Haïku, Haïkaï et Tanka. (Poèmes d'inspiration asiatique).
HAÏKU, HAÏKAÏ ET TANKA
(poésies d’inspiration asiatique)
Le haïku est la forme la plus épurée du poème d’origine chinoise, le haïkaï ou le tanka. Eh oui, le génie japonais est de ne rien pouvoir inventer, mais de porter au sublime ce qu’il copie, surtout puisé dans la civilisation chinoise : l’art du bonsaï ; l’art poétique avec le haïku ; le théâtre poussé à l’extrême du dépouillement avec le Nô ; le bouddhisme intellectualisé et dématérialisé avec le zen !
Faire puis boire une tasse de thé prend un quart d’heure en Chine, dix minutes en Europe ; une après-midi au Japon, sous la direction d’un maître du thé, que les daīmios se disputaient autrefois!
Ce n’est qu’avec l’écriture que la copie fut pire que l’original !
Un haïku était une introduction très courte d’un poème lui-même court, le haïkaï, exprimant avant tout une sensation émotionnelle devant la nature.
Eh bien les poètes nippons ont décidé de ramener cette expression à la seule introduction !
Un haïku se décline en trois phases, trois lignes pourrait-on dire s’il ne s’agissait d’idéogrammes : une première séquence de cinq syllabes - phonèmes pour les experts -, une seconde de sept ,une finale de cinq.
Pour Matsuo Bashō, le plus célèbre haïkiste de tous les temps, le Haïku traduit l'idée de la beauté de l'éphémère, que toute la valeur de la vie se trouve dans ces instants fugitifs qu'il faut absolument capturer. Un peu comme une transposition japonaise de notre «carpe diem».
Le poète occidental qui veut se confronter à l’art du haïku pour exprimer ses émotions par les plus pures ellipses, a le choix entre deux voies : s’astreindre à cette métrique, ou tenter de parvenir à l’essence du haïku : provoquer le plus de sensations avec le moins de moyens.
C’est la voie que j’ai choisie.
J’ai baptisé ce recueil « haïkus, haïkaïs et tankas » : au lecteur de classer ces poèmes dans la case qu’il désire ! Il y a cependant un haïkaï : au lecteur de le trouver - il a obtenu d’ailleurs un prix dans un concours international !
1
I
Une rose
Soleil couchant
Nuages de sang
Ciels livides : pétales violines
II
Tombeau
Soir de Mai
Faible brume
Bâtonnets d’encens
Nuages problématiques
Des sanglots dans le vent
Nuit
Lune
Mer
Faible brise
Poissons volant
Vaguelettes
Piécettes d’argent
IV
Matin
Sous-bois
Aurore indécise
Humus fumant
Petits derrières blancs des lapins détalant
Débarqués des palans
VI
Lune
dans la brume
froide
de l’étang
Se demande :
aurore de Printemps
ou soir d’Automne ?
Poitiers, oct. 1980-St Rapha l juil.2009
VII
Printemps
Timide
Dans le champs enneigé
Une pâquerette :
Le Printemps
VIII
Escargot
Un escargot
Lent, lent, lent
Mais vraiment lent
Pourquoi se presserait-il ?
Rentrer chez soi ?
Déjà il y est !
Cet haïku a obtenu une mention dans un concours international de Haïku en 2009
IX
Nuages
Où
Partent les nuages
Là
Va mon espérance
Où
Partent les nuages ?
Poitiers mars 79
X
Haï Kaï
[N.D.A. Le Haïkaï est une forme poétique ancienne chinoise dont est issu le Haïku]
Le Pékinois me mordille
la cheville
Un coup de pied bien ajusté :
« Haï Kaï Kaï Kaï…. »
St Raphaël mai 09
Cet haïku a obtenu un prix dans un concours international de Haïku en 2009
2
Universels
I
Ephémère
Abeille :
Ventre velours or et graphite
Jasmin :
Mauves pétales
Soleil levant : pâles, pâles rais :
ors jasmins velours
mauves graphites
illuminés !!!
Fragile ,
Ephémère instant !
DISPARUS !!!
QUI l’a tué ??
Nuage là haut
Un instant interposé ?
Brise
Fleur effleurée ?
Caprice d’instable insecte ?
Mais QUI ??
(et ce qui nous tuera NOUS :
aura-t-il plus d’importance ?)
Poitiers, déc.73-St Raphaël avril 09
1
Nuit,
Sans lune,
Bruits
Sourds, étouffés,
Lointains,
Imperceptibles-perceptibles peu à peu
Battements d’un métronome irrégulier :
Un cœur qui ne serait pas le mien ?
Tiédeur
Douceur
Chaleur
Langueur
Aquatiques
Peut-être naîtrai-je ce matin ?
2
Nuit,
Sans lune,
Sans bruits,
Immobile éternité
Déjà mille ans que je suis au tombeau !
Poitiers fév. 74
V
Je n’aime pas ces heures qui s’étirent en longueur
Poitiers jan 82-St Raphaël mars 09
VI
DIEU
Moi
LE CHAT
La souris
Poitiers nov 80-oct 86-St Raphaël oct 06
VII
Iles Lipari
éblouissant
Soleil
éclatant
darde
ses rayons
Fumerolles
Langoureuses
se dissolvent
en zig-zag
Sentes
titubantes
sur les pentes
du Stromboli
Brise disperse étouffante
à grand peine l’atmosphère
Mer Oléagineuse Violine Émeraude tour à tour Paresseuse Langoureuse Endormie
Poitiers oct.74-oct 80- St Raphaël mai 09
VIII
1
L'enfant dort
Et Dieu se met à fondre
L’enfant dans son sommeil sourit
Et les Anges pleurent
2
L’enfant dort
Le silence est d’or
L’enfant bouge
Un sourire sur sa bouche ?
L’enfant soupire :
Le silence est mort !
Silence
Souffle
Soupir
Chut !
L’enfant … d’or !
Poitiers nov 80-fév 81
IX
Femmes
1
Jardin privé
Deux cerises
Trois touffes d’herbe rares
Un lys
Poitiers mars 79-St Raphaël Mai 09
2
Printemps
Petite fille
Un matin d’équinoxe éclosent : deux bourgeons , une fleur :
Petite femme !
Poitiers oct. 80-Avr.81-St Raphaël mai 09
X
Paradis-s
Nouveau-né
Paisible
Sommeil calme :
Béatitude ?
Amant comblé
Epuisé
Sommeil de plomb :
Extase ?
Nouveau-trépassé
Apaisé
Sommeil d’airain :
Nirvâna ?
Béatitude, Extase, Nirvâna :
Mêmes paradis-s ?
Poitiers mars 79-St Raphaël mars 09
Epilogue
Le cul trempé dans l’encre
Sur le parchemin
Le hanneton trace
Une calligraphie débile
-Et ta poésie alors ?
Poitiers nov 82-St Raphaël mars 08-juil 09