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Les Evangiles, récits directs.

 

Des écoles théologiques du XIXème et début du XXème siècle ont soutenu la thèse (ont plutôt affirmé) d’écrits évangéliques rédigés après coup, vers le milieu du IIème siècle, lorsque la disparition des témoins directs imposait la mise en écrits des témoignages oraux. On a pu aussi déduire de  cette mise « en dur » du fait que les premiers chrétiens se sont méfiés de la transmission orale, toujours suspecte de déviances.

         A cette occasion, les scripteurs en auraient profité pour transformer certaines scènes afin de leur donner un sens symbolique ou nettement théologique.

 Allant plus loin, certaines écoles ont même édicté que ces récits évangéliques avaient été construits de toute pièce par des philosophes ou théologiens pour créer une nouvelle religion devant répondre à la soif de nouveauté du monde antique qui ne pouvait plus se satisfaire des mythologies et du polythéisme. Puisant dans le seul monothéisme existant à l’époque, le judaïsme, ils lui firent l’apport de la pensée grecque pour synthétiser (« syncrétismer ») le christianisme. Pour ce courant de pensée, l’historicité du personnage de Jésus même disparaît. Des démonstrations très convaincantes de l’absence totale du personnage Jésus existent**.

         D’autres écoles, subsistant encore, « mixent » en proportions variées en puisant dans l’une ou l’autre de ces hypothèses.

 

         Il suffit de lire  - ou, mieux, d’écouter raconter – ces récits pour se rendre compte qu’ils sont des descriptions directes de faits qui se sont réalisé, sans intentions didactiques ou symboliques.

 

         Un exemple, en ce jour de Pâques, j’ai écouté la lecture de la découverte du tombeau vide par les disciples, et ceci dans deux traductions (ou deux évangiles), car j’assistai au culte protestant et à la messe, successivement.

 

         En synthétisant ces deux récits :

         Une femme, Marie de Magdala. -Comment, une femme ? dans cet esprit antiféministe de l’époque ? Voir le décompte du sermon sur la montagne : « on dénombra dix mille hommes, sans compter les femmes et les enfants »- vint le dimanche matin très tôt, alors qu’il faisait encore nuit -Quel besoin de précision ? « Tôt le matin » aurait suffit-. Elle vit que la lourde pierre qui fermait le tombeau avait été roulée ; -cette notation est majeure : pour nous faire « avaler » la notion de résurrection, c’est à dire l’émergence d’un corps de gloire pouvant traverser les murs (voir l’épisode postérieur de Jésus introduit dans une pièce, la lourde porte fermée), les « écrivains » auraient laissé le tombeau clos ! - et, sans pénétrer dans le tombeau, elle vit du seuil que le corps n’était plus là. « on a volé le corps de mon seigneur » s’écrit-elle, et elle s’enfuit retrouver les autres disciples. pourquoi suggérer ici ce que les adversaires de la résurrection ont toujours clamé : que le cadavre du Christ avait été repris par ses disciples et transporté ailleurs. Certains suggérèrent que Jésus n’était pas mort, et qu’il fut « réanimé » par des thérapeutes, comme l’étaient les Esséniens. C’est donner des verges pour se faire battre !-

         Deux disciples, Pierre et Jacques, accoururent. Mais Jacques, plus jeune, courait plus vite que Pierre, -là encore : quel est l’intérêt symbolique, philosophique, théologique, de nous raconter que l’un des deux, plus jeune,  courrait plus vite ? Si c’est pour suggérer que Pierre, intronisé chef de la nouvelle Eglise, doit entrer le premier dans le tombeau et constater la résurrection, fallait-il vraiment inventer cette compétition digne du lièvre et de la tortue ?-il arriva le premier à l’orée du tombeau mais n’osa entrer. Il constata que l’emplacement où aurait dû se trouver le corps était libre et que les bandelettes dont on l’avait entouré gisaient en désordre à terre. Pierre, arrivé ensuite, osa entrer et vit que le linceul (un évangile dit : le linge dont on avait recouvert le visage[1])avait été replié dans un coin –là encore, quel est l’intérêt d’une telle contradiction ? Les bandelettes sont laissées à terre en désordre, le suaire soigneusement replié ? Même si les disciples qui ont ravi le corps ont pu enlever en premier le suaire, pourquoi l’auraient-ils pliés et rangé soigneusement ?- Il s’écria « je crois » !

 

         On le constate, cet exposé des faits  contredit formellement la thèse d’une construction d’une leçon théologique, ou le réaménagement d’un récit oral primitif. A relever que la description des bandelettes et du suaire est aussi bien contre une résurrection (id est transformation d’un corps matériel en un corps immatériel : pourquoi cette transformation aurait plié le suaire ?) que d’un enlèvement du cadavre (voit-on les disciples pressés de fuir avec le corps d’un condamné prendre le temps de bien ranger cette pièce d’étoffe, et qui plus est impure dans l’esprit juif de l’époque !). On voit bien ici la véracité ponctuelle d’un témoin ne se posant pas de questions superflues d’ordre de logique du récit, ni théologique : il rapporte, c’est tout !

 

         Pour finir, je mets en parallèle deux récits de la même scène, l’un celui des évangiles « rapporté par des témoins directs » (en bleu), et l’autre celui « écrit par des théologiens » (en noir):

 

         Une femme, Marie de Magdala, vint le dimanche matin très tôt, alors qu’il faisait encore nuit.

Un disciple, suivi de femmes qui portaient des aromates, vint tôt le matin.

Elle vit que la lourde pierre qui fermait le tombeau avait été roulée ;

Ils virent que la pierre fermait toujours l’entrée du tombeau. Il la roulèrent avec difficulté (autre évangile « réécrit » : ils soudoyèrent les soldats endormis pour les aider à la rouler)

 et, sans pénétrer dans le tombeau, elle vit du seuil que le corps n’était plus là.

En pénétrant dans le tombeau, ils virent que le corps n’étaient plus là.

Le disciple comprit immédiatement et s’écria : « je crois »

 « on a volé le corps de mon seigneur » s’écria-t-elle, et s’enfuit retrouver les autres disciples.

« on a volé le corps de mon seigneur » s’écrièrent les femmes et elles s’enfuirent retrouver les autres disciples.

Deux disciples, Pierre et Jacques, accoururent. Mais Jacques, plus jeune, courait plus vite que Pierre. il arriva le premier à l’orée du tombeau mais n’osa entrer. Il constata que l’emplacement où aurait dû se trouver le corps était libre et que les bandelettes dont on l’avait entouré gisaient en désordre à terre. Pierre, arrivé ensuite, osa entrer et vit que le linceul avait été replié dans un coin. « Je crois », s’écria-t-il.

          Deux disciples, Pierre et Jacques, accoururent. Ils arrivèrent à l’orée du tombeau, mais Jacques, plus jeune, n’osa entrer. Il constata que l’emplacement où aurait dû se trouver le corps était libre et que les bandelettes dont on l’avait entouré gisaient en désordre à terre. Pierre osa entrer et vit que le linceul avait été replié dans un coin. « Je crois », s’écria-t-il.

N.B. Les lecteurs m'excuseront d'une certaine incohérence dans les tailles de police. Le logiciel fourni par over-blog étant bas de gamme...

[1] Ici démarre les discussions sur la pièce d’étoffe dite « le Saint Suaire » : linceul, suaire, linceul replié et ne dévoilant que la Face du Christ ?

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