ? Le message de Jésus a été si fort, si transformateur des êtres qui ont assisté à sa prédication ou qui en reçurent le récit, qu'il se suffit à lui-même.
Ici pourrait se terminer cet ouvrage, car seules ces pages traitent de l'essence du christianisme. Celles qui suivent n'illustrent que ce que l'on pourrait appeler des "épiphénomènes" du christianisme. D'ailleurs beaucoup d'Églises issues du protestantisme les négligent, et l'Église-mère elle-même n'en fait en rien des dogmes demandant une profession de foi. Mais comme ces aspects, mal compris, nuisent au retour de beaucoup de nos contemporains à la foi, ou sont sujets de moqueries à l'égard des croyants, ils demandent à être traités.
Les miracles dans l'histoire chrétienne.
Ne discutons pas sur des termes que certains, dont le père Brune[1], veulent distinguer entre "miracles" et "prodiges". Appelons "miracle" tout phénomène qui semble ne pas obéir aux lois de la physique actuellement connues, et ses lois dérivées, chimiques, biologiques, psychologiques. Par ailleurs de manière connexe les miracles surviennent dans une ambiance de nature spirituelle : intervention divine directe ou en relai (prières et dévotion aux saints, à la Vierge…).
Les miracles individuels.
Les guérisons miraculeuses, c'est à dire inattendues, réputées impossibles par les lois biologiques et médicales connues, rapides – quasi-instantanées – en sont la vitrine par excellence. L'Église catholique exige encore leur survenue quand on évoque une personne morte en odeur de sainteté pour la déclarer bienheureuse (un miracle) ou sainte (deux).
Les rapports de ces guérisons miraculeuses sont multiples et bien documentés. Il n'est que de lire d'un esprit libre les rapports publiés par le bureau des miracles de Lourdes.
Sont-elles si "miraculeuses" ? Le Cercle zététique[2] clamait que les hôpitaux comptaient autant de guérisons miraculeuses que Lourdes. Pendant mes 7 ans d'études médicales et mes 40 ans de pratique hospitalière (dont cinq en cancérologie infantile et 20 en réanimation infantile et néonatale) je n'ai pu en constater aucune !
Une excellente revue médicale, La Revue du Praticien, publiait déjà il y a 45 ans qu'on pouvait relever dans la littérature internationale cinquante cas de cancers spontanément guéris, certains en phase avancée. Inutile de comparer les pourcentages entre un pèlerinage local et un relevé mondial, mais ces cas ont été étudiés et rapportés objectivement. Cependant, parmi ces observations, nulle mention n'est faite de la foi des patients et de la possible pratique de prières, individuelle ou collective. Ici "comparaison ne serait pas raison" !
Mais ces guérisons "laïques" se rapprochent des guérisons religieuses !
Une praticienne médecin de famille du Cantal rapportait dans la tout aussi excellente et crédible revue Le Concours Médical, l'expérience suivante : « Le CHU de Lyon me renvoya une de mes patientes que je lui avais adressée pour un cancer de l'ovaire disséminé. Après de multiples thérapeutiques, tout espoir était perdu : la chimiothérapie n'avait plus d'action et les produits étaient plus néfastes que guérisseurs; la radiothérapie n'enrayait plus la progression et brûlait les tissus intestinaux et la moelle; impossible de l'opérer plus encore car il aurait fallu enlever des organes indispensables et couper les vaisseaux majeurs, tous envahis par l'extension. Les cancérologues concluaient : "nous n'avons pas voulu donner ce sombre pronostic à la malade et lui avons dit qu'elle allait se reposer en attendant l'action des thérapeutiques[3]. Suivez-la pour lui prescrire les analgésiques et l'accompagner à la mort sans souffrances". Je me trouvais confrontée à une personne décharnée et algique. Elle me dit "Docteur, vais-je vraiment guérir ?" en me regardant fixement dans les yeux. Décontenancée, sans avoir pu préparer ma réponse, je lui répondis fermement : "oui !". Je la revis quinze jours après, pour renouveler mon ordonnance et expliquer les soins à la famille, mais je n'en entendis plus parler pendant les six mois suivants. Je la crus morte et regrettai que la famille ne m'en ait fait part. Six mois après, je vis sur mon carnet de rendez-vous un nom connu, que je crus être celui d'un proche de la malade. Et je vis entrer dans mon cabinet quelqu'un que j'eus du mal à reconnaître, car elle était replète, et qui me dit "docteur, je voudrais que vous me prescriviez un régime car depuis que je suis guérie je mange trop !" ».
Eh bien on voit là l'origine de toutes ces guérisons miraculeuses, qu'elles surviennent sans traitement ou au-delà de tout traitement : la foi ! la confiance –étymologie du précédent –, en Dieu, un saint, un médecin, la défense de la patrie[4].
On pourrait parler pour ces miracles d'effet placebo. Oui, il s'agit d'un effet de ce type, mais sublimé, majoré, au maximum de ce qu'il peut être.
Dans l'effet placebo, l'esprit de l'expérimenté croit qu'on lui a administré un médicament, et sa croyance et son espoir entraînent des réactions de défense ou de rénovation analogues à une réponse induite par le médicament.
Dans ces guérisons miraculeuses, l'orage spirituel ("l'orage électronique dans ses circuits neuronaux" pour les matérialistes) induit par la foi et la conviction entraîne des réactions appropriées de l'organisme pour sa propre guérison.
Il n'y a pas dans une guérison miraculeuse de violation des lois physiques et biologiques, mais une mise en jeu de lois physiques et biologiques que l'on ne connaît pas encore, mais que l'on constate et commence à entrevoir[5].
Lourdes.
Lourdes est emblématique du problème des miracles, par l'ancienneté du pèlerinage, par l'attestation de guérisons par un comité scientifique composé entre autres d'agnostiques, de croyants modérés, tous scientifiques et médecins, comité qui prend son temps, qui sélectionne durement, pour déclarer une guérison comme inexpliquée. Ceci rend compte du faible nombre de guérisons miraculeuses en regard de l'importante cohorte de malades venus prier et être immergés dans la piscine, ou de ceux simplement venus pour prier pour eux-mêmes ou un de leurs proches.
Dans les rapports et témoignages des " miraculés" de Lourdes, on relève deux faits fréquents : une sensation de chaleur lors de la guérison et une fringale qui la suit.
« En même temps que je fus enveloppé dans une lumière, j’ai ressenti une chaleur intense » rapporte l’un. « La nuit qui a suivi, ramené dans ma chambre, j’ai dévoré tout ce que j’ai pu trouver », raconte un autre. « Le jour suivant, je faisais les deux services du restaurant, je ne pouvais m’arrêter de manger » confirme un "miraculé".
Pour cette faim impérieuse, on constate que nous restons dans le domaine bien terrestre et matériel ! Ces gens ne sont pas pris d’une fringale spirituelle et ne se pressent pas dans une chapelle ou dans la crypte de la basilique pour une adoration en transe, mais aux cuisines. La Nature reprend ses droits; l’organisme, guéri, doit se reconstituer. Le cerveau, dans ses parties supérieures et dans son centre, hypothalamus et hypophyse, reprend son fonctionnement. Il induit les conduites alimentaires adéquates, il sécrète les hormones nécessaires. On ne transgresse pas les lois naturelles !
Quant à la chaleur ressentie par certains, l’étude des cas de cancer guéris spontanément, ou de manière inespérée vu l’étendue des lésions et la résistance aux traitements, relève souvent que cette guérison fut concomitante d’une forte hyperthermie. Ce fait était si net que des équipes médicales tentèrent d’induire cette guérison en provoquant cette hyperthermie par des bains très chauds ou l’injection de substances thermogènes, sans succès. Cela n’a rien d’étonnant car ce dégagement de chaleur n’est rien d’autre que le témoignage d’une intense activité métabolique. À la fin d’un marathon, votre température peut atteindre 39º5, mais provoquer la même température avant la course n’augmentera pas vos performances !
