LES ENIGMES DE LA CONSCIENCE. 03. Localisation de la conscience.
Cet ouvrage est paru fin juillet sous le titre "Les énigmes de la conscience" (Éditons Frison-Roche, Paris). C'est pourquoi vous ne trouverez ici que des extraits significatifs, mais aussi la dernière version augmentée de mises à jour (en caractères bleus).
V. Localisation : Où peut-on réellement localiser la conscience ?
V.1. Localisation "macroscopique".
V.1.1 Localisation anatomique.
Historiquement, dans l'antiquité, pour certains, la conscience siégait dans le foie ! Les sentiments, dans le cœur. Si on peut comprendre que le cœur, s'accélérant lors des émotions ─ amoureuses, peureuses, anxieuses... ─, ralentissant à l'extrême lors d'autres ─ défaillir de joie, de peur... ─, a pu passer pour le siège de la vie sentimentale, on a du mal à comprendre pourquoi certains penseurs grecs ont pu assigner le foie à la pensée !
Aristote s'en tenait au cardiocentrisme pour l'un et pour l'autre. Hérodote, lors de son voyage en Égypte, nota que les embaumeurs retiraient les organes internes du corps du défunt, "sauf le cœur", car "il était censé être le siège des sentiments, de la conscience et de la vie".
Néanmoins pour la plupart des hommes, et depuis toujours , la tête (avant même qu'on y ait pu pénétrer et étudier le cerveau) semble être la localisation de la conscience. Mais cette localisation semble subjective.
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Ainsi apparaît un concept novateur, qui va être repris par Damasio en particulier: les émotions sont liées à la conscience. Mais reconnaître que le lobe frontal et surtout sa partie préfrontale soit le lieu des mécanismes les plus élaborés de la pensée ─ c.à.d. des mécanismes mentaux, des représentations mentales ─ ne peut en aucun cas prouver que la prise de conscience de ces schémas mentaux se localise dans cette partie ! Antonio DamasioB, le plus fécond actuel des chercheurs en neurosciences, estime au contraire « que la conscience ne serait pas le produit sophistiqué des régions les plus récentes et les plus évoluées de notre cerveau, mais les plus anciennes, là où naissent les émotions » !
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V.1.2 Localisation cytologique et histologique.
Jusqu'à tout récemment, et c'était le dogme quand je fis mes études, des cellules responsables de cette activité nerveuse, seuls les neurones, cellules nobles par excellence, étaient élus à cette fonction. xxxxx
Il semble bien actuellement que le système glial ait une part importante dans l’élaboration de la pensée et du raisonnement. Emportés par cette découverte, certains en inférèrent même que le cerveau d’Einstein, dont les études histologiques n’ont pu découvrir une différence quelconque avec celle d’un cerveau d’un homme de son âge, avait en fait un système glial très développé !
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V.2 Localisation "microscopique".
Penrose, professeur de neurologie et prix Nobel de médecine ne se contente pas de confier à l'ensemble du neurone la production ou le siège de la conscience, "structure trop grossière" et trop "concrète". Il descend au niveau des microtubules des axones, et des clathrines (microvésicules des extrémités près de la synapse), structures infimes ayant l'avantage d'être "vides". La conscience y siege, tapie. [Shadows of the mind : a search fot the missing science of consciousness. Oxford University Press USA, 1996 (première éd. 1995; traduction Les ombres de l'esprit. A la recherche d'une science de la conscience ; par Christian Jeanmougin. Paris : Dunod InterEditions, 1995 ]. [Voir Annexe XI.3 : La conscience : le vide? Localisations historiques de la conscience suprême dans le vide : Saint des Saints du temple de Jérusalem, Kaaba].
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En descendant encore plus dans l'échelle des mesures (et dans la destruction des "poupées russes internes"), on en arrive à la thèse de Jean Charron : la conscience serait dans cette particule élémentaire, l'électron. Ou, mieux exprimé, l'électron serait conscient, et la conscience d'un être serait la somme de tous les électrons qui le composent. XXXXX
Mais mettre la conscience dans une particule, non seulement subatomique, mais élémentaire ─ un lepton ─, constituant de base du "mécano" de l'Univers, ou plutôt la croire consciente, n'est pas sans évoquer les affirmations de nos astrophysiciens contemporains.
Stephen Hawking (assisté de Leonard Mlodonow) dans son dernier ouvrage "Y a-t-il un grand architecte dans l’univers ?" explique la mécanique quantique et expose l'hypothèse de Feynman sur les trajets des particules dans l'espace. Ainsi toute particule ─ et il s'agit ici de n'importe quelle particule, "matérielle" telle qu'un électron, mais aussi tout quantum d'énergie, tel un photon ─ , avant de prendre un trajet, explore tous les trajets possibles, simultanément, et choisit le plus approprié. Je cite exactement, dans l'édition en français des éditions Odile Jacob, 2011, page 93 : « c'est ainsi que la particule peut savoir quelles fentes sont ouvertes : si une fente est ouverte, elle peut emprunter les trajectoires qui traversent cette dernière ». Dire qu'une particule, devant un choix de trajets, explore les différentes possibilités, puis choisit la plus judicieuse, n'est-ce pas ainsi implicitement supposer la conscience ?
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La conscience, et pas seulement dans l'électron, ne serait-elle pas dans toute particule, matérielle ou énergétique ?
Et si toute particule n'est que la "condensation" en un lieu d'une énergie immatérielle, et si toute entité physique est un ensemble onde-particule, donc qu'une particule n'est qu'un aspect d'une onde, suivant la façon dont on l'observe, alors la conscience est "partout", ou tout au moins n'est plus "localisable", ou "réductible" à un lieu matériel donné. En effet, une onde est la vibration de "quelque chose" que l'on ignore encore ─ l'existence de l'éther, cette base de l'Univers que l'on croyait être le matériau vibrant, a été démentie par une des premières expériences du jeune Einstein ─, et ce "quelque chose" emplit tout l'Univers, il en est même la base constituante.
C'est de cette constatation que naît l'idée d'un "champ de conscience".
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http://www.rene-mettey.fr/pages/LE_CHAMP_DE_CONSCIENCE_4_Apparition_de_la_conscience_lhomme-9007294.html