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Publié par René Mettey

On ne cesse d'entendre sur toutes les chaînes télévisées et les radios, chantée en coeur par tous, journalistes, ministres, sous-ministres, secrétaires - dont certaines d'État- la même antienne : nous ne céderons pas sur la liberté d'expression !

Mais aucuns, même s'ils le pensent in petto, contraints de peaufiner leur image pour obéir à la doxa "progressiste", n'osent le dire : la liberté d'expression n'est pas la liberté d'insulter, d'injurier, d'humilier !

Quand Samuel Paty montre pendant des semaines (car il allait recevoir un avertissement de l'inspection académique) un dessin représentant Mahomet nu, à "quatre pattes", les organes masculins représentés et pendants, une étoile à l'endroit de l'anus, il ne se contente pas de dévoiler une image infantile et ridicule, il humilie les élèves musulmans de sa classe !

Quand il montre les unes de Charlie Hebdo dessinant en double silouhette le prophète sous la forme d'organes virils (il ne fallait pas être myope pour ne pas le constater), il récidive ! comme Charlie récidivait !

Quand un professeur montre des images pornographiques, est-ce de la pédagogie ?

Quand il "permet par respect" aux élèves musulmans de quitter la classe, ne se rend-il pas compte qu'il les humilie ? qu'ils vont se sentir discriminés, par un retournement étonnant de l'accusation de discrimination ?

Mes écrits et mes dires prouvent que j'ai une estime certaine pour l'Islam dans ses versions éclairées et oecuméniques (le soufisme, l'Islam des confréries au Sénégal etc.) et une répulsion aussi certaine, nette et ferme, pour ses composantes obscures, qui hélas prennent le pas actuellement, mais je n'ai jamais combattu cette tendance par l'insulte et la vindicte. Nous avions invité à dîner, mon épouse et moi, un médecin égyptien en stage dans mon CHU. Certes il n'y eut à table ni alcool ni porc (il n'exigeait pas que tout soit halal), mais quand je lui dis que j'avais étudié de près l'Islam et avait lu le Coran deux fois et voulus lui montrer ce très bel exemplaire en cuir pleine peau, damasquiné à l'or fin, édité autrefois par le Club français du livre, il me dit "non, rangez-le, car je ne peux le toucher sans m'être lavé les mains avant, avoir fait mes ablutions et me couvrir la tête", eh bien je l'ai remis dans ma bibliothèque, où il y reste quand j'invite de nouveau des musulmans !

J'ai visité la grande mosquée de Dakar (un joyau). On vous y accueille avec le sourire et on vous évite même de se déchausser car on vous prête des babouches en surchaussures. À Kérouan, on vous demande de ne pas pénétrer dans la mosquée. Mais je n'y ai pas moqué les fidèles en leur disant qu'ils étaient obscurantistes par rapport à ceux de Dakar.

Les membres de l'équipe éditoriale de Charlie et le professeur Paty ont été victime de leur militantisme, et aussi, se prenant à leur propre idéologie, ils ont cru qu'insulter des musulmans était aussi bénin qu'insulter les catholiques* ou la famille le Pen** !

*il y a peu, la une de Charlie montrait la Trinité sous la forme d'un vieillard sodomisé par le Christ lui-même ayant un triangle planté dans l'anus. J'ai été choqué, et pourtant je ne suis ni catholique ni trinitaire ! En pédiatre, j'ai jugé ce dessin puéril, au niveau du "caca-boudin" des cours de récréation et de la transgression infantile. Aucun lefebvriste n'est venu décharger son chargeur de Kalash sur eux !

**Charlie a publié une autre une demandant l'interdiction du Front National, avec un Jean-Marie Le Pen grimaçant, les mains menottées, encadré par deux policiers. Ce journal aurait mieux fait de ne pas se tromper d'ennemi ! Marine a été représentée sous la forme d'un étron fumant. Elle s'est contenté de porter plainte. Elle a perdu. Les rédacteurs de Charlie ont encore leur tête...

Certes ces provocations étaient "bénignes", mais ce furent les réponses qui ne le furent pas. Personnes ne mérite d'avoir sa vie tranchée, ni  par une rafale, ni par un couteau (et non pas "décapitée", ce qui évoque la guillotine ou le sabre).

Je m'amuse à exciter le chihuahua de ma voisine, car ses morsures ne m'égratignent pas; mais je n'excite pas le pitt-bull de mon voisin.

En réclamant plus de responsabilité, plus de réflexion, plutôt que de déclamer des slogans ("la liberté d'expression est notre république" !) certains vont  taxer de lâcheté et de soumission ceux qui refusent d'agresser l'Islam par ces caricatures, et je vais subir ces acrimonies... et n'en ai cure.

En parallèle avec les visites de mosquées, dans l'Île Maurice j'ai visité un temple hindouiste, guidé par la fillette du brahmane; à La Réunion par contre l'entrée de ces  temples est interdite aux non-hindouiste; eh bien je n'y ai pas protesté ! Et pourtant je n'avais pas peur de me faire couper la tête si j'en franchissais la porte !

J'ai assisté dans le Morvan à une cérémonie entière du bouddhisme tibétain, mais à Fréjus le coeur de la pagode bouddhique est fermé par des grilles permettant d'admirer l'intérieur mais interdisant d'y pénétrer. Est-ce par peur que des Français d'origine vietnamienne me lardent de balles que je respecte cet interdit ?

En persistant à juger que l'insulte, ou au moins la possibilité de blesser des personnes dans leurs convictions, est le modèle de la liberté d'expression; en demandant à ce que tous les journaux affichent ces dessins débiles, à ce que les chaînes télévisées fassent de même, en demandant l'admission de M. Paty au Panthéon (!), président de la république, premier ministre et tous les ministres, intellectuels et hommes politiques se conduisent en irresponsables.

Déjà le monde musulman entre en surenchère, les produits français sont boycottés, des fatwa sont lancées.

Des innocents vont payer de leu vie ces provocations : les employés sur les lieux de Charlie hebdo attaqués à la machette, le policier d'origine maghrébine et qui avait choisi de servir son pays d'adoption, achevé sur le trottoir, les jeunes du Bataclan, les chalands paisibles de l'hypercacher de Vincennes, et tant d'autres, ont-ils participé à ces insultes ?

Les insulteurs ne sont pas les payeurs !

PS : cet article a été prémonitoire ! écrit un jour avant l'odieux attentat de Nice ! Deux femmes égorgées et un jeune homme de 35 ans tués, ce sont des victimes des soutiens de Charlie et de cette liberté d'insulter !

Addendum de février courant.

 L'excellente émission "présence protestante" de début février sur l'A2, d'habitude orientée "à gauche" par volonté d'humanisme, était cette fois-ci dans mon proprre sens... Toute de raison, elle aussi allait dans la demande de modération et de cesser cette surenchère. Un des auteurs remarquait : « de nos jours on ne peut plus plaisanter, ou offenser même sans le vouloir, les homosexuels, les personnes "racisées", les obèses, mais les musulmans, si ?»

 

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