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Publié par René Mettey

Le Saint-Suaire de Turin. -témoin de la passion de Jésus-Christ-. Jean-Christophe Petitfils. Tallandier 2022.

Ce livre porte en bandeau : "L'enquête définitive". Effectivement, sans que cette enquête soit la dernière qui paraîtra (the last but not the latest), il s'agit là d'une synthèse capitale sur ce sujet si délicat et explosif du linceul conservé à Turin. Il y aura certes quelques études complémentaires, mais elle porteront sur des acquits scientifiques, archéologiques ou historiques supplémentaires mais ponctuels. Même si des milliers d'ouvrages et d'articles ont été écrits, cet artefact archéologique, comme disent les anglosaxons, livrera encore des données surprenantes.

Le premier et capital intérêt de ce livre est de commecer par une importate reconstitution du cheminement de ce linceul, depuis Jérusalem, Edesse, Constantinople, jusqu'à Lirey. ll ne s'agit pas de suggestions, de propositions, mais d'une étude s'appuyant sur des documents et des enquêtes réelles et nombreuses. Le lecteur est d'ailleurs stupéfait tout au long de l'étude par l'importance des références et de la bibliographie, témoignant de la profonde éruditoin et du profond sérieux de l'auteur. Rien que pour cet aspect, la lecture de cet ouvrage doit être recommandée.

Nous laissons le lecteur découvrir l'originalité de la reconstitution de ce cheminemnt, qui anihile bien des légendes (dont celle du roi Abgar d'Edesse) et des idées reçues. Ainsi, la "tête" qu'auraient contemplé bien des personnages historiques -et les templiers !-, ne serait pas le sindon replié pour ne montrer qu'elle, mais un autre linge, le mandilion.

L'autre originalité est de suivre aussi la destinée de cet autre artefact, confondu souvent avec le "Saint Suaire" (en fait, un linceul, le "sindon") : le mandilion, lui un véritable suaire -id est, pour recueillir la sueur, ou les sécrétions- , de petite taille, ayant recouvert le visage de Jésus au tombeau, portant lui aussi l'image probable du visage du Christ.

NB : ce mandilion, "suaire", est distinct du suaire d'Oviedo, linge qui aurait recouvert le visage de Jésus lors de la descente de la croix. Ce suaire d'Oviedo ne comporte aucune image du visage, mais les traces sanglantes émises par les blessures du supplicié.  et de sérosités, celles-ci issues des narines, 

Cette étude historique constitue près de la moitié du livre (195 pages sur les 413 du texte !) et aurait pu faire l'objet d'une publication à part entière.

Mais la seconde partie est tout aussi capitale et démonstrative, tout aussi argumentée et documentée (je le répète, on s'émerveille du travail de l'auteur).

Mais, là encore, cet ouvrage est original -et pourtant ai-je lu une cinquantaine de titres sur le sujet, des dizaines d'articles, et ai contemplé le "Saint Suaire" à Turin lors de sa dernière ostention- en ce qu'il décrit un va-et-vient : la Science étudie et démontre la réalité de cette icone, mais cette icone précise des faits inconnus ou mal connus de l'Histoire ! Par exemple la coulée des traces de sang sur les avant-bras, dans deux directions différentes, décrivent exactement la descente de la croix ! (les soldats déclouent les pieds sur le petit reposoir, descendent le corps avec le patibulum puis, le corps étalés sur le sol, déclouent les bras).

Alors que les textes antiques ne précisent pas le détail de la crucifiction, et qui devait s'appliquer de manière différente suivant les lieux et les époques, l'étude de l'anatomie du supplicié du  linceul montre que Jésus a bien porté, non une croix complète, mais le patibulum (la poutre transverse de la croix) jusqu'au poteau vertical solidement implanté pour servir plusieurs fois.

De même les empreintes de sang et de sérosité expliquent que lorsque le légionnaire a piqué le thorax, "de l'eau puis du sang" s'écoulèrent. On interprêtait cette constatation par un témoin présent (l'évangéliste Jean) comme un rajout de symbolique théologique : l'eau du baptême précédant le sang du sacrifice. Or le linceul n'a pas absorbé que du sang, mais aussi des sérosités ! Celles du liquide de l'épanchement péricardique (dans mon ouvrage "L'essence du christianisme" j'évoque un épanchement pleural) dû aux supplices endurés et à l'asphyxie de la crucifiction. L'étude scientifique du linceul certifie les écrits évangéliques et rectifient l'interprétation théologique !

