Singulières destinées post-mortem.
SINGULIÈRES DESTINÉES POST MORTEM
Pour l’immense majorité des humains, la famille, les amis, ou d’anonymes salariés (fossoyeurs municipaux pour les indigents, militaires pour les combattants), conduisent leur corps "à sa dernière demeure’’, pour "un repos éternel’’, promis à un retour à l’humus dont nous fûmes tirés, ou en attente d’une espérée résurrection. Ce ne fut pas le cas, hélas, pour un certain nombre de personnages hors du commun la plupart du temps, et qui ne trouvèrent pas le repos attendu, même s’ils trouvèrent une extension de notoriété… A ne pas être du commun durant sa vie expose à ne pas l’être durant sa mort… voilà qui nous console de notre normalité ! Voici quelques-unes de ces pérégrinations relevées au cours de mes lectures… Cette énumération n’est pas morbide, elle permet de mieux se rendre compte de l’état actuel de l’esprit humain, pas tant évolué que l’on se l’imagine (voir la conclusion).
Spinoza : « envolé » !
Le cercueil dans lequel il repose est volé pendant la nuit précédent son enterrement dans "La nouvelle église" d'Amsterdam! Nul ne saura ce qu'il est devenu. Des protestants scandalisés que ce juif d'origine, quasiment athée si on comprend mal sa philosophie, en tout cas ni chrétien ni même théiste, l’enlevèrent-ils puis le jetèrent à la voirie ou l’inhumèrent en campagne? Fut-il enlevé par les Juifs qui l'avaient déjà pourtant excommunié ("exclu de la Synagogue" : le Herem) pour là aussi le jeter ou l'enterrer dans la nature? ou au contraire être réintégré en "terre juive consacrée"? Sa "tombe" actuelle est vide! Et elle porte l’inscription : « cave » -prends garde, en latin- : ses amis auraient dû prendre garde avant.
Christophe Colomb : son corps a autant voyagé après sa mort que de son vivant.
Et s'il a découvert l'Amérique alors qu'il croyait avoir rejoint le continent chinois et le Japon, nul ne sait vraiment où sont ses restes, aux Antilles, en Espagne ? En fait, Christophe Colomb, mort en Espagne à Valladolid en 1506, souhaitait être enterré à Saint Domingue. Dans un premier temps son corps fut inhumé au couvent de l'Observance de Valladolid. En 1509, ou 1519 ─déjà l'imprécision pointe son nez!─ il fut transféré dans un tombeau de la Chartreuse de Séville, où le rejoignit la dépouille de son fils Diego en 1526. Mais quelques années plus tard, en 1537, accédant à la demande testamentaire, les deux corps, ou les deux squelettes (fait capital) furent embarqués sur un navire, on leur fit traverser l’Océan Atlantique, et Christophe refit son premier voyage vers les Antilles, enfin conduit à Saint Domingue où ils furent placés dans un mausolée de la toute récente cathédrale. Saint Domingue devenue française en 1795, les révolutionnaires ne souhaitaient pas garder les reliques de celui qui avait conduit au génocide et à la soumission des Amérindiens, les restes furent conduits à Cuba dans la cathédrale San Lorenzo le 20 décembre de la même année. Cuba, colonie espagnole devenant indépendante en 1898, ne voulut pas plus garder ces restes! Pour finir, ils retraversèrent l’océan pour être de nouveau inhumés en Espagne, dans un somptueux tombeau à l'intérieur de la cathédrale de Séville, où on peut le visiter.. Pour finir ? Que non ! De même que Christophe, alias Cristoforo, alias Christobal, avait navigué sans savoir où il arriva ─quand on part vers quelque part, on arrive toujours quelque part, mais parfois quelque part ailleurs─, on ne sait avec certitudes où sont ses restes ! En effet en 1877 des travaux réalisés dans la cathédrale de Saint Domingue ont découvert un coffret de plomb comportant le nom "de l'illustre Christophe Colomb". Les Dominicains depuis sont persuadés de détenir les ossements de l'illustre amiral. En 2005 les autorités de Saint Domingue ont refusé des analyses d'ADN sur ceux-ci, et ont construit un pharaonesque monument pour les abriter ! Mais pourquoi analyses d'ADN ? Parce que le tombeau de Séville fut ouvert en 2003 pour comparer les os avec ceux du frère de Christophe, Diego, qui, eux, étaient certains. Les dépouilles éaient bien apparentées, voire issues de la même mère, ou grand-mère... Si les ossemnts retrouvés à Saint Domingue sont bien ceux de Christophe, ne sont-ce pas ceux de son fils Diego qui furent rapportés en Espagne ? Autre mystère : le total de la matière osseuse recueillie dans le tombeau de Séville pesait 200 grammes ! Bien peu pour un squelette d'homme adulte ! Où est "le reste des restes" ? Les Dominicains et les Espagnols, voire les Cubains, se sont-ils partagés les nonos ? Des collectionneurs ou des zélés admirateurs ont-ils gardés quelques reliques pendant les transferts de lieux et de cercueils ? Les Dominicains ont-ils "refilé" les os du fils Colomb aux Castillans (comme les Anglais nous auraient remis le corps de Cipriani, maître d'hôtel de Napoléon ?). Chi lo sa ?, aurait pu dire Christophe en sa langue originelle ! En tout cas, si vous allez à Séville, rendez-vous y pour admirer la ville et sa belle cathédrale, pas pour vous émouvoir devant un tombeau contenant 200 g de poussière protéinocalcique... Sources : Après avoir été orienté par plusieurs écrits et documents, c'est la remarquable étude, car claire, documentée et plaisante, de Marie Christine Pénin, "Christophe Collomb" sur son site www.tombes-seputures.com qui m'a le plus inspiré. Rendez-vous y plutôt qu'à Séville.
Eva (Evita) Peron : N’a cessé de voyager !