Donc, quand la guérison s'effectue, nul phénomène surnaturel.
Mais quid du miracle lui-même ?
Un site miraculeux n’est qu’une accumulation de miracles individuels en un endroit ! Et en ce site, la foi intense est déployée de manière exponentielle. Cette foi, ressentie par l'adulte, l'enfant, malade ou handicapé, suffit !
Pour les enfants, l’explication par le champ de conscience me paraît la plus judicieuse. La conscience de l’enfant, autant que celle de l’adulte, baigne dans ce champ de conscience, dans lequel il reconnaît celle de ses parents, et en subit les effets. Il n'est pas même nécessaire d'invoquer une "transmission de pensée", la simple perception de l'attitude de ses parents, par le timbre de leur voix, leur gestuelle, suffit.[6]
Emporté par ce torrent de foi, l’organisme met en route les remèdes naturels encore insoupçonnés.
Les opposants systématiques prétendent que l’on n’a jamais constaté à Lourdes une chose impossible telle que la repousse d'une jambe coupée.
Certes, mais être unijambiste, est-ce une maladie ? Quel unijambiste irait à Lourdes pour recouvrer son intégrité corporelle, alors qu’une prothèse suffit, et autrefois une béquille ?
Il existerait un rapport au XIXème siècle, mais je n’ai pu en retrouver la certification, de repousse d’un membre inférieur atrophié. Dans ce cas le membre atrophié s’est ensuite, après le pèlerinage, mis à croître et se fortifier et à atteindre quasiment une taille normale.
Le pédiatre, embryologiste, généticien, que je suis, dit : rien de bien extraordinaire, ou, plutôt, d'inenvisageable ...
Ces cas d’atrophie d’un seul membre, voire d’une partie, sont bien connus. Dans l’embryon humain agissent des gènes "homéotiques", dans des "homéobox", qui induisent la formation des ébauches des quatre membres, ensuite des doigts à leurs extrémités. Que ces gènes soient entravés pendant l’embryogenèse et le membre est de petite taille. Réduit certes, mais entièrement constitué. Dans l’espèce humaine et les animaux évolués ces homéobox, une fois mises au repos à la fin de la constitution de l’embryon, ne se réactivent plus. Mais sont toujours là, prêtes à reprendre leur action. Elles la reprennent d’ailleurs chez le lézard après la perte de la queue, la section des bras chez l’étoile de mer et d’autres espèces[7]. Réactivées, elles peuvent fortifier ou reconstituer un membre, quel que soit le moignon. Encore une fois, il suffit de la foi (ou d’un orage neuronal, si l’homme est un être neuronal[8]) pour lancer ce processus endormi, car ces gènes existent au sein de chaque cellule.
Le cas le plus démonstratif des guérisons miraculeuses est celui de cette fillette de trois ans, aveugle par atrophie rétinienne congénitale, qui recouvra instantanément la vue. Habituellement un aveugle à qui un traitement fait retrouver la vue à besoin d’un temps d’adaptation long pour que son cerveau intègre les messages visuels avec les données des autres sens. Mais cette fillette gambadait dans la salle d’embarquement de l’aéroport de Lourdes, attendant le vol vers Dublin.
Mieux, les médecins neurologues et ophtalmologistes découvrirent que cette fillette voyait alors que... la rétine restait atrophiée. Cette rétine se reconstitua dans les semaines qui suivirent.
Voici deux faits "impossibles": la vue sans rétine, la repousse d’une rétine atrophiée[9]. À moins qu’un Majax dénonce une mise en scène de parents escrocs, avec la complicité ou l’incompétence des médecins irlandais qui la suivaient avant, et des médecins français qui l’examineront ensuite... Voilà pourquoi les sceptiques évitent de faire allusion à ce cas !
On pourrait s’étonner qu’intervienne ici l’effet de l’attente intense et de la foi majeure chez une fillette de trois ans. Mais mon interprétation par le champ de conscience semble pertinente. Dans ce champ de conscience, que les spiritualistes nomment égrégore, les psychanalystes jungiens inconscient collectif, le biologiste Rupert Sheldrake champ morphique, et moi champ JSM , la conscience de l’enfant ressent celles de ses parents, et des innombrables pèlerins passés et présents, et en subit l’effet majeur.
L’esprit est saisi, le cerveau agit.
Une constatation indéniable, qui est aussi une approche des sceptiques, est le très faible pourcentage de guérisons indéniables et reconnues miraculeuses en regard des foules immenses qui viennent à Lourdes. Bref, une bien faible "rentabilité" !
Dans mes quarante années de pratique, et surtout en oncologie et pédiatrie, des parents m’avouèrent, à mi-voix, presque honteusement, vouloir emmener leur enfant à Lourdes. Je leur ai toujours répondu : « allez à Lourdes. Mais n’en attendez pas une guérison, elles sont fort rares. Lourdes n’est pas un hôpital, il n’est pas fait pour guérir mais pour montrer qu’il y a un autre monde que le nôtre ».
Je me conformais à "L'imitation de Jésus-Christ" : « Seigneur, ne permets pas que je juge d'après ce que l'œil aperçoit du dehors, mais fais que je porte un jugement vrai des choses sensibles et spirituelles ».[10]
Aujourd'hui, je leur dirais : « mais pour montrer que le monde n’est pas que ce que nous en percevons ».
Une bien faible rentabilité ? L'Église exige plusieurs conditions pour valider une guérison comme miraculeuse, dont l'instantanéité de la recouvrance, qui doit être parfaite, sa stabilité, l'impossibilité d'un traitement.
Mais en quoi une guérison bien plus rapide qu'attendu, avec un traitement possible mais pas administré, ou une maladie moins grave mais obérant la santé et les capacités physiques, et s'améliorant rapidement ou progressivement, si elles ont suivi une intense prière et une intense attente de l'intervention divine, ne seraient-elles pas des "miracles" ?
Un médecin protestant témoigne[11] : « J'ai en 27 ans signé pour Lourdes 42 attestations médicales. J'ai pu intercéder et demander des miracles pour certains de mes malades, j'en ai obtenu deux, qui n'ont pas été la guérison, mais une évolution surprenante vers la mort exempte de souffrance et en pleine lucidité ».
Et les innombrables malades guéris suivant les critères relevés mais qui n'ont pas voulu se soumettre aux examens multiples et à la curiosité voire l'agression des médias et ont préféré se taire ?
Il y a eu bien plus de 70 miracles à Lourdes[12] ! Il y a eu déclaration de 7 000 guérisons inexpliquées, et bien d'autres tues.
Dieu n'est pas un bateleur de foire, Marie une pythonisse, la puissance thérapeutique divine agit dans le silence et le calme, et souvent ceux qui en ont bénéficié remercient cette grâce reçue dans le même silence intérieur.
[1] Père François Brune. Les miracles – et autres prodiges– Éditions du félin, Philippe Lebaud 10, Paris, 2000
[2] Fondé en 1995, il s'est auto-dissous en 2005 dans une lettre dérisoire truffée de jeux de mots balourds, dévoilant l'esprit dans lequel il travaillait. Un de ses membres fondateurs, à côté de scientifiques universitaires, était Majax.
[3] À cette époque les médecins étaient encore "paternalistes" et cachaient, avec justesse, la vérité au malade. J'ai toujours agi ainsi.