Commenter par le détail les exposés des études sicnetifiques prendrait autant de place ici qu'un autre livre ! Donc, lisez-le ! Je relèverais deux aspects :

-l'auteur fait litière, de manière amusante, de la datation au carbone 14, les choux gras des sceptiques. Cette datation révèle de plus la malhonnêteté des équipes qui ont procédé. À preuve  : ces trois laboratoires -soigneusement sélectionnés par leur incrédulité, sur 7 candidats !- n'ont en rien respecté le protocole mis au point, en particulier en ne respectant pas la procédure du double-aveugle, et se communiquant les résultats au fur et à mesure, alors qu'ils ne le devaient pas. Ils ont toujours refusé de publier les données brutes des mesures, déposées au British Museum. Ils n'ont donné que leur interprétation des résultats de base. Il a fallu que des scientifiques exigent du British Museum ce dévoilement, des années plus tard -mais le mal était fait !-, se fondant sur un décrêt de déclasssification du gouvernement britannique, pour les avoir. Et là, stupeur ! Les résultats bruts avaient une large marge d'erreur. Pire, un des laboratoires avait une plage en dehors des deux autres plages (son maximum était inférieur aux minima des deux autres). Mais qu'importe, "on a fait une moyenne", en contradiction avec toute rigueur scientifique. Un laboratoire avait un minimum bien au-dessus du début de l'exposition à Lirey ! Comme le note M. Petitfils "le lin du linceul n'avait pas encore poussé que le suaire était déjà exposé à Lirey". Finalement, les auteurs des travaux ont avoué piteusement que cette datation était entachée de bien des approximations. Je m'étonne d'une chose : de la naïveté des autorités ecclésistiques qui se sont fait "balader". Ou alors serais-je complotiste en évoquant une complicité ?  Toujours est-il que le pape Jean-Paul II, confirmé par François, ont dégradé ce linceul de relique (id est :  authentique) en icone (id est : image fabriquée, même si personne ne peut expliquée comment elle le fut).

-l'étude des polens, la première démarche scientifique en date et déjà la plus probante, a été critiquée dès ses débuts, mais voilà que les techniques les plus récentes la revigorent : on a trouvé sur les endroits où se sont imprimés les pieds (ces pieds qui ont foulé le chemin vers la croix) des polens d'arbustes restreints à Jérusalem ou environnement proche. Vraiment ce linceul continuera à donner des informations toujours plus fortes.

Un long développement est consacré à la manière dont cette image a pu être crée par radiation.

L'auteur enfin étend le champ de son étude à deux autres reliques : le suaire d'Oviedo et la "Sainte tunique d'Argenteuil" (que j'ai aussi contemplée lors de sa dernière ostension). Étude tout aussi passionante.

Quelques critiques mineures  : si l'auteur est historien, il n'est pas de formation scientifique, et il aurait dû faire effectuer des lectures et relectures sur sa seconde partie Il ya quelques erreurs mineures, que le lecteur rectifie de lui-même mais qui prêtent à sourire.

Par ailleurs, l'auteur a choisi d'affirmer sa foi catholique, à plusieurs reprises. c'est son droit, c'est honnête, c'est son choix, mais cela va lui attirer inexorablement des critiques acerbes et dénégations des incroyants de principe. Mais de toute façon, on ne peut convertir un obtus haineux en "honnête homme" ouvert à toute découverte.

Et pour ma part ? Appartenant au courant du protestantisme libéral, et écrivant en philosophe des sciences,  je tente en permanence de ne jamais me laisser entraîner à des pétitions de principe. Néammoins, en rationaliste, je trancherais pour l'autenticité de cet artéfact comme réalisé, par un phénomène encore inexpliqué, au premier siècle de notre ère, à 99 %, et comme ayant bien enveloppé le rabi Ieshoua bar Yosef à 99 %. (on me ferra un calcul de probabilité sur le fait qu'un autre supplicié ait subit exactement les mêmes tortures que ce dernier pour me persuader du contraire !).