A sa mort en 1952, Eva (surnommée "Evita" par les descamisados) fut embaumée. Le médecin spécialiste espagnol perfectionnera son travail pendant deux ans, ce qui explique la parfaite conservation de ce corps pendant longtemps. Exposée à Buenos Aires jusqu'en 1955, sa dépouille suit son mari Juan Perón lors de sa dépose par les Argentins et de son exil en Espagne en 1955. Dans un premier temps Perón partit seul. Le corps d'Eva commença un périple sur place, placé dans une caisse (!) estampillée "matériel radioélectrique", il fut transporté de places militaires en casernes et aurait subit des profanations de la part de soldats. Logé dans un van dans une caserne des services secrets, mystérieusement son cercueil était régulièrement fleuri et entouré de bougies allumées. Devant cette ferveur populaire, les dictateurs militaires le firent s'envoler à Bonn où il fut enterré dans le jardin de l'ambassade argentine. Enfin, de nouveau déplacé, il fut inhumé secrètement en Italie, dans un cimetière de Milan, sous une fausse identité. La véritable n’était connue que du Pape Pie XII ( !), d’un prêtre et de rares officiers généraux des services secrets. En 1971, comme un clou chasse l'autre, d'autres militaires chassent les premiers du pouvoir et, contre sa promesse de les approuver moralement, ces derniers rendent le corps à Juan Perón qui l'accueille à Madrid. En ouvrant le cercueil, Perón se serait écrié : "elle est comme vivante", et "elle n'est pas morte, mais entrée dans l'éternité", preuve du bon travail de l'embaumeur ! Le corps fut gardé dans une chambre de la villa madrilène, voire exposé dans la salle à vivre, et des rumeurs rapportent qu'Isabel, la nouvelle femme de Perón, se serait livrée à des rituels occultistes pour capter la force d'Evita... En 1973, Peron retrouve le pouvoir personnellement, et le sublime corps subira de multiples pérégrinations ensuite lors du retour de Peron en Argentine puis de sa mort. Isabel Perón accepte de rendre le corps à l’Argentine. Exposé encore une fois au public, il est définitivement enterré à Buenos Aires dans le caveau de sa famille. Mais son linceul a été mis en vente aux enchères en juillet 2004, à Rome, et trouvera preneur à 40 000 euros!
Jésus le Nazaréen, ou de Nazareth. (Étude laïque)
Sa mort sur la Croix a été sujette à caution. On mourrait lentement sur la croix (au moins douze heures). C'est pourquoi pour "accélérer" les choses, par "humanité" (!) on avait l'habitude de casser les tibias des crucifiés (qui ne pouvaient alors plus se soutenir et étouffaient plus vite). Quand on dit à Pilate que Jésus était mort après seulement trois heures, celui-ci est étonné, et commande à un centurion d'aller constater le fait. Celui-ci fait donner un coup de lance par un soldat. Mis au tombeau, celui-ci est retrouvé vide deux jours après ("le troisième jour"). Son "corps" n'a jamais été retrouvé. Curieusement, alors que les théologiens chrétiens disent qu'il a ressuscité dans un "corps de gloire" capable de traverser les murs (cf. les Évangiles), la lourde pierre épaisse qui fermait le tombeau a été retrouvée "roulée sur le côté". À quoi bon rouler cette lourde pierrre si le corps peut traverser les rocs? Certains (traditions apocryphes, ésotériques et musulmanes) disent que ses disciple ont repris le corps, que Jésus n'était pas mort, l'ont soigné et qu'il s'est rétabli. Il était supposé être un essénien, secte de "guérisseurs". Il aurait alors "continué la lutte" et serait mort à Massada, au côté de "Eléazar" (Lazare, celui-là même qu'il avait rescucité à Béthanie). D'autres prétendent qu'il serait parti en Turquie (avec sa mère, morte à Ephèse, et de Marie-Madeleine, sa confidente ou son épouse), puis en Asie. Une tradition met son tombeau à Srinagar au Cachemire. A noter aussi qu'un "tombeau de Jésus" existe au Nord du Japon, à Shingo... Certains disent qu'il est effectivement mort, que son corps a été enlevé par ses disciples; un ossuaire contenant l'épigraphe "Jésus, fils de Joseph" (Ieshua ben Yakoub") a été exhumé lors de fouilles en Israël, dans le même tombeau qu'un autre : "Myriam", un "Mariamne" (nom grec de Marie-Madeleine). (voir Le tombeau de Jésus***). Enfin les Chrétiens tiennent que son corps a subit une transmutation le transformant en un autre corps aux propriétés particulières, et que cette transmutation a imprégné le Suaire de Turin de sa marque.
Le prépuce du petit Jésus.
Jésus, comme tout nouveau-né juif mâle, subit la circoncision à l'âge de 6 jours. Les Évangiles nous l'apprennent avec forces détails, dont ce vieil homme assis sur les marches du temple et qui s'écria :"je peux mourir, maintenant que j'ai vu le Messie". Que devint son prépuce une fois tranché? Là les Saintes Écritures restent muettes! Fut-il brûlé? enterré par le père comme l'exige la tradition sépharade? Mais qu'importe! Pour nous, simples mortels, oui; mais pas pour des théologiens qui furent confrontés à ce problème : le corps glorieux du Christ réssucité comporte-t-il son prépuce? Certains théologiens ayant conclu que non, une question alors s'éleva : où est le prépuce du petit Jésus? Et c'est ainsi que vingt-quatre églises en Europe prétendent garder cachée cette sainte et curieuse relique. Les marchands arabes qui ont vendu quantité de "reliques authentiques" aux Croisés (quitte à perdre la guerre, autant faire des affaires avec les vainqueurs!) avaient bien d'imagination, et les chevaliers bien de naïveté!* Cachée ? Oui car les autorités de l'Église, dans leur grande sagesse, ont interdit de discutter de ce problème et de garder au secret et ne pas exposer cette (ces?) relique(s). Roger Peyrefite (Les clés du Vatican), dans son enquête, a pu accéder et toucher l'une d'entre elles gardée dans un coffre d'une obscure sacristie d'une obscure église à Rome : c'était un petit bout de cuir noiçi. Ce serait le seul prépuce survivant... car innombrables sont les lieux en ayant revendiqué un morceau ou la totalité... Les cordons ombilicaux du petit Jésus, ses dents de lait, semblent avoir subi le même sort... Mais ces autres "reliques" ont toujours posé le même problème ardu aux théologiens qui n'avaient que cela à soumettre à leur méditation : Jésus, devenu le Christ ressuscité, a-t-il "remporté" ses bouts de corps avec lui ? ou les a-t-il laissé à notre dévotion ? L'un prétendit qu'un évangéliste avait rapporté avoir vu le Christ s'élever lors de l'Ascention avec son prépuce reconstitué ! L'autre que Jésus n'a jamais eu de dents de lait, organes imparfaits car temporaires, donc eut des dents définitives d'emblée ! *parmi ces reliques : un flacon contenant l'air d'un soupir du petit Jésus; une fiole recélant une goutte de lait de la Vierge; une plume de l'ange qui annonça la bonne nouvelle aux bergers...