[4] En 1944, un jeune homme se mourait à l'Hôtel-Dieu de Paris, rongé par la tuberculose. Mais Paris est libérée par l'armée Leclerc. Enthousiaste, le jeune homme, cachant son état aux médecins militaires, peu regardant vu les circonstances, s'engage, est embarqué dans un char où il finira toute la guerre. La paix signée, les examens ne retrouveront plus que des séquelles de tuberculose ancienne dans ses poumons.
[5] Je renvoie le lecteur aux études neurocognitivistes et biologiques spécialisées…
[6] On retrouve ce même phénomène pour l'homéopathie. Ceux qui prétendent que l'homéopathie n'agit pas par effet placebo mais physiologiquement déclarent que ce traitement agit aussi sur les animaux. Mais il s'agit d'animaux familiers ou domestiques. Rupert Sheldrake, professeur à Cambridge et chercheur en Californie, a montré ce continuum de conscience dans ce qu'il appelle le "champ morphique", que j'ai développé dans "Les énigmes de la conscience" op. cit.
[7] Certains vers marins, coupés en deux transversalement, reconstituent un vers entier à partir de chaque partie, inférieure et supérieure. cf. Mettey op. cit. p.126
[8] Cher à Jean-Pierre Changeux. "L'homme neuronal". Fayard 1983.
[9]La rétine est l'extrémité d'un nerf. Un nerf détruit ou atrophié ne se reconstitue plus. Il n’y a jamais eu de guérison ou régression dans la DMLA (dégénérescence maculaire liée à l’âge, une atrophie de la rétine et du nerf optique).
[10] Thomas a Kempis (auteur probable) Livre III, Ch. 50, 7.
[11] Lourdes et les protestants. Collection "les bergers et les mages". Paris 1958, p.115
[12] Nombre à ce jour reconnu par l'Église.
Fatima
Fatima est le cas typique du miracle collectif. Ce qui a été vu est une "danse du soleil" qui se mit à tournoyer sur lui-même, à se ruer vers les spectateurs. Fait notable : il avait plu juste avant cette manifestation, qui dura très peu mais suffit à sécher la végétation et les vêtements.
Fait encore plus notable : près de 100 000 personnes virent ce phénomène, mais... 10 000 ne virent rien ! (Aucun récit ne rapporte s’ils constatèrent l’assèchement, ce qui eut été déterminant !)
Qu’en déduire ? Autosuggestion collective ? Mais cette manifestation n’avait pas été annoncée et prédite dans ses détails. Si la Vierge était apparue en grand dans les cieux, répondant à l’attente de la foule, d’accord, mais cette danse du soleil, inédite dans la liste des miracles ? Hallucination collective ? Il est difficile de croire que 80 000 témoins[1] virent exactement le même déroulement des événements. Et encore une fois, ces événements étaient inattendus. Certains n’ont pas vu un soleil rouge-sang et d’autres un bleu. D’autres ne l’ont pas vu se séparer en douze étoiles or sur le ciel bleu, tel le voile de la Vierge –et le drapeau européen !– Par ailleurs, s’ils attendaient une bienveillance ou une protection divine, ce soleil se ruant vers eux fut plutôt effrayant !
L’interprétation par le champ de conscience ou le déterminisme quantique s’impose de manière judicieuse : cette foule transportée de ferveur et d’espoir a créé ce phénomène. Elle l’a bien vu et il a bien eu lieu.
Ceux qui n’étaient pas en phase avec cette foi, qu’ils aient été incroyants, simples sceptiques ou de faible foi, n’ont rien créé et n’ont rien vu !
Pie XII et le même miracle.
Le pape Pie XII eut la même manifestation dans les jardins du Vatican. À cette époque, l’Église était en crise et lui-même subissait des problèmes de santé. Ce pape, intellectuel et mystique, n’était pas un plaisantin, il n’a d’ailleurs jamais rapporté d’autres phénomènes paranormaux, et pourtant il s’est risqué à rendre publique cette expérience, acceptant d’aller au-devant de railleries. Là encore personne au Vatican ou dans Rome n’a vu cette manifestation. Car seul Pie XII, qui venait de déclarer le dogme de l’assomption mariale, qui devait être en profonde interrogation[2], était en phase d’esprit avec "le ciel".
Les apparitions mariales.
Comment ne pas évoquer Lourdes et Fatima sans évoquer les apparitions mariales ?
Ce problème est vite résolu. Pierre Petit, théologien protestant, citant M. Pouget, théologien catholique, met tout le monde en accord : « Prenons l'apparition de la Vierge à Bernadette, son objectivité n'implique pas la présence physique de la Vierge […]. Mais, plus simplement, supposons la Vierge dans le réel supérieur et qu'elle se rend sensible à l'enfant. Il y a là perception interne, mais objective, réelle, non illusoire ».[3]
Relevons que la Vierge s'est exprimée à Lourdes en dialecte occitan, et à Fatima en dialecte portugais local, à San Damiano en piémontais, bel exemple d'une perception culturelle locale d'une réalité universelle.
Et qu'importe in fine que Marie soit à l'origine ou pas de ces apparitions mariales ? de sa pleine volonté ou attirée par les "voyants", de pleine présence ou pas ?
L'Église reste distante vis-à-vis du phénomène de Medjugorje, où la Vierge "se révèle" à six jeunes hommes et femmes depuis 1981. Pourtant, dans une interview de Var-Matin du mardi 16 juin 2020, le père Alexis, curé-archiprêtre de la cathédrale de Toulon, avant son départ pour l'Île Maurice dont il est originaire, rapporte que c'est lors d'une visite "de curiosité" au sanctuaire de Medjugorje, "sur la colline de l'apparition", qu'il fit "l'expérience de l'amour de Dieu", et résolut d'entrer au séminaire, alors que rien jusque-là ne l'y attirait. Vraies ou fausses apparitions, illusions ou prétentions des "voyants", au moins un miracle s'en est ensuivi !
[1] Les relevés varient entre 50 000 et 70 00, voire 100 000.
[2] Pie XII était un pape informé des sciences et très ouvert en théologie. Des scientifiques notoires siégeaient à l'académie pontificale et d'aucuns murmuraient que l’on voyait des théologiens protestants "roder" dans les couloirs du Vatican (Paul VI et Vatican II continueront dans cette voie). Mais après la proclamation de ce dogme, les scientifiques et protestants désertèrent.
[3] Op. cit. p.35. Cette interprétation pourrait à juste titre expliquer la résurrection du Christ, n'étaient la disparition du corps, le contact physique par les disciples, la consommation d'aliments à Emmaüs.
Apparitions et interventions célestes "civiles".
Ce type d'apparitions suivies d'action "miraculeuse" n'est pas l'apanage de lieux spécifiques, de contexte mystique, d'une religion particulière et révélée.
À Cokeville, dans le Wyoming, le 16 mai 1986, un couple d'illuminés d'extrême-droite investit une école primaire, prend en otage 136 enfants et 18 adultes. Les faits ont été filmés en direct par les équipes télévisuelles de plusieurs chaînes. Ces deux fous menacent de faire exploser une bombe artisanale liée à une bonbonne d'essence. La femme s'attache d'ailleurs au détonateur en précisant que si elle est abattue la bombe explosera. Leurs revendications démentielles ne peuvent que faire traîner en longueur les négociations…
Les enseignantes, de diverses confessions, dont aucune n'est pasteure ni prédicatrice, pour calmer les enfants, leur demandent de prier.
Les enfants s'exécutent, et… peu à peu décrivent[1] "des êtres de lumière" traversant le plafond, les rassurant sur une issue bénéfique, leur demandant de quitter le centre de la salle pour se rapprocher des fenêtres. Certains parleront "d'anges", avec même pour quelques-uns – de confession catholique ? – une description d'êtres avec des ailes, d'autres reconnaîtront leurs grands-parents décédés.
