Variata (recueil poétique)
Variata (recueil poétique)
1
Taj Mahal
Si ton esprit voulait un jour partir
Ne laissant que ton corps objet de mon amour
Je le porterai sur les bords du Gange
Et là
Sur un lit de Santal et de fleurs odorantes
Au son des fluttes ondulantes et des chants nostalgiques
Je le brûlerai
De tes cendres je ferai un nuage
Que j'épandrai
Dans les jardins du Taj Mahal
Au pieds des blancs rosiers
Et j'y resterai
Pour t’y revoir à chaque printemps
Renaître en éclatantes pétales
Ce poème a obtenu en 1999 le grand prix de poèsie "mention spéciale, exotisme" au concours de poèsie de Marseille (Délégation régionale Provence Côte d'Azur de la Société des Poètes Français -fondée en 1902 par Sully Prudhomme et José-Maria de Heredia, ma chère!-)
2
POÈME TROUVÉ DANS UNE SOUCOUPE VOLANTE ACCIDENTÉE,
Près du corps de deux humanoïdes enlacés, jamais déchiffré, probablement écrit en langage énochien.
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Pour les férus de poésie, cet écrit semble être un sonnet ?
3
Petit poème en prose
L'oncle se tourna vers son neveu:
<<-Avez-vous peur?
-mon oncle, je suis officier, vous le savez; certes tout jeune officier, le mois dernier j'étais encore premier lieutenant, et mes galons de capitaine sont encore neufs sur mon Dolman à peine sorti du tailleur, mais j'ai déjà à mon actif une centaine de batailles, notre petit caporal s'étant évertué à liguer le monde entier contre nous; j'ai tenu le premier rang dans ma compagnie quand les adjudants faisaient la chasse aux conscrits qui tentaient tout pour se placer sur les flancs (les "tire-au-flanc") ou en dernière ligne (les "tire-au-cul"), lors de ces grandes tragédies que furent Eylau, Iéna, Leipzig, où le souffle des dieux (et des boulets) ravageaient les rangs de jeunes soldats en grappe autour de moi; j'ai vu le regard terrible de dizaines d'Anglais nous mettant en joue et attendant sans faiblir l'ordre de tirer, nous laissant avancer jusqu'à les toucher, leurs bordées de balles fauchant mes compagnons et ce petit tambour qui mourut en souriant; promu dans la cavalerie, j'ai participé à la charge héroïque –furia francese!- de l'escadron du Colonel Chabert qui perça par deux fois les lignes russes à Wagram; j'ai tenu le dernier carré avec Cambronne à Waterloo; mais j'ai participé aussi à de furieuses escarmouches en Espagne, où le faible nombre de combattants n'enlevait rien à l'horreur des combats que nous terminions à l'arme blanche, et me souviens encore de cet hidalgo ensanglanté qui se releva pour me poignarder, mais, constatant que mon sabre était cassé, je dus l’achever en lui enfonçant avec effort ma lame brisée dans la poitrine jusqu'à la garde; j'ai vu des couards se terrer dans des tranchées où les balles semblaient aller les chercher pour les tuer, pendant que moi, à l'avant de mes troupes je n'avais pas une égratignure à la fin du combat; j'ai entendu des boulets passer au-dessus de ma tête en ronflant pour aller exploser sur l'arrière des lignes et leurs éclats faucher les derniers rangs, arrachant des bras, fendant des ventres, et les cris de douleurs des hommes meurtris semblaient plus intenses que les explosions; quand on a vécu cela, mon Oncle, on se dit que la mort ne veut pas de vous, on se croit indestructible, ou alors que notre heure doit arriver, quoi que l'on fasse pour l'éviter ou l'avancer! Alors de quoi pourrais-je avoir peur?
-certes, la mort semble vouloir vous épargner, mais la souffrance?
-quand on est devenu sourd aux cris des blessés qu'on ampute à vif sur le champ de bataille, qu'on a entendu les hurlements des artificiers qui brûlent dans la sainte Barbe en feu au cœur de la redoute, les geignements de nourrisson du blessé recroquevillé sur l'orifice qu'a laissé la baïonnette sur son ventre, les sanglots du grenadier qui tient de sa main valide l'avant bras entaillé par le sabre, quand on sympathise avec de nouveaux amis qui, à peine connus, vous sont enlevés par le dieu de la guerre, on se dit que la souffrance non plus ne veut pas de vous!
-et si je vous refusais la main de ma fille, jeune cavalier présomptueux et téméraire?
-alors c'est vous qui devriez commencer à avoir peur, mon Oncle>>.
Fréjus avril 2000-déc 2002
4
Les enfants s'amusent en construisant le monde.
Petit poème en prose
En rêve l'ange à l’épée flamboyante m’intima: "regarde"!
Et je vis:
-le soleil
-la lune et les étoiles
-un petit garçon, tout nu ceint d'un petit tablier
-une petite fille, toute nue, au même tablier le rabat relevé pudiquement sur la poitrine
-un angelot jouant du triangle
Les deux enfants s'amusent à édifier un château de sable, l'un tenant un maillet, l'autre une pelle à sable, ... ils les posent sur le sable puis entrent dans une cabane passant la porte encadrée de colonnes, l’une portant gravé le prénom Jean (peut-être du garçon ?), l’autre Béatrice (de la fille ?) - dont je ne sus le style, dorique ou autre-, brisées ou pas, pour y jouer avec des cubes.
Sur un arbre un oiseau (pélican, phénix, colombe... je ne sais), qui les regarde amusément.
Déc 2002-déc 2018. F SR V
5
Échecs
-E4
-Euh...7
-Cavalier saute D7
-Fou prend cheval D7
-Folle* prend E4
*il s'agit d'une joueuse. D'ailleurs grande maîtresse, et maîtresse tout cours d'un grand maître international.
-Tour fait un tour en taxi G7
-jument prend tour G7
[ En 1924, au tournoi des jeunesses communistes de Mourmansk, Davidhoff avait tenté ce coup; Krokignof avait répliqué Tour G8]
-A4 [Ce n'est pas un boulevard qu'ouvre ce pion vers le roi adverse, c'est une autoroute!]
-Cheval F1 ? [Ce cheval se croit sorti d'une écurie automobile]
-Dame D3 !!! [Beau coup! Le joueur semble-t-il connaît la variante Le Houézic, jouée au tournoi de la maison des jeunes et de la culture de Paimpol, en 1962, renouvelant la défense Schromski de 1926 à Léningrad; à moins qu'il ait fait ça au pif, tout simplement!]
-B1
-B2 !
-B6!!
-B12!!! [à attaques vitaminées, répliques survitaminées!]
-Dame prend pion E4 (pion prend gnon!)
-Fou prend Dame E4
-Roi blanc danse le roque
-Roi noir désir danse le rock!
-Fou D6 [échec à la dame blanche]
-Dame F8 [touche pas à la dame blanche!]
-pion E8 devient Dame (transsexuel?)
-Roi G8 [le roi est nu! plus de défense]
-Dame blanche mate le roi!
-Roi se couche et s'abandonne.
Nota : des lecteurs de mon blog semblent ouvrir régulièrement cette "page" variata. Mais s'il veulent une autre façon d'envisager la poèsie, je leur suggère d'aller sur "Haïku, Haïkï et Tanka". Recueil de poèsies d'inspiration asiatique.