Moïse : il s’est vu mourir !
Les Juifs pieux pensent qu’il a écrit lui-même le Pentateuque. L'ennui est que le dernier chapitre décrit la mort et l'ensevelissement de Moïse… Il semble difficile, même pour un être exceptionnel comme Moïse, de décrire sa propre mort et son ensevelissement… Il serait enterré sur le mont Nébo en Jordanie actuelle. Une tradition rabbinique prétend que les anges sont venus prendre son corps et l'ont emmené au ciel. N.B. il y a aussi au Japon un "tombeau de Moïse", à Ishikawa !
Le Négus Hailé Sélassié : faisait peur, même après sa mort !
Tué par le général putschiste Mengistu, ou mort en prison, son corps avait disparu, ce qui a permis aux rastas de le déclarer "endormi" prêt à la résurrection. En fait le général Mengistu l'avait fait enterrer sous son bureau, pour être sûr qu'il ne ressusciterait pas!
Napoléon : lui aussi !
Ce ne serait pas son corps qui serait aux Invalides, mais celui de son majordome, Cipriani, qui lui ressemblait fort. La raison : il se serait alors échappé et aurait terminé sa vie en Amérique; d’autres pensent que les perfides Anglais auraient voulu jouer un dernier tour aux Français ! Son corps en ce cas serait à l'Abbaye de Westminster où le roi Georges III l'avait fait ramener et enterrer, sous le double sentiment de crainte et d'admiration. Le masque mortuaire, empreinte de son visage après le décès, ne ressemble en rien aux bustes de l'empereur! Ce serait bien celui de Cipriani!
Hitler : à tout saigneur toute horreur !
Une émission historique de la chaîne Arte en 2013 a tenté de mettre un terme aux phantasmes sur le destin du corps, vif ou mort, du monstrueux aliéné, sans arriver cependant à lever toutes les ambiguïtés sur sa mort et sa dépouille1. Une seule certitude aujourd'hui : Adolf est bien mort le 30 avril 1945 et... enterré ? n'allons pas jusque là. En effet la production par les autorités russes de la mâchoire d'Hitler en 2000 a bien confirmé que ce maxillaire supérieur était le sien. La description de l'assistante de son dentiste, Kathe Hausermann, aux soviétiques a permis de lever tout doute dès 1945 en examinant les fragments osseux en leur possession, et une étude en 2000 par des experts stomatologues, en possession de radios du Fürher le confirme. On peut se faire arracher le maxillaire inférieur (la mandibule) et vivre sans lui, mais sans maxillaire supérieur, partie intégrante de la base du crâne... Hitler s'est enfermé avec sa toute récente épousée Eva Braun dans une pièce de son bunker emportant un pistolet et des capsules de cyanure. D'après les témoins, mais qui ne se trouvaient que dans le couloir, Eva n'a fait qu'absorber du cyanure, mais Adolf a pu absorber du cyanure ET se tirer une balle dans la tête. Du sang a éclaboussé le canapé. Tout ceci au conditionnel car les incohérences commencent ici, et quand la haute politique et les basses rivalités se déchaînent, elles ne manquent pas. Les premiers soldats soviétiques à arriver dans la cour du bunker tombent sur un capharnaum funéraire. Il y a bien presqu'intacts Gœbels et sa charmante épouse, remarquable mère qui vient d'assassiner leurs six enfants, mais aussi un entrelac de cadavres plus ou moins calcinés. On découvre enfin Hitler. Mais les forces spéciales rapidement sur les lieux se rendent compte que ce n'est qu'un sosie, Gustav Weler ! La photo du sosie, y compris la petite moustache "en morve", sera utilisée par les uns et les autres comme preuve qu'Hitler est bien mort -c'est lui!-, ou qu'il est bien vivant -il a fait venir un sosie qu'il a fait tuer et s'est enfui-! Effectivement, pourquoi un sosie presque parfait ici à Berlin et pas à Hambourg ou ailleurs ? Retour à la case départ : enfin un soldat de deuxième classe, plus futé que les officiers du renseignement, remarque une parcelle de terre fraîchement remuée. On creuse : on découvre deux cadavres partiellement calcinés. Ces restes sont alors mis dans une caisse à munition et transportés dans un hôpital pour autopsie. L'Histoire s'amuse à envoyer des clins d'œil : quel plus beau cercueil qu'une caisse à munition pour ce chef de guerre ! L'autopsie n'apporte pas de grands renseignements, il semble qu'il s'agisse d'un homme et d'une femme semblant être le couple maudit, mais on ne sait de quoi ils sont morts, sauf que l'homme n'a pas tout son crâne. Le général Abrakoumov, chef des services spéciaux, est satisfait ! Alors commence pour les restes mélés des amants terribles une Odyssée tout en soubressauts : l'équipe chargée de les transferrer a pour mission de ne les laisser tomber en possession des Alliés occidentaux, en aucun cas, ni même qu'ils puissent les voir ! Alors au grès des pérégrinations on les enterre et les déterre huit fois ! Finalement en 1946 ils sont enterrés "définitivement" dans la caserne des services secrets à Magdebourg. Cette partie de cache-cache a un but : permettre à Staline de laisser planer le doute sur une survie d'Hitler, en accusant les Alliés d'avoir favorisé, voire organisé, sa fuite ! Ainsi les Occidentaux sont accusés d'être néo-nazis et d'envisager d'agresser la Russie. Cela lui permettait aussi de garder le pouvoir en effrayant le peuple russe par un éventuel retour de la bête. Donc à Magdebourg, paix à leurs cendres ? Non ! En 1970, sous l'ère Brejnev, l'URSS restitue à sa république-sœur, la RDA, de nombreux territoires, parmi lesquels le bâtiment de Magdebourg. Andropov, chef du KGB, fait exhumer les restes, incinérer et broyer les os et jeter les poussières dans l'égout de la caserne qui se jette dans la rivière Biederitz qui elle-même va à la mer. Fin du voyage ? En partie seulement ! Car en 2000 Poutine (ex du KGB...) organise une exposition exhibant une partie de la calotte cranienne de l'artiste peintre autrichien et son maxillaire supérieur. D'où viennent ces prétendues reliques ? Sont-elles fausses puisque les corps ont été broyés par Andropov ? En partie. Tout n'est que fragments dans cette histoire! Il semblerait que le sinistre Béria, monstre au moins égal au chef nazi lui-même, mais plus pervers encore, ne se soit pas satisfait des résultats des autopsies, et, craignant que la gloire du général Abakoumov ne lui nuise, ait envoyé ses propres sicaires en juin 1946 remuer la terre du bunker maudit. Ils auraient alors mis à jour des ossements oubliés par les précédents. La guerre des polices n'épargne pas les idéalistes communistes, en somme. Ces restes, un maxilaire supérieur porteur d'une prothèse et une calotte cranienne percée d'un trou, furent emportés à Moscou et cachés dans les archives du KGB. Même Staline n'en fut pas informé. Dans ces parties de poker-menteur mortelles que se livrent les hommes de pouvoir dictatorial mieux vaut garder une carte