Les voyant quitter leurs places, la terroriste oublie qu'elle est attachée à la bombe, se déplace elle-même et… déclenche l'explosion. Elle sera brûlée et achevée par son mari pour ses souffrances[2]… Les assistants extérieurs, policiers, pompiers, parents, s'attendent à aller relever des petits cadavres. Au lieu de cela ils voient les enfants sortir par les fenêtres suivis de leurs enseignantes, sans aucun mal.[3]
Les experts s'interrogent toujours sur cette absence de blessures graves ! Moi-même, ancien médecin des Armées, ne comprends pas comment ces personnes n'ont pas même ressenti et subit le "blast injury" (effet de la compression de l'air induite par l'explosion). Quand Hitler et ses officiers sortirent du baraquement[4] où le colonel Von Stauffenberg avait mis une bombe, ils étaient hébétés, les vêtements déchirés, les tympans crevés.
Les enfants décrivent des êtres variés en fonction de leurs convictions religieuses, pour les uns catholiques, pour les autres protestantes, ou "new age", et leur vécu familial. Hallucination collective ? Une hallucination ne peut être collective, plusieurs personnes ne peuvent voir la même chose, les visions étant produites par le cerveau, avec son vécu, sa mémoire, son inconscient ! Et les faits sont là : ces "êtres de lumière" leur ont demandé de se rapprocher des fenêtres, les ont assurés d'une issue positive. Alors que les enfants avaient commencé à pleurer et s'agiter, aucun n'a été pris de panique !
Quant à l'absence de blessures graves ou de décès, à constater sur les photos produites l'état de la salle après l'explosion, on ne peut que s'interroger.
Certes encore, on peut, si l'on est d'emblée de mauvaise foi, trouver de multiples explications[5]. Mais comme l'écrivit le philosophe David Hume, pourtant pourfendeur de miracles : « si vous voulez expliquer un miracle, ne le faîtes pas par une solution encore plus miraculeuse ».
De telles manifestations "laïques", ou "civiles", puisqu'elles ne semblent pas être induites par une confession particulière, des rites spécifiques, une sollicitation précise, sont rapportées abondamment.[6]
Ces miracles laïques sont par contre une belle illustration de l'essence du christianisme : l'amour de Dieu pour les hommes est inconditionnel, et ne réclame ni la foi, ni les actes !
Les Stigmates.
Cette manifestation est la plus accessible du christianisme. Je dis bien du christianisme et non restreint au catholicisme, car un pasteur, baptiste il est vrai[7], en a été gratifié.
De même que l’esprit crée des ulcères par le stress, qu’il majore les symptômes cutanés du psoriasis, de l’eczéma, le stigmatisé crée ses stigmates. Un des mécanismes en est connu : vasoconstriction artérielle localisée et nécrose des tissus, mais d'autres peuvent être évoqués.
D’ailleurs on constate que pour les marques il n’est nul besoin d'invoquer une action miraculeuse ni une dissimulation de celui qui les créerait et les entretiendrait par automutilation.
Une grande identification aux supplices du Christ suggère au système nerveux de provoquer ces manifestations corporelles. D’ailleurs il est à noter que les marques de crucifixion dans les mains correspondent aux emplacements peints sur les multiples tableaux, au milieu de la paume, mais non au milieu du poignet au centre de l’ensemble carpien[8].
Les caractéristiques de ces marques, leurs répétitions, leurs guérisons spontanées avant réapparition, leur non-suppuration, etc., sont le témoin de réactions physiologiques extraordinaires induites par une foi extraordinaire.
[1] Ils le décrivirent sur place en instantané, le rapportèrent tous les jours suivants et ensuite, jusqu'à aujourd'hui, devenus adultes 34 ans après.
[2] Son mari se suicidera.
[3] Soixante-quinze enfants et adultes seront emmenés à l'hôpital où ils reçurent des soins sans hospitalisation. Un professeur, atteint d'une balle dans l'épaule, se rétablit vite.
[4] La réunion devait se tenir dans un bunker, mais vu la chaleur, elle fut transférée dans un baraquement en bois, plus léger et moins solide.
[6] On pourra, entre autres, consulter l'importante analyse de Pierre Jovanovic, grand reporter, dans son ouvrage "Enquête sur l'existence des anges gardiens. Éditions Filippachi, 1993.
[7] Ne voir nulle raillerie. Mais le milieu baptiste est propice aux charismes.
[8] Les Romains avaient de bonnes connaissances en torture et exécution ! Planter le clou au milieu de la paume eut entraîné une déchirure des tissus. Ils ne le plantaient pas plus entre le radius et le cubitus, comme on l'a cru, mais dans le complexe des osselets du carpe, réunis entre eux et aux autres os par des ligaments résistants. Il est à relever que le Padre Pio, même à notre époque, sur ses photos, porte les stigmates dans la paume, et même très près des doigts. Il s'agit donc bien d'une identification spirituelle, pas d'un envoi divin.
L'inédie.
Certaines personnes cessent un jour brusquement de prendre toute nourriture solide, voire même liquide, et survivent pourtant de longues années. Ce phénomène est rapporté surtout dans la tradition catholique, mais n’en est pas l’apanage. La culture hindouiste la partage, sous le nom de prana, "la nourriture par la lumière", "la nourriture par l’air ". En fait la nourriture par un principe contenu dans l’air, assimilé à la lumière.
Certes il peut être facile de ne voir qu’imposture ou hystérie, mais, en dehors de quelques pantomimes facilement dénoncées[1], le nombre de cas bien documentés, surtout en Occident, rend trop facile cette prise de position.
Thérèse Neumann, Catherine Emmerich au XIXème siècle, et, plus proche, Marthe Robin, qui ne pouvaient qu’admettre l’hostie consacrée, ont été largement observées, examinées, documentées.
Médecin, et surtout pédiatre néonatologiste et réanimateur, une remarque a attiré mon attention. Les enquêteurs des trois femmes en inédie citées relevaient qu’elles émettaient toutes les deux semaines environ "quelques glaires". Le père Colon, docteur en médecine – mais n'exerçant pas – inspectant la chambre de Marthe Robin aussitôt après sa mort, nota "une cuvette avec du melaena". Ceci désigne une émission noirâtre de selles pâteuses, composées principalement de sang digéré et de cellules intestinales.
Le nouveau-né n’a rien dégluti avant de naître. Pourtant il émet du méconium, substance pâteuse et vert foncé, composée de sucs digestifs, de bile et cellules intestinales desquamées.
Exerçant en réanimation infantile où parfois nous perfusions longtemps des enfants, je m’amusais à poser cette "colle" à mes externes : « nous pouvons émettre du méconium dans cinq circonstances de notre vie, lesquelles » ? Réponses : « à la naissance; lorsque nous sommes alimentés longtemps par perfusion centrale; si nous sommes atteints d'une maladie intestinale inflammatoire chronique, où nous sommes nourris d’un régime sans résidus; si nous sommes astronautes, pour la même raison; et... si nous sommes un jour stigmatisés ! »
Ce qu’avait pris le père Colon pour du melaena était du méconium ! Et les "quelques glaires" des autres stigmatisées en inédie, de même.
Une interrogation : si ces mystiques simulaient, se serraient-elles donner la peine d’émettre un méconium toutes les deux semaines, à supposer qu’elles aient connu cette particularité de notre physiologie digestive ?[2]
Une convergence avec le prana peut être aussi relevée : plusieurs observateurs notèrent que ces femmes en inédie avaient souvent besoin d’une aération importante. Marthe Robin "étouffait" souvent et demandait d’ouvrir grand les fenêtres.
Pour y chercher "la lumière" ou cet élément vital de l’air ? Utilisait-elle directement l’azote de l’air ? Après tout, les plantes ne fabriquent-elles pas leur glucose à partir du gaz carbonique tiré de l’air, combiné à la vapeur d’eau, avec l’aide de la lumière ?