Conseils de lecture : 

À lire, absolument, par tout "honnête homme" de culture, par tout amateur éclairé et curieux de ce linceul de Turin, par tout professionnel concerné par une des disciplines impliquée,  par tout croyant de toute confession, par tout incroyant éclairé (les autres, peut-être pourraient-ils y trouver une illumination ?), comme la dernière analyse objective -nonobstant la foi affirmée de l'auteur- et  encyclopédique sur ce sujet.

 

on peut lire aussi ci-dessous :

http://www.rene-mettey.fr/
http://www.rene-mettey.fr/
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P
Je suis allé très ému à Turin prier devant le Saint Suaire dans son coffre. Foi en la résurrection mais doutes quant à l'authenticité de ce "linceul".Car j'ai souvent vu les juifs procéder à la toilette des cadavres, les laver et les placer dans un drap sans couture refermé des deux côtés par des bandelettes, procédé vieux de plusieurs siècles, imaginez un drap de lit sur lequel le corps est posé, voilà comment ça se passe et non pas une très longue étoffe repliée sur le visage puis également nouée par des bandes du même tissu ce qui rend tout aussi impossible l'empreinte dos et face du sujet.En ceci le Saint Suaire est plutôt une adroite représentation du Moyen Age des plaies et attitudes de Notre Seigneur, si on ne sait pas tout de sa fabrication c'est ainsi qu'il faut le voir et non comme le vrai linceul dont la Bible ne parle pas pour indiquer qu'il aurait été conservé et garderait la "photographie" du Ressuscité.<br /> PS : regardez aussi les documentaires sur la guerre en Palestine (Gaza), les victimes de la barbarie Israélienne sont "emballées" dans de tels linceuls refermés à la tête et aux pieds.Il-ya une différence de nos jours dans la façon de faire des Musulmans, Contrairement aux Juifs, ils laissent le visage apparent.
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R
Merci de votre commentaire et de votre suivi.<br /> Pour ma part, je suis un "protestant libéral", c'est à dire non enchaîné par des considérations théologiques ou dogmes pour me sentir chrétien. C'est pourquoi mon étude du linceul ("Saint Suaire") est une étude "laïque" et rationaliste,et que cet artefact soit ou pas le linge qui a contenu un crucifié qui soit ou pas Yeshoua bar Yosef, , ne me touche pas émotionnellement (en fait j'ai été ému en le contemplant, ainsi que mon épouse, calviite bon teint, mais nous ne sommes pas prosternés...) Cette approche est très mal, voire pas du tout, comprise par la plupart des partisans et opposants).<br /> Donc en fait j'ai abordé le sujet par une approche originale (je crois bien être le seul) : j'affirme que ce linge est "un faux", c à d une confection artisanale du Moyen-Âge commandée par des moines qui voullaient attirer des pélerins.<br /> Donc c'est un "faux" du Moyen-Âge et donc l'artisan connaissait à cette époque le principe de la photographie (XIXème siècle), de l'empreinte tridimensionnelle (XXè), de la chimie de l'hémoglobine (XXè) et des groupes sanguins -si on suppose que les traces de fer relevées soient de la peinture...-. ET même les moines ont fait venir des polens de plantes de Palestine, y compris de plantes disparues au Moyen-Âge, car ils connaissaient le microscope et les polens. Ils connaissaient les techniques de flagellation et crucifixion au pont de faire figurer de manière microscopique ces techniques pour un linge devant être exposé de loin à la vue simple des braves paysans... (un "torchon sale" dit le Canard Enchainé"...).<br /> Devant tant d'impossibilités, on ne peut que conclure : ce linceul est authentique !<br /> Contint-il Jésus (Yeshoua bar Yosef) ? Très probablement car relevant tout ce qui est décrit dans les évangiles. (un autre crucifié n'aurait pas reçu une couronne d'épine ET un coup de lance par exemple).<br /> Quant à la toilette du mort, rappellez-vous que la descente de croix ainsi que la mise au tombeau a été faite à la hate : le soleil allait se coucher, c'était le sabat qui approchait, il fallait éviter quie les Romains jettent le cadavre dans une fausse commune, comme c'était la coutume. Vite fait il a été descendu, le visage rapidement essuyé (le sindon), Yeshua a été enveloppé à la va-vite et mis dans un tombeau.<br /> Quant à la suite (résurection, empreinte telle qu'elle est et comment s'est-elle produite), on a le droit de dire "pouce" attendons de plus amples études.<br />