dans sa manche... C'est de ces archives que le général Khristoforov, à la tête du FSB (le successeur du KGB, d'où Poutine), les a extraits. On l'a vu, le maxillaire est bien celui d'Hitler. Mais un scientifique américain, Nick Bellantoni, autorisé à examiner la calotte percée, en a rapporté sournoisement aux USA un échantillon qui se révèla recéler l'ADN... d'une femme ! Après tout, par le mariage, Eva n'avait-elle promis de suivre son mari partout ! Et de l'imiter jusqu'à s'empoisonner et se tirer ensuite une balle dans la tête ? Mais quid du reste des cadavres des amants terribles? Sont-ce bien eux qui nourrirent le plancton de la mer baltique ? Chi lo sa ? aurait dit Mussolini qui termina sa vie avec sa Clara Pettaci, l'autre couple terrible de l'époque, suspendus par les pieds dans une station service. Eh oui, chi lo sa ? Marc Epstein, dans l'Express en ligne du 13 juillet 2015*, ofrre un version différente : « Mais, le soir du 30 avril, quand le sergent SS Hermann Karnau inspecte l'endroit où Hitler et Eva Braun ont été incinérés, il ne reste plus que des ossements. Et quand il veut les enfoncer dans la terre avec le pied, ils tombent en poussière et forment un tas de cendres ». *http://www.lexpress.fr/actualite/monde/europe/1945-les-derniers-secrets-le-spectre-du-bunker 1je me suis fixé sur d'autres documents en supplément, en effet l'émission était pleine d'imprécisions : ainsi il est dit que les cadavres ont été incinérés et broyés à Magdebourg en 1970, mais nul n'explique comment la calotte cranienne et le maxillaire ont survécu! J'ai repris l"expression "jetés aux égout" alors que le rapport d'Andropov dit "jeté dans la rivière Biederitz, à 11 km"... Un tel cadavre, on le comprend, est répulsif. Mais que penser du gouvernement autrichien qui, en 2013, a fait raser et recouvrir de ciment la tombe d'Aloïs et de Klara Hitler, parents d'Adolf ?
Le cerveau d'Einstein : se déplace sans cesse, pas aussi vite que la lumière quand même, mais en de multiples endroits comme elle !
Albert Einstein avait souhaité, pour de diverses raisons, être incinéré. Cependant, du fait de sa mort le 18 avril 1955 à l’hôpital de Princeton, une autopsie est pratiquée. Le Dr Harvey, chef du service de médecine légale, un praticien de valeur pour être à ce poste dans ce prestigieux hôpital, a pour particularité de partager avec Einstein d’être à la fois un savant et un doux rêveur (à côté de ses pompes dirait-on familièrement). Il importe, pour juger de cette folle histoire et de ce personnage, de noter qu’il s’est marié trois fois, et a terminé sa vie avec une quatrième compagne. Il a démissionné de son poste prestigieux pour déménager trois fois et clore son existence professionnelle en gérant un petit laboratoire d’analyses médicales dans un trou perdu…Ce curriculum prouve une certaine instabilité. Il faut remarquer aussi que ce quaker n’a jamais manifesté le moindre attrait pour la gloire et l’argent. Lors de l’autopsie il confirme certes le décès par rupture d’un anévrysme de l’aorte abdominale, mais termine son travail par le prélèvement soigneux du cerveau qu’il conservera dans du formol. Fortement réprimandé par le fils aîné d’Einstein qui est outré que l’on n’ait pas respecté le vœu d’incinération de son père, le Dr Harvey prétexte de sa bonne fois. Autorisé par ce fils à garder le cerveau pour études scientifiques, Harvey, au lieu de donner cette relique à un corpus de spécialistes du cerveau, le « prépare » comme pour une étude normale légale et le découpe en 240 petits blocs inclus dans la paraffine ! Il en donnera quelques morceaux épars à des scientifiques de renom et d’autres ! Ceux-ci, dans un premier temps, ne constatent qu'une architecture quasi-normale, s'intéressant surtout aux neurones, avec même des signes de sclérose sénile vasculaire banale, et signalent, sans en comprendre le sens, un excès de microglies et astrocytes. Ce n'est qu'en 2005 que l'on saura que les neurones ne sont pas les seules cellules à intervenir dans la pensée, mais que le support glial est majeur!!! (Science et Vie 2005, oct.). [voir l’ouvrage « La conscience » sur ce même site]. L’erreur majeure à noter est que la coupe du cerveau entier en lamelles fines était la meilleure façon d’étudier l’architecture de l’encéphale et de noter les différentes zones et leurs relations. Les anatomistes russes, persuadés que Lénine était un génie ( !) ont bien conservé son cerveau ainsi, coupé en tranches, dans un réfrigérateur. La momie de Lénine au Kremlin a un crâne vide. Par la suite, les scientifiques des neurosciences réclamèrent d’autres échantillons au Dr Harvey, mais celui-ci avait disparu, ayant quitté ses fonctions à l’hôpital de Princeton et parti sans laisser d’adresse ! Cela durera plus de vingt-deux ans ! Un pathologiste japonais, passionné par Einstein, aura entre temps entrepris sa quête du Graal et retrouvera Thomas Harvey. Celui-ci le recevra aimablement et lui remettra un bout de tronc cérébral! (inutile pour examiner les aspects cognitifs!!! Car cette partie centrale du cerveau, en fait plutôt sommet de la colonne vertébrale, est le siège de la motricité coordonnée et des fonctions automatiques, ce qui montre la médiocrité ou la rêverie du bonhomme!). Enfin, en 1978, un journaliste arrive à le dénicher à Wichita, dans le Kansas, et constate que ce bon docteur gardait les restes cérébraux dans un bocal certes, mais contenu dans une caisse de cidre, gardée cependant précieusement dans son bureau même ! Belle démonstration de désinvolture (ou encore une fois du déphasage du médecin) doublée de religiosité envers cette relique ! Face à une véritable tornade médiatique traduisant une réelle indignation, le Dr Harvey cède quelques parties du cerveau et.. déménage pour une bourgade perdue du Nord du Kansas. Jusqu’en 1995 il va ainsi déménager et distiller ses bouts de matière cérébrale à plusieurs scientifiques, jusqu’à en donner vingt-quatre échantillons à une scientifique de renom sur le cerveau et la cognition, le Pr Sandra Witelson, à … Princeton, où le Dr Harvey reviendra élire domicile. La boucle est bouclée ! Ulysse est revenu à Ithaque! Il confirmera cette interprétation en léguant la totalité de ce qui lui reste au Dr Elias Krauss, son successeur à son poste du Princeton Hospital ! Le cerveau du grand Albert après sa mort, a ainsi, tel une fusée de feu d’artifice, tracé une trajectoire en zig-zag avant de finir en milles éclats dispersés. Paragraphe inspiré de l’article de Sciences et Vie n°1080 de septembre 2007 (Philippe Testard-Vaillant) –à lire pour les recherches sur le substrat matériel du génie-, d’une émission de Arte (reproduisant la quête initiatique du chercheur japonais) et d’autres publications.