La physiologie de la nutrition nous reste encore bien inconnue...
Les conservations du corps.
Il ne s’agit ni de conservations sans embaumement prévu pour une courte ou longue durée, ni d’inhumations dans des terres ou lieux connus pour conserver les corps, tels que des terres argileuses, comme pour les momies de l'abbatiale Saint-Michel à Bordeaux[3], ou des endroits secs et venteux comme pour les momies andines ou celles de la crypte des capucins de Palerme.
Quelle peut être la physiologie de ces conservations, courtes ou prolongées ? Courtes ou prolongées car si plusieurs saints ont vu leur corps rester peu dégradé pendant des décennies ou siècles, certains autres ont entamé à retardement ce processus naturel. Le Padre Pio avait été exposé sans précautions particulières aux regards des fidèles et semblait dormir paisiblement, mais trois ans après son décès il commença à se détériorer. Bernadette Soubirous a débuté aussi une détérioration qui nécessita des soins de conservation.
La vie mystique, dans ses manifestations physiques, suppose une physiologie et un métabolisme particuliers. Ne peut-on penser que celui-ci crée des conditions particulières pour éviter les processus de la putréfaction ?
Il est à noter que certains saints ont vécu des hyperthermies[4] qui auraient dû entraîner leur mort ! L'infirmier du couvent du Padre Pio a constaté plusieurs fois une température corporelle de 48° Celsius, température incompatible avec la vie[5].
Maria Villani, une dominicaine, lors de son autopsie, avait le cœur tellement brûlant que les médecins ne pouvaient le tenir dans leurs mains gantées…. Voilà de quoi stériliser tout tissu, ou lui donner une capacité de résistance à la putréfaction !
Et le mode de vie monastique et mystique implique une ascèse, avec alimentation particulière frugale et végétarienne, voire des jeûnes répétés, des extases, qui peuvent induire un métabolisme non courant et des modifications des tissus. Cet organisme à la vie si particulière conjuguée à un ensevelissement particulier peut induire le phénomène d'adipocire, qui rend compte par ailleurs de la conservation de cadavres bien laïques !
Ce mode de vie est retrouvé, et implique parfois le même phénomène, dans d'autres civilisations ! Un moine lamaïste a été découvert en 2015 près de la capitale de la Mongolie, Oulan-Bator, quasiment intact. Le corps est souple, à la peau fraîche, semblant méditer en position du lotus depuis deux cents années ! Il s’agirait du maître spirituel du hambo lama Dashi-Dorzho Itigilov, moine de la branche bouddhiste tibétaine de Russie, lui-même retrouvé en 2002 momifié dans cette même position du lotus et dans le même état de conservation surprenant.[6]
On le constate, vie mystique extrême, régime alimentaire sévère et orienté, peuvent à eux seuls rendre compte de toutes ces conservations de corps. Dieu ne peut – et ne veut – s'exonérer de ses propres lois, mais les mystiques peuvent bénéficier de conditions extrêmes.
Mais toutes ces manifestations, extases, jeûnes, inédies, stigmates, conservation des corps, ne sont pas l'essence du christianisme, ils ne sont que la conséquence d'une vie mystique. D'ailleurs l'Église catholique n'a fait de ces charismes une condition ni nécessaire ni suffisante pour affirmer la sainteté ! Si un miracle pour la béatification, deux pour la canonisation, sont encore requis, les faits rapportés sont examinés avec bienveillance[8]…, et la croyance en les miracles de Lourdes n'est pas un dogme. Les souverains pontifes l'ont répété : on peut les avoir en suspicion, voire n'y pas croire, et se sentir et être reconnu catholique.
C'est la profonde adhésion au message divin transmis par le christianisme, la grande exaltation mystique de certains, qui induisent ces charismes, qui ne sont en rien essentiels à l'esprit du christianisme.
[1] Tel le Little Bouddha népalais qui médita immobile des mois sous son banyan en 2005 avant de disparaître… et de réapparaître en 2011.
[2] Un ouvrage rédigé par le Père De Meester, " La Fraude mystique de Marthe Robin" Éditions du Cerf 2020, prétend démontrer que Marthe Robin s'est livrée à une imposture. Pour lui, "Cette femme aurait menti toute sa vie et à tout le monde" (Jean-Marie Guénois, in "Le Figaro du 7 Novembre 2020). On renverra à Abraham Lincoln* : "on peut tromper quelques personnes tout le temps; on peut tromper tout le monde quelque temps; mais on ne peut tromper tout le monde tout le temps". Hormis le fait qu'il est impossible qu'une mystique et son entourage mystifient (!) tout le monde pendant des dizaines d'années, il est à noter que De Meester n’a jamais rencontré Marthe Robin, et que son livre n'intègre aucun argumentaire de nature biologique ou médicale.
*en fait citation apocryphe, utilisée en premier par Jacques Abbadie In Traité de la Vérité de la Religion Chrétienne, en 1684
[3] Lors de la réfection du cimetière de cette église en 1791, beaucoup de corps ont été trouvés momifiés, en un aspect de cuir. Ils ont été regroupés dans la crypte où j'ai pu les visiter, comme tout un chacun jusqu'en 1979.
[4] Relever la rencontre avec ce phénomène de chaleur ressentie au moment de la guérison à Lourdes, ou la guérison spontanée de cancer. Vide supra.
[5] Dans ma pratique à l'hôpital de Dakar, les enfants entrant à plus de 42° étaient courants, combinant une insolation à une crise de paludisme. Je n'en ai vu aucun survire. En Europe, le syndrome d'hyperthermie maligne est le plus souvent mortel, il atteint parfois 42°5. J'ai été confronté à un cas de cette pathologie, que je n'ai pu sauver. Les patients qui avoisinent ces températures et survivent ont des lésions viscérales (cérébrales, hépatiques et rénales) entraînant de lourdes séquelles.
[6] L'examen des photos oriente sur le phénomène d'adipocire.
[7] Le gouvernement a interdit cette pratique dès le XIXe siècle !
[8] Le pape François vient d'accepter en mai 2021 de reconnaître le second miracle dû au père de Foucauld. À l'examen des énoncés, il semble que le miracle soit un effet bien naturel , et la relation au père de Foucauld bien distante : il s'agit d'un jeune homme tombé d'une voûte d'une église et embroché de part en part sur un piquet et sauvé par les chirurgiens. J'ai assisté à deux faits identiques dans ma carrière sans qu'on crie au miracle, mais à la chance et l'habilité des sapeurs-pompiers et chirurgiens. Et ce jeune homme, non croyant avant et après (pas convaincu ?), avait un patron croyant qui participait à une neuvaine en faveur de la canonisation du père de Foucauld…
Conclusion.
Il est désolant de constater que de multiples opposants aux différentes confessions chrétiennes persistent à se fonder sur des conceptions périmées pour s'opposer au christianisme, le ridiculiser, en relever les incohérences, parfois l'infantilisme et la naïveté, voire le vilipender, dans de pauvres arguments.[1]
Il est désolant de constater que de multiples personnes ressentant le besoin d'une vie spirituelle soient rebutées par cette présentation du christianisme.
Il est tout aussi désolant de voir les clercs se taire et n'oser affirmer haut et fort ce que beaucoup d'eux pensent et croient in petto ! Mais encore faut-il le révéler ! Car, en se taisant, ils barrent le chemin que certains désirent prendre vers le christianisme.
Certains groupes se confinent dans un niveau de foi où tout est pris au pied de la lettre et non au niveau de l'esprit, tels les Mormons, les Témoins de Jéhovah et les fraternités issues du schisme de Mgr Lefebvre, pourtant institutions estimables quand on constate le haut niveau de moralité de leurs membres, leur mode de vie et la paix civile qu'ils maintiennent. Mais en affirmant des concepts inacceptables par la raison et éloignés du cœur, ils éloignent du christianisme.
Le cœur et la raison doivent se connaître !
[1] Le "Traité d'athéologie" de Michel Onfray est confondant de pauvres arguments. Plus distrayant est le célèbre "Dieu, l'hypothèse erronée – comment la science prouve que Dieu n'existe pas -" H&O éditions, 2009. [God, the failed hypothesis. How Science shows that God does not exist. Prometheus books, 2007]. L'auteur, Victor Stenger, pourtant professeur émérite de physique à Hawaï et professeur auxiliaire de philosophie à l'université du Colorado y fait se succéder arguments scientifiques décalés et discours philosophiques puérils. Lorsqu'il prétend, pour nier une entité divine, qu'il n'a jamais constaté une société ou une culture où la trahison, le mensonge, le vol, sont glorifiés, et où l'honnêteté, le respect de la parole donnée, sont déconsidérées, sans qu'on ait besoin d'un Dieu, et bien avant le christianisme, ne se pose-t-il pas la question de savoir si les vertus honorées ne sont pas le signe que l'humanité les a justement puisées dans une inspiration divine ? Saint Augustin l'a bien mis en évidence, il n'y a pas eu de fausses religions avant le christianisme, comme l'enfant n'est pas un faux homme. Et Mauriac de répéter, « le Dieu que les athées nient n'est pas celui auquel nous croyons »!
POSTFACE
Terminons par l'incipit de cet ouvrage :
Dieu n’est pas l’origine de l’univers, Il en est le but.
Il n'a pas créé ce monde de souffrances infligées et de souffrances reçues[1], d'incohérence et d'absurdité[2]. Il a été l'Essence qui en a permis l'existence. Sans Lui, pas de vide quantique plein d'énergie potentielle, d'équation quantique qui permit l'apparition de matière, positive, négative, noire ! pas de point de singularité ! pas de quarks ni de cordes ! pas de soupe primitive, de bactéries, d'algues bleues, d'évolution vers l'homme !
Qu'importe ce qu'Il est, ce qu'Il a fait, Sa nature et celle de Son fils, seul importe Son message et comment le Christ nous l'a porté pour l'authentifier, par le don total, par sa souffrance, partagée et complétée ensuite par celle de sa mère et de ses apôtres, de ses martyrs. Ce message d'appel à Le réintégrer dans un Nirvana sublime, car fusionnel mais où nous garderons cependant notre identité originelle. Le christianisme est le seul à nous le proposer.
C'est son essence.
NB : "L'essence du judaïsme", qui sera intégrée au livre, fait l'objet sur ce site d'une "page" indépendante.
COMMENT ET POURQUOI J'AI ÉCRIT CE LIVRE.
COMMENT.
En me fondant sur les connaissances et surtout les conceptions contemporaines.
La physique contemporaine.
Le philosophe Michel Serres le répète à l’envi : le philosophe d’aujourd’hui ne peut s’abstraire des dernières conceptions scientifiques.
Imagine-t-on aujourd'hui un philosophe néo-kantien discourir du temps et de l'espace sans tenir compte de la relativité générale et du continuum espace-temps ? de même un moderne Spinoza de l’étendue et de la substance sans connaître l’équivalence de la matière et de l’énergie ?[1] de "Natura sive Deus" sans tenir compte des connaissances actuelles sur la neurobiologie du comportement, la génétique et l'évolution humaine ?
Au XVIIIe siècle, l'évêque anglican et philosophe George Berkeley émet l’hypothèse spiritualiste subjectiviste, ou plutôt "immatérialiste" : « le monde, représenté par nos sens, requiert d'être perçu pour exister en tant que tel ».[2] Cette formulation va bien plus loin que constater que nous ne connaissons le monde que par nos sens, mais « esse est percipi aut percipere »[3] (être, c'est être perçu, ou percevoir) ajoute-t-il. Une chose n'existe que si elle est perçue.
Curieusement la mécanique quantique aujourd’hui la remet au premier plan : le monde tel que nous le percevons résulte de notre perception, voire de notre volonté.
Pour exemple, les démonstratifs diagrammes de Feynman[4] objectivent qu’un photon, particule de lumière, résulte de l’union temporaire d’autres particules et d’ondes d’énergie, se redécompose à son tour en d’autres entités, et qu’il n’est photon ici et maintenant que si nous le voulons pour nous éclairer ! Et toute autre particule obéit à ce mode d'existence.
Curieusement encore, Schopenhauer ressurgit par le titre de son ouvrage majeur : "Le monde comme volonté et représentation"[5]. Jean Delacour, professeur à Paris VII, dans son ouvrage "Le cerveau et l'esprit"[6], définit lui-même la conscience comme "représentation".
Cette résurgence d’hypothèses anciennes dans notre pensée moderne témoigne de l’existence de ce champ de conscience intemporel et ubiquitaire que j’ai nommé "champ JSM" : inconscient collectif de Jung, champ morphique de Sheldrake, et champ de conscience de Mettey. Ce champ analogue aux trois autres champs de la physique. Ce champ où le cerveau humain puise ses découvertes, qui ne sont somme toute que des redécouvertes.[7]
C’est en se fondant sur ces concepts de la physique contemporaine que je propose une interprétation des phénomènes exceptionnels, résurrection, apparitions christiques ou mariales, miracles tels que danse du soleil...
Les expériences de mort clinique.
Ces expériences appelées "proches de la mort" (N.D.E.), "de mort clinique" (meilleur terme car elles peuvent durer plusieurs heures, le sujet étant en apparence de mort, voire déclaré décédé par l'entourage), ne sont en rien des descriptions contemporaines, malgré leurs rapports abondants et leur étude variée !
Platon et Er le Pamphylien, Plutarque et Thespesios de Soles, le Bardo Thödol – le livre des morts tibétains – rapportent un récit identique à ce que décrivent les contemporains qui en ont fait l'expérience.[8] Un médecin décrit sa propre mort, et retour à la vie, de manière professionnelle en bon clinicien, en 1889.[9] Le professeur d'Université en philosophie Raymond Moody, psychologue et docteur en médecine, le neurochirurgien Eben Alexander, le réanimateur Jean-Jacques Charbonnier, n'ont fait que recueillir de nombreux témoignages contemporains, les classifier, les commenter de manière rationnelle et objective.[10]
Les tentatives d'explications "rationalistes" ou triviales – hypoxie cérébrale, hallucinations, constructions mentales au réveil, endorphines etc. – ont été largement contrées dans de multiples travaux.[11]
Ces rapports sont une forte présomption de survie de la conscience individuelle à l'arrêt des fonctions organiques, voire même d'une "délocalisation" de la conscience qui serait en fait ubiquitaire et ne serait localisée en nous que de manière illusoire.
L'effet placebo.
Ce qu'on nomme effet placebo est loin de l'image que l'on s'en fait habituellement, c’est-à-dire une perception psychologique d'amélioration mineure de symptômes, comme l'étymologie pourrait le faire croire : "placebo" : "il me plaît" ![12] Il ne s'agit pas ici de l'effet psychosomatique.
Dans l'effet placebo, l'esprit provoque, à partir de croyances, de suggestion, d'interprétation de ce qu'il reçoit, une réaction physiologique qui peut être puissante, voire inattendue et "miraculeuse". Cf. le cas rapporté de cette femme en phase de cancer généralisé résistant à toutes formes de thérapeutiques. J'ai souvent été le témoin d'enfants en phase terminale de leucémie ou de cancer généralisé voyant leurs souffrances diminuer à l'annonce de la visite des frères et sœurs pour le prochain week-end, jouant avec eux gaiement le dimanche, et s'endormir pour quitter notre monde paisiblement dans la nuit du dimanche au lundi.