Cadoudal : le squelette sans tête!
Cadoudal était un homme de très forte corpulence. Après son attentat contre Bonaparte, il fut condamné à mort. Bonaparte voulait le gracier, à condition de se rallier à la République (Consulat). Cadoudal refusa. Il fut guillotiné. Son corps fut donné à la Faculté, où, semble-t-il, Larrey lui-même le prépara pour le transformer en squelette de démonstration (un "Anatole" pour les carabins). Ce squelette existe toujours, mais… le crâne est bien trop petit pour le squelette! C'est visible, et d'ailleurs des membres de sa famille le nièrent par la suite, ne reconnaissant pas un si petit crâne! Qu'est devenu le crâne? Erreur dans la préparation? Vol du crâne dans le laboratoire? Volonté de ne pas le garder? Ou tout simplement erreur dans la reconstitution des corps après décapitation au pied de la guillotine (Cadoudal fut guillotiné avec ses complices).
Simon de Montfort : la chair quitte les os !
Le destructeur de l’Occitanie, le bourreau des Cathares et de leurs protecteurs*, doit être dans l’au-delà une âme errante en peine, mais son corps a commencé à voyager dès sa mort à ne savoir où il se trouve! Il fut tué, sous les murs de Toulouse qu’il assiégeait, par une énorme pierre tirée d’un mangonneaux : « elle vint tout droit où il fallait et frappa le compte Simon sur son heaume d’acier, d’un tel coup que les yeux, la cervelle, le haut du crâne, le front et les mâchoires en furent écrasées et mises en pièce ».** Son fils Amaury (qui se retira plus tard en son fief de Montfort, devenu... Montfort l’Amaury) fit « bouillir le corps de son père dans un grand chaudron » afin de détacher la chair des os. On ne sait ce qu’il fit de la « chair » (peut-être enterrée sur place), mais le squelette -ou du moins ce qu’il en restait, vu le choc de la pierre- fut placé dans un tombeau d’une chapelle de la cathédrale Saint Nazaire de Carcassone. On ne peut reprocher aux Occitans d’avoir par la suite détruit le tombeau de leur bourreau! *Lire « la tragédie cathare », de Georges Bordenove, (Texto de chez Tallandier, 2011), ouvrage majeur sur cette page de l’Histoire. **cité par Bordenove, p. 449, op. cit.
Sainte Thérèse d’Avila : dépecée par ferveur religieuse !
Une des grandes saintes catholique, fondatrice de nombreux couvents (les carmels), réformatrice de l'Église, qui la déclara « docteur de l’Église » sous Paul VI. Et l’on va encore accuser cette Église catholique de « machiste » ! * Morte en odeur de sainteté à Ronda (Andalousie), elle était entourée d’une ferveur extrême. Ainsi les autorités ecclésiastiques décidèrent de l’inhumer dans son couvent d’origine. Mais, avant la mise en bière, les religieuses de Ronda coupèrent un avant-bras en souvenir ! De cet avant-bras, elle coupèrent plusieurs doigts et phalanges distribuées aux quatre coins de l’Espagne, à toute église qui le demandait… Enterré sans embaumement, son corps fut exhumé quelques années après et, alors que ses habits s’étaient délités, il apparut non corrompu ! Ce phénomène qui est plusieurs fois signalé avec les corps des mystiques (voir « Metanoïa : les phénomènes physiques du mysticisme »XXX) convainquit tout un chacun de la sainteté réelle de cette femme et déclencha une véritable curée traduite par un dépècement de son corps dont les parties furent disséminées dans toute la chrétienté, surtout espagnole. Bras, avant-bras restant, doigts, jambes, et même la mâchoire inférieure qui fut envoyée à Rome ! Une autre tradition signale un prélèvement du sein droit ! Le reste (les restes ?) fut inséré dans une chasse qui est exposée dans l’église de XXX. *Cette femme connaissait bien la nature féminine ! Dans sa règle primitive des carmels, elle avait prévu que ces communautés ne devaient pas dépasser douze religieuses. « Plus de douze femmes ensemble, c’est l’enfer ».
Sarah Bernhardt : dépecée par ferveur laïque !
Cette ferveur pour des restes humains n’atteint pas que les esprits religieux ! La très grande figure de notre patrimoine culturel en fit elle aussi les frais ! Née en 1844, elle dut subir, du fait d’une tuberculose du genou droit et d’une gangrène de ce membre, une amputation à soixante et onze ans. Cette opération eut lieu à Bordeaux, on ne sait si ce fut en clinique privée ou en hôpital, mais néanmoins son membre coupé fut conservé par les chirurgiens et se retrouva dans les collections du laboratoire d’anatomie de la Faculté de médecine de Bordeaux, dans ses locaux historiques de la place de la Victoire où je fis mes études. Il semble que les chirurgiens n’aient pas demandé l’avis de la grande tragédienne pour cette rétention. Mais cette tragédienne avait le sens de l’humour et de la comédie car, à Monsieur Barnum qui lui écrivit pour lui demander de lui vendre « sa jambe » pour l’exposer en son cirque aux Etats Unis, elle répondit : « laquelle » ? On peut s’interroger sur la motivation des chirurgiens bordelais, car cette pièce ne fut pas exposée et fut tenue secrète. J’ai, comme tout étudiant en médecine de Bordeaux, visité le musée anatomique de cette faculté, mais le membre de Sarah Bernhardt n’était pas visible, et aucune publicité faite : nous ignorions ce fait. Donc ni goût du lucre, ni de l’exceptionnel, ni vantardise –un peu comme le cerveau d’Einstein !-. En 1968, révolution en France ! Les Facultés de médecine indisposent les bien-pensants de gauche, et les gouvernements de droite suivent ! On supprime les Facultés (comme l’avait fait avec ardeur les révolutionnaires de 1789), mais pour les remplacer par des U.E.R. (Unité d’enseignement et de Recherche) ou U.F.R. (Unité de Formation et de Recherche), suivant les années. L’antique et vénérable Faculté mixte de médecine et de pharmacie de Bordeaux éclata en trois U.E.R. transférées en périphérie. En 1977 (car il a bien fallu ce temps pour édifier ces nouveaux bâtiments), le laboratoire d’anatomie est déménagé dans le bâtiment Carrère de l’université Bordeaux 2 Victor Segalen. En 2007, le quotidien Sud Ouest révèle qu’un journaliste, rédigeant un article sur la vie de la tragédienne, désireux de voir cette relique, constate que le bocal à formol recouvert de l’étiquette « Sarah Bernhardt » contient une … jambe gauche !!! Coup de pied -coupé?- dans la fourmilière ! Il fallut trouver une explication. On se rappela alors que, lors du déménagement de la place de la Victoire à Carrère, les responsables du laboratoire avaient convenu de détruire par incinération la majeure partie des pièces anatomiques, sans valeur scientifique. Un garçon d’amphithéâtre fut accusé d’avoir par erreur envoyé la jambe de Sarah à l’incinérateur. Toujours le lampiste !!! Un lampiste inculte, ben voyons, qui ignorait qui était Sarah et ne comprit pas la valeur de cette relique ! Mais pourquoi l’étiquette « Sarah Bernhardt » sur le bocal? Ben parce que, se rendant compte de sa méprise après en avoir discuté avec des « personnes de qualité », il revint subrepticement décoller la vignette sur le bocal vidé de son auguste contenu pour la coller sur un autre contenant un membre inférieur ! (certains iront jusqu’à dire que le garçon d’amphithéâtre était coutumier de la boisson : c’est sûr, pour un doyen, un vice-doyen, un professeur, un journaliste etc… un employé, même d’anatomie, ne peut être qu’inculte et porté sur l’alcool !). Alors, où en est-on en 2012 ? Les responsables, peut-être pris de remords, ont estimé que l’étiquette était mal lisible, que seul le S était reconnaissable, le reste à demi effacé, qu’on a interprété la suite de l’inscription « arah Bernhardt » au jugé , -et donc que l’employé est innocent de la manipulation frauduleuse-. Même prétendit-on ensuite que le membre, conservé depuis si longtemps dans du formol évaporé, "est tellement corrompu qu’il est difficile de savoir s’il est droit ou gauche"* ! –et donc le garçon d’amphithéâtre est totalement innocenté, c’est plus politiquement correct─. Si vous passez par Bordeaux, n’évoquez pas cette affaire : la Faculté (le sens figuré est resté si le sens propre a été supprimé) se refuse à toute communication, toute exhibition, toute analyse ADN !!! *c'est pourtant facile : le pied droit a le gros orteil à gauche, et vice-versa !
Pie VI, martyr de la révolution et de Bonaparte, adulé pour partie des Toulonnais et des Valenciens !
"Le 13 janvier 1803, l'Alcyon jette l'ancre dans la rade de Toulon. Il apporte un petit mais néanmoins précieux chargement, qui va faire l'objet d'une cérémonie en grande pompe : une boîte sous scellés renferme le cœur et les viscères de Pie VI, le pape martyr de la révolution française." Ainsi débute l'article de Régine Meunier dans Nice matin-Var matin du dimanche 12 janvier 2014. Elle poursuit : ".... À peine le canot [contenant les restes] a-t-il pris de la distance que le grand navire tire vingt et un coups de canons. [...] à terre, un convoi se met en marche [...] le cortège va de rue en rue, pendant deux heures [...] "toute la ville était en mouvement" poursuit l'évèque d'Aix." Ces reliefs corporels ne resteront que deux mois à Toulon, et les voilà partis pour Valence. Partis ? Plutôt repartis, car ces reliques sont voyageuses. En effet le pape Pie VI avait eu le tort de déplaire aux révolutionnaires en ayant condamné entre autre la constitution civile du clergé. Le directoire, dont tout le monde oublie actuellemnt que c'est lui qui a commencé les guerres de conquètes en Europe, et non Bonaparte, envoie celui-ci en Itale du Nord sus aux Autrichiens, puis sur Rome où un armistice léonin est imposé au pape, puis rompu en 1797. Pie VI est prisonnier. Déporté à Sienne, puis à Florence, il est conduit vers Paris mais il meurt d'épuisement à Valence le 29 août 1799. Bonaparte, alors premier consul, agira moins durement, devenu l'empereur Napoléon, avec Pie VII... Mais le mal était fait, et la loi du karma imposera les mêmes pérégrinations vif puis mort à ce Napoleone Buonaparte... Que faire du corps du pape? Dans un premier temps, il fut embaumé. Est-ce les souvenirs de la campagne d'Égypte qui conduisirent les embaumeurs à recourir aux vieilles techniques ? Le coeur et les viscères furent placés non dans un vase canope, comme pour un pharaon, mais dans une "barique ronde". Tant qu'à être vulgaire... Le corps et les entrailles restèrent six mois à l'hôtel du gouvernement de Valence avant de recevoir une sépulture classique. En 1802 le corps en entier, enveloppe et viscères, retournent à Rome où ils sont inhumés dans la basilique St Pierre. Mais c'était compter sans la ferveur (!) des Valenciens qui réclament le retour du cœur et des entrailles dans leur bonne ville, et ces derniers de revenir sur l'Alcyon par la mer, débarquer à Toulon et retourner à Valence! On ne peut que chanter, avec André Chénier, qui lui aussi mourut par les révolutionnaires, "doux alcyons, pleurez"!