Cet effet placebo est étudié de manière objective depuis quelques décennies. Les épidémiologistes de Californie ont constaté, étudiant la communauté chinoise, une baisse de la mortalité des anciens et des malades à l'approche des fêtes traditionnelles familiales, et un "rebond de rattrapage" une fois celles-ci passées. La chair est faible, mais l'esprit est fort.
Des secrétions de neurotransmetteurs ont été validées, des modifications des échanges des circuits cérébraux constatées. Chaque ganglion du système immunitaire est innervé par une terminaison neuronale, rendant compte d'un effet immunitaire, différent ontologiquement et bien loin d'un ressenti psychologique.
Cet effet a contrario peut parfois être délétère : effet "nocebo", induisant des dégradations physiologiques, voire des décès. Le stress chronique induit une augmentation de décès sans qu'on en matérialise la cause.
Cet effet d'action de l'esprit sur la physiologie passe parfois par des voies non matérielles.
En réanimation infantile, des protocoles rigoureux de nouvelles voies d'action sont mis en place, un groupe le subissant, un autre restant à l'ancien protocole comme "contrôle". Il s'est avéré, qu'en cas d'effet bénéfique de ce nouveau protocole, le groupe étudié a beaucoup moins de mortalité et morbidité, mais aussi que le groupe "témoin" est amélioré sur les statistiques antérieures, lorsqu'il subissait des soins sans comparaison à un autre groupe. Les soignants prêtent-ils à ces enfants plus d'attention qu'en temps habituel, ou leur transmettent-ils une action immatérielle ?
L'homéopathie participe principalement de cet effet placebo, même si le professeur Benveniste a cru l'objectiver en ayant cru démontrer une "mémoire de l'eau". Mais un argument étonnant en faveur de l'homéopathie d'action matérielle directe est que cette thérapeutique a un effet indéniable sur des jeunes enfants ou des animaux ! Or il s'agit ici de soins donnés par des adultes aimants ou pleins d'empathie à des êtres à qui ils sont attachés émotionnellement.
Encore une fois, le champ de conscience semble bien être l'interprétation la plus judicieuse.
Le champ de conscience.
Dans mon ouvrage "Les énigmes de la conscience" – sous-titre "comas, rêves, expériences de mort clinique, vie fœtale… vie secrète des animaux et des plantes"– [Frison-Roche éditeur, Paris, juillet 2018. 258 pages], m'appuyant sur les dernières conceptions de la Science, j'ai été conduit à fonder l'hypothèse d'un champ de conscience universel permettant à tout système nerveux d'accéder à sa propre conscience, ici et maintenant, de degré divers en fonction de sa complexité. Ce système lui permet d'entrer en communication avec toute idée universelle, qu'il soit hébergé dans le règne animal, végétal, aux limites du vivant voire de l'infra-vivant. Ce champ JSM (Jung-Sheldrake-Mettey) étant analogue aux champs gravitationnel, électromagnétique ou de Higgs.
Cette hypothèse du champ de conscience donne un éclairage sur les phénomènes de synchronicité, de "réincarnation", d'expériences de mort, de communion de pensée, de visions collectives, de transmission de foi et de croyances.
[1] Et pourtant dans la revue "Le monde de la philosophie" un philosophe "professionnel" – dont je tairai le nom – déclamait « oui il faut faire renaître Spinoza, mais sans s'égarer dans la voie d'un Damasio » [l'auteur de "Spinoza avait raison. Le cerveau des émotions" est professeur de neurochirurgie. NDR]. Continuons à brasser de l'air !
[2] Notice "George Berkeley", Wikipédia.
[3] Principe de la connaissance humaine. I, 3
[4] On en trouvera, entre autres, une présentation accessible et agréable dans "Y a-t-il un grand architecte dans l’univers" de Stephen Hawkin et Léonard Mlodinow, p.130 sq. Les diagrammes de Feynman ont été développés à l'origine pour les interactions des électrons, des fermions, mais des physiciens en ont élargi ensuite l'application aux autres particules dont les bosons.
[5] Une nouvelle et excellente traduction est parue en 2009 par Christian Sommer, Vincent Stanek et Marianne Dautrey. Gallimard, "Folio-essais".
[6] Presses universitaires de France, collection Que sais-je, 1995.
[7] Jacques Monod, matérialiste par excellence, pour expliquer qu'à chaque hypothèse mathématique arbitraire (ex. les nombres imaginaires) on trouve de suite une application dans la nature, estimait que « le cerveau humain s'étant construit sur les lois de la nature, il contient en lui toutes les connaissances de la nature ». On peut en douter. Il les contient certainement, mais encore faut-il les conceptualiser. On voit mal un code génétique, puis que Monod était généticien, être à l'origine d'un réseau de neurones conceptualisant les nombres imaginaires ou un cosinus hyperbolique.
[8] Étude critique et complète dans mon ouvrage "Les énigmes de la conscience", p.206 sq.
[9] Détails et réf. op. cit. p. 206 sq
[10] Bibliographie et références dans op. cit. p.208 sq.
[11] Ibid. p.209
[12] On croirait assister à un vote d'évêques en synode ou concile : "placet", "non placet" !
POURQUOI.
Les forces anti-chrétiennes, en fait forces matérialistes et hédonistes, ont bien œuvré depuis un siècle au moins. Le respect de la vie et surtout de celle des faibles, des handicapés, des enfants près du terme, la fidélité dans le mariage, l'amour humain considéré comme le reflet d'un amour universel, peut-être divin, la sexualité considérée comme l'expression de cet amour, et tant d'autres valeurs, ont été remisées au placard des valeurs obsolètes.
L'Europe occidentale en est le plus parfait exemple ; alors que les tentatives d'éradication du christianisme dans le pays marxistes n'ont fait que renforcer la foi – il n'est que de voir le renouveau de l'orthodoxie russe –, le libéralisme l'a détruit. La France n'est plus catholique que de nom et les autres confessions survivent à peine. En Suède, seuls 4 % des sujets fréquentent les offices de l'Église luthérienne d'État (ce qui n'empêche pas 34 % de réclamer un enterrement religieux). Les gouvernements communistes et ses persécutions – que l'on se souvienne du Père Popieluszko, subissant des pressions pour renoncer à la prêtrise, emprisonné, échappant à deux attentats, et frappé jusqu'à la mort – ont créé par réaction une Église catholique forte et résistante… qui se délite actuellement sous le vent du libéralisme…
Mais l'Homme, seul être pensant et doué d'introspection de cet Univers[1] a un besoin inné et impératif de se sentir inséré dans une Histoire éternelle et universelle, et le priver de cette perspective est le rejeter dans la névrose d'angoisse ou les conduites déviantes qui le rendent malheureux.
On prêche aux jeunes la sexualité multiple dès les années d'adolescence, le rejet de toute autorité morale supérieure, l'idée d'un Dieu est risible, le dévouement à une patrie et à une nation une abomination, risquer sa vie pour un idéal une déraison.
Or tous les éducateurs d'enfants et d'adolescents notent encore que les adolescents et jeunes restent "fleur bleue", qu'ils attendent un amour véritable, que la majorité des filles rêvent d'être mère dans un foyer stable !
Le résultat de ce conditionnement ? Le mal-être absolu de toute une génération, et surtout, l'islamisme !
Les jeunes d'origine musulmane, à cette dérive hédoniste moderne, répondent par l'obéissance à un Dieu unique plein de miséricorde pour ses croyants et sévère pour les impies, exigeant la soumission[2], révélé au mot à mot par un écrit qui ne se discute pas; par un retour de la pudeur la plus stricte, les hommes couverts, les femmes voilées; par la proscription de l'alcool; par la fidélité dans le mariage et la préservation de la virginité jusqu'à celui-ci; par l'adulation d'une patrie transcendante pour laquelle on est prêt à mourir, … et à tuer !