La tête d'Henri IV.
Lors de la profanation bestiale par la populace des tombeaux des rois et reines de France à la basilique Saint Denis en Septembre 1793, le corps du roi Henri IV fut exposé debout appuyé contre un pilier. Il y resta deux jours! Ce roi avait été embaumé et, deux siècles après sa mort, survenue en 1610, le corps était peu dégradé. Si les autres corps royaux furent d'emblée jetés en fosse commune, le "bon roi" Henri IV avait gardé une certaine sympathie de la part du peuple (d'ailleurs le comité de salut public, vaguement honteux, déclara qu'en fait cette profanation était rendue justifiée par la volonté de récupérer le plomb du cercueil pour fondre des balles pour défendre la république...). A part queques énergumènes, on n'osait y toucher. Le corps fut ensuite jeté dans une fosse commune, certes, mais royale ! , creusée dans le jardin près de l'entrée Nord de la basilique. La foule s'y déchaîna (des coups de sabre furent assénés à la dépouille), mais la nuit quelques individus venaient se fournir en "reliques". Un médecin aurait été vu s'emparant de la tête. Toujours est-il que, lorsqu'à la Restauration on exhuma les débris royaux, trois corps furent retrouvés sans tête. Le trajet supposé de ce chef peut être reconstitué en allant interroger Wikipedia*, mais ce qui est certain, c'est qu'une tête momifiée fut mise en vente à Drouot en 1919, et achetée par un brocanteur de Montmartre, Joseph Bourdet, féru d'histoire, qui tenta pendant des années de la faire authentifier comme étant celle d'Henri IV. Celui-ci la lègua à sa soeur, qui la garda comme une relique ("dépos précieux de son frère")... sous son lit (!) pendant des années, avant de la vendre à un retraité féru d'Histoire lui aussi ! Il la garda dans son "linge d'emballage d'époque" mais cependant dans un carton en bas d'une armoire de son appenti ─ceci n'est pas sans évoquer quelque ressemblance avec le cerveau d 'Einstein!─ Enfin, à 84 ans, ce dernier, resté anonyme, la vendit à des historiens producteurs d'émission de télévision, pensant qu'il était temps de la rendre à l'Histoire! La tête de notre "bon Roi" a été " formellement identifiée" par des analyses anatomiques, de reconstitution morphologique ─ un buste en trois dimensions a même été sculpté, stupéfiant de ressemblance avec les tableaux le représentant ─ et surtout d'A.D.N. De plus, cette étude comparative de l'ADN des tissus recueillis dans sa gorge, comparée à de l'ADN du sang de Louis XVI, confirme que ce "bon Roi Louis" était descendant d'Henri IV sur sept générations (exeunt les suppositions sur les anomalies sexuelles de Louis XIII qui auraient conduit le pauvre médecin ayant pratiqué l'autopsie de ce roi à devenir le "masque de fer", ou la supposée liaison adultère entre la reine et Mazarin !) . N.B. D'autres reliques d'Henri IV sont éparpillées en France, notamment un doigt à Pau. Frank Ferrand, historien émérite et agréable, a réalisé une émission sur Europpe 1 le 3 juillet 2012 à propos de ces profanations, évoquant en particulier Henri IV. Pierre Belet et Stéphane Gabet ont réalisé un documentaire "Le mystère de la tête d'Henri IV", très détaillé et convaincant, diffusé en 2010 et le 6 juillet 2012 sur France 5, et sur Arte le 28 août 2015 (repetita placent). Cependant, un journaliste spécialisé a repris point par point cette identification, Philippe Delorme, sollicitant l'avis d'historiens et d'experts, dont un généticien. Ce "voyage" apparemment loufoque de cette royale tête semblerait bien être véritablement loufoque. Joseph Bourdet, collectionneur compulsif, acheta d'innombrables tableaux dont il était persuadé qu'ils étaient signés Léonard de Vinci, Rembrand, Utrillo et autres notoriétés... La tête momifiée qu'il acheta ne fut en aucun cas présentée comme particulière par les vendeurs; d'ailleurs elle fut vendue dans un "lot" avec deux crânes anonymes, que Bourdet identifia immédiatement comme étant ceux de Louis XIII et XIV... (tant qu'à faire...). Son aspect est celui qu'ont les corps spontanément momifiés que j'ai pu voir, et que chacun peut voir, à l'église St Michel de Bordeaux, ou de ceux de l'église des moines capucins de Palerme. Les études scientifiques réalisées par le Dr Charlier sont sujettes à caution. Les analyses ADN, portant sur les régions variables du chromosome Y, n'ont pas la valeur qu'il leur donne. L'étude de l'ADN des mitichondries ─ organites intra-cellulaires se transmettant par les femmes ─ réalisée en comparant du sang de la mère d'Henri IV et d'une descendante de celle-ci, la princesse Anne de Roumanie, exclue cette attribution. D'autres points capitaux de négation de cette identification sont développés par Philippe Delorme.** Cependant, comment ne pas être saisi d'un doute devant deux deux indices non connus jusqu"à nos jours : le "grain de beauté" (en fait un naevus en relief) situé sur le sillon nasal droit du roi, peu représenté sur ses portraits, et celui qui existe sur la tête momifiée; le pertuis de percement pour boucle d'oreille sur le lobe droit de la tête momifiée, alors qu'aucun portrait d Henri IV ne le montre portant une boucle d'oreille, sauf un, tardif, découvert par une conservatrice de musée ! (documentaire de Gabet et Belet). Le chef de notre bon roi Henri semble-t-il va donner bien des migraines et donnera lieu à bien des prises de têtes entre journalistes, historiens et scientifiques... Suites (et non fin): Titre du Figaro du 10 octobre 2013: "C'est pourtant ce lien de filiation direct que prétend briser une nouvelle étude réalisée par l'équipe de Jean-Jacques Cassiman, professeur émérite à l'université de Louvain en Belgique, publiée hier dans la revue European Journal of Human Genetics." Pour cette équipe de valeur (et il en faut pour convaincre le comité de lecture de cette revue scientifique), les analyses génétiques dénient toute parenté entre le sang retrouvé sur un mouchoir "qui contiendrait du sang séché de Louis XVI", et la tête momifiée du brocanteur. Le docteur Charlier campe sur ses positions. Mais cet homme, sérieux et crédible d'habitude, semble s'être emballé et embarqué un peu vite dans cette histoire, et il semble maintenant être dans la situation du chat la patte coincée dans la porte du frigidaire... Par ailleurs, le docteur Jean-Pierre Martin, dans le numéro 25 de décembre 2013 de son E-revue [www.clystere.com] présente 25 contre-arguments sur les thèses de Charlier, exposés par le Dr Xavier Riaud, dentiste et historien... *le détail du "voyage" est reconstitué dns le livre "Henri IV, l'énigme du roi sans tête",de Stéphane Gabet et Philippe Charlier, éditions Vuibert, 160 pages, 16,90 €. En librairie le 15 février 2013. Cette authentification est largement redevable au médecin légiste Philippe Charlier qui vient de résoudre deux énigmes historiques d'un coup, après ses découvertes sur les supposés restes de Jeanne d'Arc et l'assassinat d'Anne Sorel. Le médecin légiste Philippe Charlier est largement à l'origine de cette identification, résolvant ainsi deux énygmes historiques d'un coup. Après ses travaux sur les supposés restes de Jeanne d'Arc et l'assassinat d'Agnès Sorrel, que nous réserve-t-il? ** Philippe Delorme, "La mauvaise tête de Henri IV". Editions Brion et Aimard, 2013. Frank Ferrand donc, toujours historien émérite et agréable, avait réalisé une émission sur Europpe 1 le 3 juillet 2012 à propos de ces profanations, évoquant en particulier Henri IV. Mais le 24 Juin 2013, pris de remords ou pour rester objectif, il invita Philippe Delorme (vide supra) pour exposer sa contestation de cette autentification...
Les Romanov.
Je ne m'étendrais pas ici sur les honteux événements de la fin des Romanov. Non pas l'exécution, mais la tuerie monstrueuse, de cette famille, y compris le médecin et les serviteurs (!) par des brutes alcoolisées; les transports, inhumations et exhumations multiples, les profanations des corps; ont été contrebalancées par la découverte et l'authentification des restes, et, par un de ces retournements dont l'Histoire est familière, le dépôt de ceux-ci dans des chasses de la grande cathédrale de Saint Petersbourg, Nicolas II devenant même un nouveau saint orthodoxe !
Conclusion.
Aldous Huxley définissait l’homme et son psychisme comme « le cheval dans la locomotive », indiquant que malgré notre avancée technique, c’était la partie archaïque de notre cerveau qui gouvernait nos conduites. Par ces anecdotes, l’attitude des humains envers le corps des défunts le confirme amplement ! Les psychologues du développement estiment que la conception de la mort par l’enfant reproduit les stades de cette même conception par les humains successifs. Au début de notre âge ─ enfant ou société ─, le mort "est parti" mais peut toujours revenir. Il reste vivant. C’est pourquoi les hommes primitifs enterraient leurs morts et les recouvraient de lourds blocs ! Les Juifs actuels répètent symboliquement cette action en déposant des cailloux sur la tombe des leurs ! Puis la mort devient une dormition : le défunt semble dormir, mais il se réveillera : la dormition de la Vierge, des sept saints dormants d’Ephèse, le Mahdi, l’Imam caché, et même les germains de Moyen-Age attendaient que l’empereur Barbe Rousse se réveille pour rétablir le grand Reich. Hitler n’a-t-il pas donné le nom de Barbarossa à son offensive contre l’URSS ? Enfin on admet que le corps meurt, mais l’esprit, l’âme, perdure, soit bénéfique, soit maléfique. Et on en a peur, ou on attend aide et protection ! De nos jours enfin, on accepterait que la fin des fonctions vitales entraîne la fin de toute personnalité et de toute conscience… Mais en fait, rien n’a changé, et, comme le dit Freud, en désignant l’esprit humain : « tout ce qui a existé persiste, opiniâtrement » ! Le roi d’Angleterre et le dictateur Mengistu séquestrent le corps de leur ennemi, des fois qu’il revienne ! Des gens stupides enlèvent celui de Spinoza, jugeant qu’en séquestrant le corps les idées ne seraient pas répandues ! On fait disparaître la tête du royaliste et les os du seigneur de guerre ! On punit un être en le transformant en démonstration d’anatomie ! On éparpille les restes d'un couple dans une partie de poker mondial, ou simplement trivial, pensant rendre impossible ainsi le retour de la bête immonde ! On se partage des morceaux de chair d’une sainte pour attirer les faveurs de l’esprit qui les habita ! On garde un membre d'une artiste pensant que le génie dramatique y est contenu ! On se partage les os d'un découvreur de continent. On "fait une bonne blague" à l'adversaire en lui rendant une fausse dépouille ! On se dispute les entrailles d'un saint père que l'on a fait mourir! Mais cette dévotion aux restes des personnes qui furent vivantes n’est pas un phénomène purement religieux : un pathologiste dérobe le cerveau d’un génie des sciences, un chirurgien la jambe d’un génie de la tragédie ! Et celui qui possède actuellement le linceul d’Evita Perón reproduit l’adoration du Saint Suaire de Turin, à moins que là encore Freud n’ait raison, mêlant Eros et Thanatos ! Exécrations et dévotions peuvent se succéder sans se contredire ! Des révolutionnaires pensent punir des siècles de pouvoir impérial en s'acharnant sur une famille et fonder ainsi une ère nouvelle. Ère destinée à être éternelle et qui va ne durer que 90 ans, jusqu'à ce que cette famille soit iconifiée moins d'un siècle plus tard . Quant à Moïse et Jésus dont l’histoire semble décalquée, tout le monde voudrait bien leur corps, ou un morceau : il en existe des tombeaux à Jérusalem (ossuaire), au Cachemire, au Japon ! Et comme personne ne peut les avoir pour soi, eh bien que personne d'autre ne les ait : enlevés aux cieux ! Ce n’est pas encore demain que l’humanité dans son ensemble se contentera de laisser chaque famille déposer pieusement le corps matériel de leurs membres disparus pour un retour à notre mère Nature, laissant l’esprit retourner se fondre dans l’Esprit d’où il vient, comme le suggère Spinoza…
FIN