Je n'approuve pas ces jeunes qui se tournent vers l'islamisme, mais je les comprends ![3]
Sans ce désespoir devant l'enseignement laïque actuel ne répondant pas aux aspirations profondes de l'être humain, comment expliquer le départ pour l'État islamique de jeunes catholiques bretons ! de jeunes femmes "gauloises" et chrétiennes acceptant la polygamie pour suivre un jeune homme en Syrie !
Il fut un temps où des Français "de souche", et même de célèbres (dont Béjart, et avant lui l'expert en symbolisme René Guénon), se convertirent à l'Islam, mais sous sa forme du soufisme, islam mystique, syncrétiste et ouvert. De nos jours les Français de souche ou d'origine africaine se convertissent au salafisme !
Les forces qui ont travaillé à éteindre toute moralité et spiritualité, catholicisme inclus mais non exhaustif, ont abouti à un excellent résultat, mais pas celui qu'elles attendaient !
À cette aspiration éternelle, qu'ont à donner les traditions chrétiennes ?
Le catholicisme persiste à imposer des dogmes anti-intuitifs et hors des limites d'acceptabilité pour un esprit contemporain, malgré les transformations conciliaires de Vatican II.
Je verrais très bien cohabiter au sein d'une même confession, au sein de cérémonies communes, au sein d'une même structure architecturale, église ou cathédrale, des croyants d'interprétations très différentes in petto. Dans leur pragmatisme anglais, les anglicans admettent que leur Church of England héberge une "hight church" de liturgie et tendance anglo-catholique, une "low church" de foi réformée, et une large tendance multitudiniste ("broad church") sans prise de position nette entre les deux… Lors de l'eucharistie, certains fidèles identifient la présence spirituelle réelle du Christ dans le pain consacré, d'autres se voient en une commémoration symbolique, mais tous y participent !
Unitarien et de pensée protestante, j'ai assisté dans une petite église de campagne d'Eure et Loir (la seule qu'un évêque progressiste – et intolérant parce que progressiste – avait concédée aux fidèles demandant un office au rite tridentin) à une messe suivant "le rite extraordinaire". Quel enchantement nous vécûmes, mon épouse de foi réformée depuis toujours, ma sœur, catholique conciliaire, et mon fils et moi-même, "chrétiens indépendants". Il y avait de jeunes couples avec leurs enfants, et voir ces petites filles et garçonnets aller les mains jointes recevoir l'eucharistie et en revenir le visage transformé fut un moment de grâce ! Même pour moi qui doute sérieusement de la transsubstantiation et même de la présence spirituelle dans l'hostie...
Le protestantisme a su un instant développer des interprétations novatrices et en concordance avec la pensée contemporaine, surtout dans ses courants libéraux, avec des Albert Schweitzer, Dietrich Bonhoeffer, la lignée des pasteurs Monot, mais force est de constater que les Églises institutionnelles – en France les courants réformés et luthériens réunis ce jour dans l'Église protestante unie – peinent à déplacer les foules !
Certes les Églises évangéliques se développent de manière dynamique, avec enthousiasme, et leurs courants charismatiques ont même "contaminé" le catholicisme – il existe des mouvements charismatiques catholiques –, mais ce protestantisme dans certaines de ses voies retourne à l'obscurantisme tant dans ses manifestations que dans ses conceptions : les protestants fondamentalistes des États-Unis n'en sont-ils pas à vouloir imposer dans les écoles la doctrine créationniste en 7 jours et un âge de notre monde de 6 000 ans, à nier l'évolutionnisme ?
Les mouvements issus du protestantisme sont à juste titre crédités d'un rétablissement de mœurs et d'une vie saines ("mens sana in corpore sano") – les Adventistes, les Mormons et les Témoins de Jéhovah proscrivent l'usage des drogues, de l'alcool, d'une nourriture excessive, déconseillent fortement l'usage du tabac, promeuvent la fidélité avant et après le mariage, le respect de la parole donnée –, mais leurs doctrines strictes (encore plus autoritaires que pour les catholiques !) n'attirent plus. Seules des techniques à la limite de la manipulation mentale ou sectaire permettent leur développement.
Oui, il est temps de ramener les hommes et femmes d'aujourd'hui dans les Églises historiques, mais… avec une vision nouvelle !
BIBLIOGRAPHIE.
Les références précises sont appelées en notes de bas de page au cours du texte, mais certains ouvrages m'ont plus particulièrement inspiré. Certains sont anciens, mais aucune étude ne les a dépassés.
Jean Bottéro. Naissance de Dieu. La Bible et l'historien. Gallimard, 1986, le grand livre du Mois, 2001. Ouvrage capital et unique analysant et synthétisant la naissance et l'évolution du judaïsme. Indispensable à connaître pour quiconque aspire à comprendre le judaïsme.
Aimé Michel. Métanoia, phénomènes physiques du mysticisme. Albin Michel 1983. Ouvrage de référence par ses qualités d'enquête et d'interprétation sur les effets du mysticisme non explicables rationnellement.
Herbert Thurston. Les phénomènes physiques du mysticisme. – préface de Rémy Chauvin –. L'esprit et la matière. Éditions du Rocher. Cette traduction publiée en 1961 par Gallimard et reprise en 1986 par Le Rocher, est le recueil de conférences et d'articles du Père Thurston, réunis et publiés en anglais par J. H. Crehan en 1951. Cet ouvrage dense (508 pages) est une somme réunissant quasiment tous les cas connus de phénomènes physiques relevés chez des mystiques chrétiens. Bien entendu les cas contemporains n'y figurent pas, mais malgré son ancienneté il mérite d'être compulsé.
Israël Finkelstein, Neil Asher Silberman. La Bible dévoilée. Les nouvelles révélations de l'archéologie. Bayard, 2002. Autant l'ouvrage de Bottéro est indispensable pour comprendre le judaïsme dans son ontogénèse, autant cet ouvrage, démontant plus d'une croyance fortement établie jusqu'ici, écrit par deux universitaires archéologues, tous deux juifs – donc non suspects d'aversion pour le judaïsme –, l'un états-unien, l'autre belge, est indispensable pour appréhender la véritable histoire du peuple juif.
Pierre Petit. Lourdes, les protestants, la tradition chrétienne. Collection les Bergers et les mages. Paris 1958. Bien qu'écrit par un réformé ("calviniste", la voie la plus épurée du protestantisme) qu'on ne s'attende pas à trouver dans cet opuscule une diatribe contre les miracles de Lourdes et les dogmes catholiques, mais une réflexion pertinente sur les miracles qui ne sont ni niés, ni interprétés, ni remis en cause, l'auteur concluant "qu'on ne peut actuellement juger", mais ils sont remis en condition en fonction de la foi réformée. Cet ouvrage est en fait une "mariologie comparée catholique vs réformée" !
Fig 1. La trinité. Le chef d'œuvre d'Andreï Roublev : la Trinité est représentée sous la forme de trois anges. Le Saint-Esprit présente le Fils et la coupe de son sang, au Père.
Figure 2. Marie universelle. Cette Marie de l'artisanat sénégalais n'est pas la "Vierge noire" des églises européennes, elle a un visage aux traits négro-africains. Elle ne choque pas plus que des Vierges aux traits japonais ou indonésiens. Marie est universelle.
Figure 2. Marie universelle. Cette Marie de l'artisanat sénégalais n'est pas la "Vierge noire" des églises européennes, elle a un visage aux traits négro-africains. Elle ne choque pas plus que des Vierges aux traits japonais ou indonésiens. Marie est universelle.